Articles de chercheursdeverites
Stefan Zweig
Et je sais à nouveau que dans ce vaste monde le jour et la nuit ne résultent pas du seul flux des heures, mais qu'il y a des hommes qui sont tels le soleil, et devant qui les autres ne sont rien que des ombres.
E di nuovo io so che in questo vasto mondo il giorno e la notte non risultano solo dal flusso delle ore, ma che ci sono degli uomini che sono come il sole e davanti ai quali gli altri non sono niente altro che ombre.
Couchers de soleil Russie musique Musique moderne Allemagne - Autriche citations L'Être et l'Avoir
Blaise Pascal
Les hommes ont mépris pour la religion. Ils en ont haine et peur qu'elle soit vraie.
Gli uomini hanno disprezzo della religione. La odiano e temono che sia vera.
France paysages et villes France citations (L-Z) L'Estime et le Mépris La Foi et la Religion Le Courage et la Peur
Bill Laurence
En général, une femme préfère être belle plutôt qu'intelligente parce qu'en général l'homme de la moyenne a la vue plus développée que le cerveau.
Una donna in genere preferisce essere bella anziche' intelligente perche' in generale l'uomo medio ha la vista piu' sviluppata del cervello.
États-Unis peinture Impressionnisme (1860-1865) Allemagne musique Romantisme et post-romantisme en musique (début du XIXe s.au début du XXe s.) L'Intelligence et la Sottise
Confucius
Souviens-toi qu'il y a quatre choses dans la vie qui ne reviennent pas : la pierre après l'avoir jetée, la parole après l'avoir prononcée, l'occasion après l'avoir perdue et le temps après qu'il ait passé.
Ricorda che ci sono quattro cose che nella vita non tornano : la pietra dopo averla lanciata. la parola dopo averla detta, l'occasione dopo avela persa e il tempo dopo che sia trascorso.
France musique Orient-Extrême-Orient Le Regret et le Remords Le Passé et l'Avenir
Aménémopé
Sois habile dans ta façon de parler, puisque la force d'un homme est sa langue et que le discours est plus puissant que n'importe quel combat.
Sii abile nel parlare, poichè la forza di un uomo è la lingua, e il parlare è più potente di qualsiasi lotta.
Afrique du Nord musique Afrique du Nord La Parole et le Silence La Force et la Faiblesse
Proverbe d'Israël
Cinq propriétés caractérisent le sage :
Ne pas interrompre celui qui parle,
Écouter et réfléchir,
Ne faire des questions que celles qui mènent à un but,
Répondre à propos et par ordre,
Dire je ne sais pas quand on ignore.
Le sot fait tout le contraire.
Cinque qualità caratterizzano il saggio :
Non interrompere colui che parla,
Ascoltare e riflettere,
Fare solo le domande che portano ad uno scopo,
Rispondere a proposito e in ordine,
Dire io non lo so se non sappiamo.
Lo scemo fa tutto il contrario.
Proche et Moyen-Orient musique Proche et Moyen-Orient Proverbes La Sagesse et la Folie
Jules Renard
Pourquoi serait-il plus difficile de mourir, c'est-à-dire de passer de la vie à la mort, que de naître, c'est-à-dire de passer de la mort à la vie ?
Perchè dovrebbe essere più difficile morire, cioè passare dalla vita alla morte, che nascere cioè passare dalla morte alla vita ?
Jean-Paul Sartre
Toute destruction brouillonne affaiblit les faibles, enrichit les riches, accroît la puissance des puissants.
Ogni distruzione confusionaria indebolisce i deboli, arrichisce i ricchi, aumenta la potenza dei potenti.
Paysages France (L-Z) Canada musique La Force et la Faiblesse
Jules Jouy
L'heure, c'est l'heure ; avant l'heure, c'est pas l'heure ; après l'heure, c'est plus l'heure.
L'ora è l'ora ; prima dell'ora non è ora ; passata l'ora, non è più ora.
Santiago Ramon y Cajal
Il y a trois sortes d'ingrats : ceux qui oublient le bienfait, ceux qui le font payer, et ceux qui s'en vengent.
Ci sono tre sorte di ingrati : quelli che si dimenticano il beneficio, quelli che lo fanno pagare e quelli che se ne vendicano.
Madeleine Ferron
Il est rare quand on ment que tout s'accorde : le regard, la voix et l'attitude.
È raro quando si raccontano menzogne che tutto sia intonato : lo sguardo, la voce e l'atteggiamento.
États-Unis musique Canada-Québec citations La Vérité et le Mensonge
Albert Camus
Etre différent n'est ni une bonne chose ni une mauvaise chose. Cela signifie simplement que vous êtes suffisamment courageux pour être vous-même.
