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Des Racines et des Lettres
Expressions, blasons, devises, étymologie et toponymie.
"Être au bout du rouleau", "À tour de rôle"
Par chercheursdeverites Le 14/04/2019
Connaissiez-vous l'origine des expressions "Être au bout du rouleau" et "À tour de rôle" ?
Nous utilisons généralement cette expression pour signifier que nous sommes à bout de forces physiques ou mentales.
Les mots "rouleau" et "rôle" sont issus du latin "rotulus" (venant lui-même de "rota", "roue") lequel désignait un objet cylindrique autour duquel on enroulait un papyrus ou un parchemin. Le parchemin fut l'unique support pour l'écriture utilisé durant le Moyen Âge, jusqu'à ce que le papier fasse son apparition.
Le coût de fabrication du parchemin étant relativement onéreux, dès l'arrivée du papier, on finit par ne l'utiliser que très rarement.
Documents, manuscrits et chartes étaient constitués de feuilles collées les unes au bout des autres et rédigées uniquement sur le recto ; elles étaient ensuite roulées autour d'un cylindre puis enveloppées d'un parchemin afin de les protéger et de les conserver.
Ainsi, vers la fin du XIIe siècle le "rouleau" ou "rôle" désignait tout document enroulé sur ce type de support. Ainsi, lorsque l'on avait terminé la lecture d'un document, on était "Au bout du rouleau".
Aux XIVe et XVe siècles, on disait "Être au bout de son rollet". À cette époque, le texte des acteurs de théatre était écrit sur un rôle. Lorsque celui-ci était de petite taille ou que le rôle de théâtre était peu important, on utilisait le nom de rollet. Ainsi, celui qui arrivait au bout du rollet n'avait plus rien réciter.
Le mot "rôle" demeura dans le langage courant jusqu'à la fin du XVIIe siècle, ce qui nous renvoie à l'expression "À tour de rôle".
Les rôles (ou rouleaux) de parchemin conservaient des écrits de toutes sortes : registres administratifs mais également registres maritimes ou militaires. Le militaire "s'enrôlait" dans l'Armée, le marin "s'enrôlait" dans la Marine : il s'y faisaient inscrire.
Ainsi, sur les navires, le "rôle" était ce registre d'appel contenant le nom de tous les marins marins embarqués. On appelait chacun l'un après l'autre donc "À tour de rôle" !que l'on écrivait au XVe siècle "À tour de rolle").
Mais s'il y avait des rôles, il y avait aussi des "contre-rôles" c'est-à-dire des listes falsifiées comportant des "présents" qui étaient en fait des absents (morts ou n'ayant jamais existé). Elle étaient crées par des officiers malhonnêtes dans le but de toucher la solde de ces fantômes. C'est ainsi qu'en 1292 on créa la fonction de "contreroullour" qui devint par la suite "controlleur" en 1320 et signifiant textuellement "celui qui vérifie, qui tient un registre". La fonction a perduré jusqu'à nos jours puisqu'elle porte le nom de "contrôleur".
Puis au XIXe siècle le "rouleau" a repris ses droits, matérialisé dans les banques par les rouleaux de pièces. "Être au bout de son rouleau" c'était ne plus avoir un sou.
L'apparition du phonographe pérennisa l'expression : ce dernier fonctionnant par l'intermédiaire d'un rouleau ou cylindre qui, après un ralentissement progressif arrivait en fin de course.
Du papyrus au papier
En grec ancien "papyros", puis en latin "papyrum" ou "papyrus" signifie "papier". Le papyrus est un papier obtenu par superposition de fines tranches tirées des tiges de la plante "Cyperus papyrus". Il fut probablement inventé il y a 5 000 ans.
Il était abondamment utilisé en Égypte et autour de la Méditerranée dans l'Antiquité pour la réalisation de manuscrits.
