Connaissiez-vous le point commun entre ces villes : Aurillac, Vitré, Aulnay, Orly ?
"-ac", "-é", "-ay", "-y".
A l’époque gallo-romaine, la plupart des noms de régions et de villes ont pour origine le nom du peuple (gallo-romain) qui les occupait.
Le suffixe"-ac" vient du latin "-acum", lui-même dérivé du gaulois "-acos" ; il est typique des zones géographiques ayant connu un ancien peuplement de langue celtique - rappelons que le gaulois est une langue celtique et que les Celtes n'étaient pas cantonnés à la Bretagne -. "-ac" désigne le territoire d’un peuple ou d'un propriétaire.
Ainsi, le territoire de Victorius a donné Vitrac, Vitré, ou encore Vitry, dans le Nord. Mais il a subi de nombreuses évolutions, prenant des formes très diverses dues au passage de la langue d'oc à la langue d'oil : l’on trouve surtout des "-ac" ou "-acq" dans les régions occitanes (Sud-Ouest, Massif central, mais aussi en Charentes, Vendée et en Haute-Bretagne de langue gallo) - comme les noms de famille Chirac ou Mauriac, bien connus -, mais plus on remonte vers le Nord (au-delà de la ville de Cognac), plus on rencontre ses formes dérivées : "é", "ay", "ey" ou "y" dans les régions d’oïl (Ouest, l’Île-de-France, le Nord et le Nord-Est).
La ville d’Aulnay (-de-Saintonge) provient du nom du domaine d’Alnedonnacum dont le nom gallo-romain de son propriétaire était Alnedonius.
Orly aussi, ville de Aurelius, dérivé de "aureliacum", que l’on retrouve également dans le Sud, avec la ville d’Aurillac. Un suffixe qui fait donc le tour de la France tout en gardant son sens originel : la "propriété" d’un tel.
Le cas de la Bretagne est un peu particulier puisque, à part les territoires qui se sont francisés par la suite l'on y parlait une langue celtique brittonique conjointement au gallo-roman. Par exemple :
Carnac, "karn" en breton ou "carn" en vieil irlandais et en gallois signifiant "tas de pierres, tumulus de pierre" ; ou encore, le verbe gaulois "carnitu(s)" traduit par : "ont érigé une tombe ".
Quelques autres variantes :
- En Limousin et en Auvergne, du fait que le "c" final ne se prononce pas, ce suffixe a parfois été francisé en "-at" : Cunlhat, Royat
- Dans les régions du Centre-Est : "-as" (Julienas), "-at" (Viriat), "-eu(x)" (Virieu, Savigneux), "-ex" (Morgex), "-ey" (Sarcey)
- Dans les régions germanisées (Nord, Nord-Est Alsace et Moselle francique)
-ach" (Brisach), "-ig" (Epfig), "-ecque" ou "-ecques" (Éperlecques)
- Dans le Nord, la Picardie, la Normandie : "-ies" (Landrecies), "-iers" (Guiseniers), "-ez" : Dardez.
N.B. La "toponymie" (du grec tópos, lieu et ónoma, nom) est la science qui étudie les noms de lieux ou "toponymes".