Essere diverso non è una cosa ne buona ne cattiva. Significa semplicemente che devi essere abbastanza coraggioso per essere te stesso.
France musique France paysages et villes La Solitude et la Société Le Courage et la Peur Le Bien et le Mal
Octave Feuillet
L'espoir est comme le ciel des nuits : il n'est pas coin si sombre où l'oeil qui s'obstine ne finisse par découvrir une étoile.
La speranza è come il cielo delle notti : non c'è angolo cosi buio dove l'occhio ostinato non finisca per scoprire una stella.
Denis Diderot
On avale à pleine gorgée le mensonge qui nous flatte, et l'on boit goutte à goutte une vérité qui nous est amère.
Mandiamo giù a gran sorsi la menzogna che ci lusinga. Ma beviamo a goccia a goccia la verità che ci riesce amara.
Jean de La Fontaine
Il est facile de mépriser ce que l'on ne peut obtenir.
È facile disprezzare quello che non si può ottenere.
Blaise Pascal
Si tu veux que les gens pensent du bien de toi, ne parle pas en bien de toi-même.
Se vuoi che la gente pensi bene di te, non parlare bene di te stesso.
France paysages et villes France (L-Z) La Parole et le Silence Le Bien et le Mal L'Orgueil et l'Humilité
Proverbe italien (Naples)
Trois hommes sont puissants : le Pape, le Roi et celui qui n'a rien.
Tre sono i potenti : il Papa, il Re e chi non ha niente.
Italie vidéos Proverbes La Force et la Faiblesse L'Être et l'Avoir
Proverbe chinois
Le sot ne pardonne ni n'oublie. L'ingénu pardonne et oublie. Le sage pardonne, mais n'oublie pas.
Lo sciocco non perdona e non dimentica. L'ingenuo perdona e dimentica. Il saggio perdona ma non dimentica.
Belgique Proverbes L'Intelligence et la Sottise La Colère et la Patience Le Passé et l'Avenir
Bettina Brentano
Savoir c'est le fait de l'artisan, mais posséder la connaissance, c'est le grandissement de l'âme, c'est la vie de l'esprit uni avec elle dans la nature. Mais la vie, c'est l'amour.
Sapere è il fatto dell'artigiano ma possedere la conoscenza è l'ingrandimento dell'anima, la vita dello spirito unito ad essa nella natura.
Mers et océans Allemagne - Autriche citations Le Savoir et l'Ignorance Le Désir et l'Esprit La Vie et la Mort
Victor Hugo
Dieu, c'est un lieu fermé dont l'aurore a la clé.
Dio è un luogo chiuso di cui l'aurora ha la chiave.Ciels et Nuages La Foi et la Religion
Boris Vian
Absurdes batailles que celles qui sont des batailles de mots, mais qui tuent des hommes de chair.
Assurde battaglie quelle che sono battaglie di parole ma che uccidono uomini di carne.
La querelle des deux lézards
Au temps où les créatures de la terre se comprenaient encore entre elles, un chef de famille aisé vivait dans un petit village, au sein d'une contrée fertile. Sa vieille mère était encore auprès de lui. Dans le vaste enclos familial qu'entouraient les cases des différents membres de la maisonnée, plusieurs animaux, parmi lesquels un chien, un coq, un bouc, un bœuf et un cheval, déambulaient en liberté.
Un jour, dans un village situé à environ deux jours de marche, un vieillard, réputé pour sa sagesse, vint à mourir. Le chef de famille fut obligé de s'absenter pour se rendre à ses funérailles, en compagnie de quelques autres habitants du village.
« Je me sens très fatiguée, lui dit sa vieille maman. Reviens le plus vite possible.
- Sois tranquille, mère, je ne m'attarderai pas. Dans cinq ou six jours au plus, je serai de retour. »
Sa mère lui donna sa bénédiction pour le voyage, puis alla s'allonger dans sa case. Au moment du départ, le chef de famille appela le chien :
« Chien ! dit-il. Pendant mon absence, tu seras le gardien de la maison. Tiens-toi ici, à l'entrée de l'enclos. Surveille tout ce qui se passe au-dedans comme au-dehors, et en aucun cas ne quitte ton poste ! Si un incident se produit à l'intérieur, que le coq, le bouc, le bœuf ou le cheval s'en occupent et remettent de l'ordre s'il le faut. Tu m'as bien compris ?
- Oui maître ! » dit le chien. Et, joignant le geste à la parole, il frétilla de la queue et présenta sa tête pour être caressé. Le maître lui tapota gentiment le crâne, puis, rassuré, partit rejoindre ses compagnons de route.