Succédant au papyrus qui fut utilisé jusqu'au VIIe siècle, le parchemin était une peau de mouton ou de chèvre apprêtée spécialement pour servir de support à l'écriture. C'était un matériau extrêmement durable. Si les papiers habituels jaunissent en quelques années, on trouve aux Archives Nationales quantité de parchemins encore parfaitement blancs, et dont l'encre est restée parfaitement noire. Aussi, il offre l'avantage d'être plus résistant et permet le pliage. Jadis, le terme parchemin s'employait également comme synonyme de diplôme.
Il fut le seul support des copistes européens au Moyen Âge jusqu'à ce que le papier apparaisse et le supplante.
D'invention chinoise, créé pendant la dynastie Han, en 105 av. J.C., le papier devint le support ordinaire de l'écriture.
La composition du papier en Chine ne comporte pas de riz mais consiste pour l'essentiel de fibres de lin, d'une certaine proportion de fibres de lin, de bambous et d'écorces de muriers qui permettent de varier les papiers à l'infini, en couleur éventuellement.
Le secret de la fabrication du papier de qualité demeurera chinois et japonais jusqu’au VIIIe siècle. Lors de la bataille de Talas (Samarkand) en 751, les Arabes, victorieux, firent prisonniers de nombreux Chinois et récupérèrent ainsi le secret du papier et de la soie. Le papier arrivera en Andalousie en 1056, puis se propagera en Occident.
Reporter aux calendes grecques
Par chercheursdeverites Le 26/05/2017
Connaissiez-vous l'origine de l'expression "Reporter aux calendes grecques" ?
Cette expression encore très usitée de nos jours signifie "reporter à une date qui n'existe pas".
Sa signification en est simple : les "calendes", qui désignent l'une des sections du calendrier en usage durant une période de l'Antiquité Romaine, n'existaient pas dans la Grèce Antique.
Cette expression utilisée par l'empereur Auguste (63 av. J.C. - 14 ap. J.C.) signifiait "jamais".
Mais que sont les calendes ?
Le mot latin "calendae", signifiait "qui sont appelées" ; issu du verbe "calare" (appeler, poser), les calendes désignaient les jours "posés" fixant le paiement des échéances et dont le montant était consigné dans desregistres de comptes nommés "calendaria" (calendriers). Les calendes débutaient au premier jour de la Nouvelle lune. C'est durant cette période du mois que les débiteurs étaient appelés à s'acquitter de leurs dettes.
Le mois romain était divisé en trois périodes :
- les calendes, qui correspondent au premier jour de la Nouvelle lune ;
- les nones, qui débutent le cinquième ou septième jour du mois, ainsi nommées parce qu’elles commençaient neuf jours avant les ides ;
- les ides, dont le premier jour était celui de la Pleine Lune soit le treizième ou le quinzième du mois lunaire. "Idus", issu du verbe étrusque "iduare", signifiait "diviser" ; les ides partageaient en effet le mois en deux parties plus ou moins égales.
Les ides les plus célèbres sont "les ides de Mars" correspondant à l'assassinat de Jules César le 15 mars 44 av. J.C.
Un peu d'histoire
Les mois
Le mot "mois" provient du latin "mensis", provenant lui-même de l'indo-européen "mḗh₁ns" ("lune" ou "mois").
Depuis la fondation de Rome, en 753 av. J.C., et à l'instar de beaucoup d'autres civilisations, l'année était basée sur un calendrier lunaire qui comptait dix mois. L'on n'attribuait aux mois qu'un nom de type numérique : premier, second, etc., puis on décida d'en dédier quelques-uns à des divinités. L'année débutait aux alentours de l'équinoxe de printemps et non au premier janvier.
C'est à Numa Pompilius (deuxième roi romain, 716 - 673 av. J.-C.) que l'on attribue la réforme du calendrier romain : il instaura le partage de l'année en douze mois lunaires en introduisant deux mois intercalaires, ce qui permit de mettre la subdivision de l'année en adéquation avec la durée de l'année solaire.
Jules César réforma ce calendrier en le basant sur le cycle solaire : une année de 365 jours (avec une année bissextile de 366 jours tous les quatre ans) ; le 1er janvier devint le premier jour de l'année, le mois de janvier devenant ainsi le premier mois de l'année en remplacement du mois de mars.
Le calendrier fut nommé "calendrier julien" en mémoire de son réformateur Jules César.
Ce calendrier a été employé en Europe jusqu'à son remplacement par le calendrier grégorien (dont la différence majeure réside dans le calcul de précision des années bissextiles) à la fin du XVIe siècle.
- Janvier (Januarius en latin), est issu de "januaris mensis" : le mois de Janus, dieu romain du commencement.
- Février (Februarius), de "februarus mensis" : mois des purifications,
- Mars (martius mensis) : le mois de Mars, dieu romain de la guerre.
- Avril (Aprilis), "aprilis mensis" : le mois d’Aphrodite, homologue grecque de Vénus déesse de l’Amour. "Aprilis" pourrait être dérivé de la forme étrusque "Apru" ou "Aphrô", qui serait une Aphrodite du panthéon étrusque.
- Mai (Maius), de "maius mensis" : le mois de Maia, déesse de la croissance.
- Juin (Junius), de "junius mensis" : le mois de Junon, épouse de Jupiter et déesse protectrice du mariage.
- Juillet (Julius), de "Julius mensis", mois de Jules, puisqu'il fut dédié à Jules César. Avant l'application du calendrier julien, ce mois était appelé "Quintilis" issu de "quintus", cinq, puisque c’était le 5e mois de l’ancien calendrier Romain.
- Août (Augustus), de "Augustus mensis", mois en l’honneur de l’empereur romain Auguste. Précédemment appelé (avant 8 av. J.-C) "Sextilis" issu de "sextus", six car sixième mois de l’ancien calendrier romain.
- Septembre (September) de "september mensis", septième mois de l’année du calendrier romain.
- Octobre (October), de "october mensis", huitième mois » de l’année du calendrier romain.
- Novembre (November), de "november mensis", neuvième mois.
- Décembre (December), de "december mensis", dixième mois.
La semaine
Étymologiquement, le mot semaine vient de septimana, groupe de sept jours ou, plus précisément de "septem" et "mane", signifiant littéralement "sept matins". La durée de sept jours correspond à la durée moyenne des phases lunaires.
Dans l'ancien calendrier romain - avant l'introduction du calendrier julien - le décompte des ides et des calendes comportait une "semaine commerçante" de huit jours ou nundines. Les Romains de cette époque ne nommaient pas leurs jours mais les marquaient par les lettres A, B, C, D, E, F, G, H. La semaine de sept jours apparaît sous Auguste (Ier siècle av. J.-C.). Chaque jour est placé sous la tutelle d'un astre. Le cycle hebdomadaire est un héritage oriental (Perse, Babylone, Chaldée, Syrie) transmis par la coutume juive. Il s'impose progressivement sous l'influence du christianisme et est adopté définitivement au IIIe siècle. Constantin introduit le dimanche comme jour férié en l'an 312.
La semaine de sept jours remplacera l'ancien décompte romain en calendes, nones et ides.
Le nom des jours
Lundi : "Lunae dies" signifiant "jour de la Lune"
Mardi : "Martis dies"," jour de Mars"
Mercredi : "Mercoris dies", "jour de Mercure"
Jeudi : "Jovis dies", " jour de Jupiter"
Vendredi : "Veneris dies", "jour de Vénus"
Samedi : "Sambati dies", "jour du sabbat" (qui a remplacé
"Saturni dies" signifiant "jour de Saturne" qui, lui, est conservé dans l’anglais "saturday")
Dimanche : "Dies dominicus", "jour du Seigneur" (qui a remplacé
"Solis dies" signifiant "jour du Soleil", conservé dans l’anglais "sunday" et l’allemand "Sontag")
Les Égyptiens, les Chinois et les Grecs groupaient les jours en décades ou décans (dix jours). Mais les égyptiens connaissaient également les quatre phases de la lune, correspondant aux semaines.