Deux jours après son départ, un matin de très bonne heure, alors que les premiers rayons du soleil commençaient à peine à dorer le toit des cases, le chien perçut un bruit étrange qui semblait venir de la case de la vieille maman. Celle-ci, à l'abri d'une moustiquaire, reposait encore. Une lampe à huile brûlait doucement à ses côtés.
Justement le coq de la maison était en train de picorer devant la case de la vieille femme, à la recherche de quelques grains de mil échappés des mortiers.
« Coq ! Coq ! appela le chien.
- Que me veux-tu, chien ?
- Quel est ce bruit qui semble venir de la case où repose la mère du maître ?
- Ce sont deux lézards qui se battent, accrochés au plafond de la case. Voilà déjà un bon moment qu'ils se disputent le cadavre d'une mouche morte.
- Je t'en prie, coq, va leur demander de cesser leur lutte. Et s'ils ne veulent rien savoir, oblige-les à se séparer.
- Comment, chien ! s'indigna le coq, la crête frémissante. Tu me demandes à moi, roi de la basse-¬cour, chargé d'annoncer chaque matin l'apparition du soleil, d'aller m'occuper d'une querelle de lézards ?
- La mère de notre maître est malade, insista le chien. Le bruit que font les lézards peut l'incommoder. Et puis, il n'y a pas de petite querelle, comme il n'y a pas de petit incendie. Nul ne sait ce qui peut en résulter...
- Va donc les séparer toi-même !
- Je ne peux pas. Le maître m'a ordonné de ne pas bouger de cet endroit...
- Alors débrouille-toi ! Ce n'est pas mon affaire. D'ailleurs, qui peut se soucier d'une querelle de lézards!... » Et, soulevant les longues plumes de sa queue, le coq recommença à picorer par-ci par-là.
Le bouc, barbu comme un patriarche, vint à passer.
« Bouc ! Bouc ! appela le chien.
- Que me veux-tu? dit le bouc.
- Voudrais-tu aller séparer les deux lézards qui se battent dans la case de notre maîtresse? Il n'y a pas de petite querelle...
- Pour qui me prends-tu ? chevrota le bouc. C'est bien à moi que tu t'adresses, moi, le maître incontesté de toute une maisonnée de chèvres, alors que le coq lui-même n'a pas voulu s'occuper de cette affaire ? Si cette bagarre te gêne, pourquoi ne pas t'en occuper toi-même ?
- J'ai reçu l'ordre du maître de ne pas quitter la porte durant toute son absence.
- Eh bien, reste à la porte, laisse-nous en paix, et laisse les lézards à leur querelle ! Tout ce qui peut leur arriver, c'est de tomber et de se fracasser la tête sur le sol, et ce sera bien fait pour eux ! Jamais guerre de lézards n'a nui à personne... Une querelle de lézards, vraiment !» Et, relevant dédaigneusement sa barbiche, le bouc s'éloigna...
Pendant ce temps, les deux lézards continuaient de s'entremêler, de se mordiller, de se donner des coups de patte et de pousser des crachotements furieux. Inquiet, le chien appela le bœuf, qui ruminait tranquillement dans un coin de la cour :
« Bœuf ! Bœuf !
- Que me veux-tu ? mugit le bœuf, sans doute dérangé dans quelque rêve agréable.
- Deux lézards se battent dans la case de notre maîtresse. Voudrais-tu aller les séparer ? Aucune querelle n'est petite. Nul ne sait ce qui peut en résulter...
- Une querelle de lézards ! s'esclaffa le bœuf. Tu veux que moi, bœuf, le plus fort et le plus ancien des animaux de cette maison, je m'occupe d'une querelle de lézards ? Pas un mot de plus, chien ! Ou d'un coup de mes cornes effilées je te transperce le ventre !»
Le chien rabattit ses oreilles et se tut. Les lézards, crachotant de plus belle, continuaient de se battre furieusement.
Voyant passer le cheval, le chien fit une dernière tentative :
« Cheval ! Cheval !
- Qu'y a-t-il, chien ?
- Voudrais-tu aller séparer les deux lézards qui se battent pour une mouche morte dans la case de la vieille maman ? Comme tu le sais, il n'y a pas de petite querelle...
- Vraiment, chien, hennit le cheval, tu as une bien mauvaise opinion de moi ! Quand le coq, le bouc et le bœuf ont refusé de s'occuper de cette affaire ridicule, tu veux que ce soit moi, le plus noble des animaux, un pur-sang consacré uniquement à la course, qui aille m'en occuper ? Que veux-tu que cela me fasse, à moi, une querelle de lézards pour une mouche morte ! Va donc t'en occuper toi-même !