Les bases du calendrier furent posées par les Chaldéens et les Babyloniens (IIIème millénaire av, J.C). Ils furent les premiers à diviser la journée en douze heures, heures doubles ; l'heure était divisée en soixante minutes et la minute en soixante secondes.
En habiles astronomes qu'ils étaient, ils s'aperçurent de bonne heure que leur année de 360 jours ne correspondait pas à l'année solaire vraie, dont ils avaient découvert la durée, et ils ajoutaient, tous les six ans, un treizième mois intercalaire de 30 jours.
Comme cette intercalation ne suffisait pas,encore, ils annexaient, à des intervalles beaucoup plus éloignés, un second mois intercalaire.
Les Chaldéens eurent, dès une époque reculée, des périodes de sept jours, interrompues à la fin de chaque mois.
Ils divisaient les mois en quatre semaines de sept jours, du 1er au 7, du 8 au 14 du 15 au 21, enfin du 22 au 28 ; comme le mois avait régulièrement 30 jours, les deux derniers restaient en dehors de la série des quatre hebdomades, qui reprenaient le mois suivant, du 1er au 7, etc. Plus tard, la série des semaines devint ininterrompue. Chez les Chaldéo-Assyriens on trouve dès l'origine la semaine de sept jours, consacrés aux sept corps planétaires qu'ils adoraient comme des dieux.
Par chercheursdeverites Le 05/09/2016
Connaissiez-vous l'origine de l'expression "De fil en aiguille" ?
Nous utilisons cette expression pour décrire un enchaînement de propos ou d'idées se succédant les uns aux autres.
Figurant dès 1275 dans "Le Roman de la Rose" (écrit par Guillaume de Lorris et Jean de Meung), cette expression nous vient du Moyen-Âge, époque où les familles comptaient toutes au moins une couturière parmi leurs membres. Très souvent, les femmes aimaient à coudre ou broder en groupe, tout en discutant. À l'instar du fil qui passait dans le chas de l'aiguille, leur conversation passait d’un sujet à un autre selon une certaine logique et dans la continuité. Elles entretenaient ainsi des relations sociales.
Un peu d'histoire
La naissance de la couture remonte au Paléolithique Supérieur, grâce à l'invention de l’aiguille à chas permettant d’assembler les pièces de vêtement coupées. Les peaux et fourrures sont alors les seuls matériaux dont disposent les hommes pour se vêtir ou créer des abris.
La plus ancienne aiguille à chas au monde est datée de plus de 45 000 ans ; elle a été découverte dans la grotte de Denisova (Russie). Elle pourrait avoir été faite par des Denisoviens. Réalisée dans un os d'oiseau, elle mesure 7,6 cm.
Les aiguilles sont d’abord fabriquées en ivoire de mammouth, en os de renne ou en défense de morse. Certaines sont déjà très fines.
Les Inuits, par exemple, utilisaient le tendon du caribou en guise d'aiguille à tricoter ; les peuples indigènes des plaines américaines utilisaient des méthodes de coutures sophistiquées pour assembler les tipis.
En Afrique, la couture s'est associée au tissage des feuilles permettant de créer des paniers.
L'assemblage de vêtements à base de fibres naturelles provient du Moyen-Orient aux alentours de 4000 ans av. J-C., voire plus tôt durant l'Ère Néolithique.
Au Moyen-Âge, la plupart des femmes françaises apprennent à filer, tisser, coudre et broder. Ce sont souvent les mères qui enseignent la couture à leurs filles.
La société médiévale fait preuve d'une aversion pour les mélanges de couleurs, opérations jugées infernales car elles enfreignent l’ordre et la nature des choses. On ne mélange pas les couleurs, on juxtapose, on superpose. Le bariolage sur un tissu est la marque de la souillure, marque infâmante.
Certaines catégories sociales sont identifiables par les couleurs (seules ou en combinaison) de leurs vêtements, qui leurs sont imposées par des règlements et des statuts sous formes (croix, rouelle, bande, écharpe, ruban, bonnet, gants, chaperon). Ainsi, succinctement et à titre d'exemple, en France :
- blanc et noir : seuls ou en association désignent les misérables et les infirmes (lépreux)
- rouge :les bourreaux et les prostituées
- jaune : les faussaires, les hérétiques et les personnes de confession israélite.
- vert seul ou jaune et vert : musiciens, jongleurs, bouffons, fous.
Le Roman de la Rose
Il s'agit d'une œuvre résumant toute l'aventure de la courtoisie et réunissant sous un même titre deux fictions allégoriques, composées à intervalle de quarante ans par deux poètes de tempéraments opposés : Guillaume de Lorris et Jean de Meung.
Dans la première partie écrite vers 1230 par Guillaume de Lorris, le verger ou jardin paradisiaque est un lieu désarmé, où les chevaliers brillent par autre chose que leur force physique et leurs qualités guerrières ; la véritable distinction réside dans le raffinement des manières. L'allégorie de Guillaume de Lorris résume le postulat de base de la courtoisie : elle exalte la force du désir, mais elle refuse la jouissance ultime qui le comblerait et le détruirait en même temps.
La seconde partie, composée entre 1264 et 1269 par Jean de Meung, est avant tout une satire : l'auteur s'en prend aux ordres monastiques, prédicateurs et mendiants, et surtout aux religieux hypocrites qui n'ont de religieux que l'habit, au célibat des clercs ordonnés, à la noblesse, au Saint-Siège, aux prétentions excessives de la royauté, mais surtout aux femmes. La raison y prend le pas sur l'amour.
Au long du XIIIe siècle, la courtoisie a connu une évolution, tout en poursuivant un même but profond : domestiquer le mythe de la passion fatale de Tristan et Yseult.
Le mot "roman" est issu du latin populaire "romacium" formé à partir de l’adverbe "romanice" qui signifie "en langue romaine vulgaire" (comprenant les langues romanes dont l'ancien français, "oil", "oc" et "si") parlées par la population des pays conquis par Rome, par opposition au latin pratiqué par les lettrés.
Le roman désigne donc une œuvre en langage populaire.
C'est aux alentours de 1135 que les auteurs commencent à désigner leurs oeuvres narratives sous le nom de "roman". Bien que novateur et original, le roman puise de nombreux motifs dans les genres littéraires qui l'ont précédé. Il est novateur car il mêle les exploits guerriers de la chanson de geste, la vision amoureuse de la poésie lyrique et puise dans les légendes celtiques.
Dans la littérature française, l'inventeur du roman médiéval est Chrétien de Troyes (1130 - 1180 ou 90). Auteur de cinq romans traitant de la quête arthurienne et de la Table Ronde (il mourut avant de terminer le dernier intitulé le "Conte du Graal") rédigés en vers octosyllabiques et en langue d'oil, .
Le terme de langue "d'oil", langue "d'oc" et de langue de "si" fut créé par Dante dans son ouvrage "De vulgari eloquentia" en 1303-1304 : il distingue trois langues romanes selon leur manière de dire "oui" :
- la langue d’oc (lingua d’oco) parlée au sud de la Loire
- la langue d’oïl (qui donnera le français) parlée au nord de la Loire ; le "oui" du français moderne est issu de "oïl"
- la langue de si (qui donnera l’italien).
Jusqu'au XIIe siècle, exception faite des écrits religieux et juridiques, les textes étaient rédigés en vers octosyllabiques.
"La catastrophe terrifie, et la désolation succède à la panique"
Par chercheursdeverites Le 06/02/2016
"La catastrophe terrifie, et la désolation succède à la panique"
Nous pourrions tout aussi bien dire :
"Le bouleversement fait trembler, et le dépeuplement succède à la peur".