- Je ne peux pas, dit le chien. l'ai reçu l'ordre de ne pas quitter mon poste.
- Eh bien, restes-y et laisse-nous en paix ! Jamais guerre de lézards n'a gêné personne.» Et, secouant sa crinière, le cheval s'éloigna à son tour.
Désemparé, ne sachant plus que faire, le chien se tut. Les oreilles basses, le museau posé sur ses pattes antérieures, il regardait tristement la cour où chacun vaquait, se promenait ou se reposait sans se soucier de rien.
Mais voilà que nos deux lézards, à force de se tortiller, se détachent du plafond et viennent tomber sur la lampe à huile. La mèche enflammée sort de la lampe, elle effleure la moustiquaire, la moustiquaire prend feu, et bientôt le lit est en flammes. La vieille maman appelle au secours... Des cris s'élèvent de partout dans l'enclos... On accourt, on dégage la pauvre femme, et à force de jeter des calebasses pleines d'eau sur le lit on réussit à éteindre le feu. Hélas, la pauvre vieille est gravement brûlée. Elle respire encore, mais sa vie ne tient qu'à un fil.
Le guérisseur du village est appelé en hâte. Il examine la malade, hoche la tête...
«Il faut badigeonner les brûlures avec du sang de poulet, dit-il. Trouvez-m'en un, je vais le sacrifier et prononcer sur lui les paroles rituelles. Ensuite, faites un bouillon avec ses restes et essayez d'en faire boire à la malade.
- Justement, il y a un coq dans la cour ! » s'écrie quelqu'un. On se précipite, on donne la chasse au coq qui court en tous sens, battant des ailes et poussant des glapissements de protestation. Peine perdue ! Bientôt un homme l'attrape, le saisit par les pattes et l'emporte au-dehors pour être sacrifié.
Comme il passe devant le chien, pendu par les pattes et la tête ballotante, la voix tout enrouée à force d'avoir crié, le coq gémit :
« Ah ! chien ! Si seulement je m'étais occupé de cette querelle de lézards ! Voilà qu'aujourd'hui je vais y laisser ma vie !
- Eh oui ! fait le chien. Je te l'avais bien dit, qu'il n'y a pas de petite querelle. Si tu m'avais écouté, tu n'en serais pas là maintenant.»
Après le sacrifice du coq, on badigeonne les brûlures de la malade avec le sang recueilli, puis on prépare un bon bouillon de poulet. Quelqu'un va jeter les os au chien. « Pauvre coq ! dit celui-ci. Si tu avais accepté d'user de ton autorité pour arrêter cette bagarre, on ne me donnerait pas aujourd'hui tes os en guise de repas... »
Hélas! Avant même d'avoir pu avaler une gorgée de bouillon, la vieille maman, trop gravement atteinte, rend son dernier soupir. Alors que tous se lamentent dans la maison, un homme va chercher le cheval pur-sang, le selle et le fait monter par un jeune garçon habitué des courses de chevaux. Il lui tend une cravache. « Fais vite ! lui dit-il. Fonce jusqu'au village où se trouve le chef de famille, annonce-lui le décès de sa mère et ramène-le immédiatement. Lui seul peut s'occuper des funérailles.»
Le jeune garçon, ravi de monter le pur-sang, s'élance d'un bond sur son dos, le cingle d'un coup de cravache et, poussant un grand cri, le fait démarrer comme une flèche. Durant des heures il le fait galoper, galoper, galoper... À force de cris, de coups de cravache et de coups de talon, il le pousse tellement que le pauvre cheval, haletant, l'écume ruisselant des mâchoires, arrive au village voisin en fin de matinée, juste comme le soleil se trouve droit au-dessus des crânes.
Le garçon aperçoit le chef de famille parmi les hommes assemblés, et va lui annoncer le drame. Bouleversé, ce dernier n'a qu'une idée en tête : rentrer chez lui sans perdre un instant afin de rendre à sa mère les derniers devoirs qu'il lui doit. Sans se soucier de chercher une monture plus fraîche, il bondit sur le dos du pur-sang encore couvert de sueur, prend le gamin en croupe et, à ,grands coups de cravache, lance à son tour le cheval sur le chemin du village.
Pauvre pur-sang, qui se considérait comme trop noble pour s'occuper d'une vulgaire histoire de lézards !... Jamais encore il n'a été soumis à pareille épreuve ! Fouetté, éperonné, une double charge sur le dos, le voilà forcé de refaire au grand galop la longue route qu'il a déjà parcourue le matin avec tant de mal. Couvert d'écume, les flancs ensanglantés, les yeux hors des orbites, vers la fin de l'après-midi il arrive enfin devant l'enclos familial. Le maître et le gamin sautent à terre et rejoignent les membres de la mai¬sonnée. Quant au pauvre cheval, les poumons en feu, crachant une écume rougeâtre, il fait encore quelques pas... Puis, le cœur à bout, il s'écroule à côté du chien. Comme on dit en Afrique, « son cœur a éclaté ».
Avant d'expirer, il trouve encore la force de dire dans un dernier souffle :
« Ah ! chien ! Si seulement j'avais écouté ton conseil, je ne laisserais pas ma vie aujourd'hui dans cette querelle de lézards !
- Hélas, mon ami! soupire le chien. Voilà les tristes conséquences d'une "petite querelle" ! »
Pendant ce temps, le chef de famille, après s'être recueilli auprès du corps de sa mère, ordonne le creusement de la tombe. Or, selon la coutume du village, avant d'enterrer un défunt il faut d'abord « ouvrir» rituellement sa tombe en y versant du sang de bouc. La chair de l'animal sert ensuite à nourrir les visiteurs venus présenter leurs condoléances.
Aussitôt, deux hommes se saisissent du bouc qui, sans méfiance, se prélassait dans la cour. Ils le tirent par les cornes vers l'emplacement des sacrifices. En passant devant le chien, le bouc chevrote tristement:
« Oh, chien ! Combien tu avais raison ! Si seulement je m'étais occupé de cette querelle de lézards, aujourd'hui on ne me sacrifierait pas !
- Hélas oui, mon ami ! répond le chien. Si tu avais pris la peine d'arrêter cette petite bagarre, aujourd'hui tu aurais la vie sauve !»
Une fois le bouc égorgé, un ancien recueille son sang et va « ouvrir» rituellement la tombe de la vieille maman. Celle-ci est enfin inhumée selon les règles, avec tous les honneurs dus à son rang et à son âge. On fait rôtir le reste de la viande pour nourrir les visiteurs, et on porte au chien une bonne part de chair et d'os...
Quarante jours après le décès, moment où l'âme des défunts est censée se libérer des derniers liens qui la retiennent encore dans le monde terrestre, des gens arrivent de tous les villages avoisinants pour participer à la grande cérémonie du « quarantième jour ». Pour nourrir tout ce monde, le chef de famille est obligé de sacrifier le bœuf. Avant de mourir, celui-ci lance au chien :
« Ah ! chien ! Si seulement j'avais accepté de m'occuper de cette querelle de lézards !... » Plein de pitié, le chien pousse un grand soupir. Mais lorsqu'un peu plus tard on lui apporte une énorme part d'os et de morceaux de viande, il les dévore sans façon...
Ainsi, à cause de la bataille de deux petits lézards pour une mouche morte, modeste querelle dont personne ne voulut s'occuper, non seulement nos fiers amis le coq, le bouc, le bœuf et le cheval y laissèrent la vie, mais il en résulta un incendie, et une mort qui endeuilla toute la maisonnée... Seul le chien, fidèle à son devoir, sortit indemne de cette tourmente, et y trouva même une récompense inattendue...
En Afrique, les vieux enseignent aux jeunes : « Dès que vous assistez à une querelle, si minime soit-elle, intervenez, séparez les combattants et faites tout pour les réconcilier ! Car le feu et la querelle sont les deux seules choses qui, sur cette terre, peuvent mettre au monde des enfants plus colossaux qu'eux-mêmes : un incendie ou une guerre. »
Récit de Amadou Hampâté Bâ, d'après un conte traditionnel du Mali. Extrait du recueil "Il n'y a pas de petite querelle".
Un sourire
Un sourire ne coûte rien et produit beaucoup,
Il enrichit ceux qui le reçoivent
Sans appauvrir ceux qui le donnent.
Il ne dure qu'un instant
Mais son souvenir est parfois éternel.
Personne n'est assez riche pour s'en passer,
Personne n'est assez pauvre pour ne pas le mériter
Il crée le bonheur au foyer, soutient les affaires.
Il est le signe sensible de l'amitié.
Un sourire donne du repos à l'être fatigué,
Rend du courage aux plus découragés.
Il ne peut ni s'acheter, ni se prêter, ni se voler,
Car c'est une chose qui n'a de valeur
Qu'à partir du moment où il se donne.
Et si parfois vous rencontrez une personne
Qui ne sait plus avoir le sourire,
Soyez généreux, donnez-lui le votre
Car nul n'a autant besoin d'un sourire
Que celui qui ne peut en donner aux autres.
Anonyme