"Catastrophe"
Entré dans la langue française à partir du latin "catastropha" (évènement décisif) ce mot est issu du grec ancien "katastrophế", littéralement "katá" (vers le bas) et "strophê" (retournement, tournant). La "kastrophê" désignait en littérature la partie traitant le dénouement d'un poème dramatique ou d'une tragédie sous forme d'évènement décisif et destructeur qui bouleverse et qui ruine. En somme, un "coup de théâtre".
"Terrifier"
Du latin "terreo" (faire trembler, effrayer, épouvanter, faire peur), le verbe "terrifier" est issu du grec ancien "tréô" (trembler). On retrouve ce radical dans l'indo-européen commun *tres-" (trembler), en sanscrit "trásati" (trembler), "trasayati" (faire trembler).
"Panique"
Le mot panique est issu du grec "panikos", relatif à Pan. Mi-homme, mi-bouc, Pan était le dieu des bergers, des pâturages et des bois. À l'instar de tous les dieux sylvains il s'amusait à effrayer les voyageurs qui s'égaraient dans les bois en leur apparaissant soudainement. La "panique", était la manifestation humaine de la colère de Pan.
En effet, s'il était naturellement le protecteur des pâtres et de leurs troupeaux, Pan était également considéré comme le dieu de la foule hystérique ; il avait le pouvoir de faire perdre son humanité à l'individu terrifié qu'il démembrait et dont il éparpillait les morceaux..
"Désolation"
En latin "desolatio" (destruction), issu du verbe "desolare" dont la racine est "solus" ou "sollus" (seul, unique, isolé, délaissé, abandonné) ; ainsi, "de-solare" signifiait "laisser seul, dépeupler, déserter, ravager, abandonner, priver de) par opposition à "consolare" (consoler, restaurer, réconforter).
Jusqu'au XIVe siècle, le verbe "désoler" était employé au participe passé pour "déserté" et à l'actif pour "ravager, dépeupler". Par la suite il a pris le sens que nous lui connaissons : "plonger dans une affliction extrême". Depuis 1672, il est également intégré dans l'usage de politesse, prenant une forme allégée en "contrarier, ennuyer", par exemple : "Je suis vraiment désolé pour vous !"
Un peu de mythologie
Lors du combat des Titans contre les dieux de l'Olympe, Pan ramassa une conque qu'il avait trouvée sur le rivage et s'en fit un porte-voix. Le mugissement fut tel qu'il plongea les Titans dans l’effroi et que ces derniers prirent la fuite, croyant avoir affaire à une puissance très supérieure à la leur.
Amateur de musique, Pan avait inventé la syrinx (flûte à sept tuyaux appelée "flûte de Pan") qui devint la flûte des bergers ; la nymphe Syrinx, en essayant d’échapper à ses assiduités, fut transformée en roseaux, à partir desquels Pan fabriqua ses flûtes.
Un peu d'histoire
Nous sommes sous le règne de l'empereur Titus. Le 24 août* 79, entre dix heures et midi, le Vésuve entame la destruction de Pompéi. La ville est progressivement ensevelie sous une épaisse couche de cendres et de magma.
Au cours des sept premières heures de l'éruption, des pierres ponces blanches tombent sur Pompéi, au rythme de 15 cm par heure, s'accumulant à hauteur de 1,30 m - 1,40 m.
Vers 8 heures du soir, la composition du magma se modifie et une pluie de pierres ponces plus foncées, dites "grises", s'abat sur Pompéi. La couche totale des pierres ponces atteint quelques 2,80 m d'épaisseur. Elle est si lourde que les toits des maisons s'effondrent, tuant un certain nombre d'habitants et entravant progressivement le chemin de ceux qui tentent de s'enfuir.
Parmi eux, l'écrivain et naturaliste Pline l'Ancien et ses compagnons "mettent sur leur tête des coussins et les attachent avec des tissus". Il est d'autant plus difficile de se déplacer que le nuage volcanique voile le soleil et que l'éruption s'accompagne de secousses sismiques.
Dans ses "Lettres", Pline le Jeune (neveu du précédent) les décrit "...si fortes que tout semblait non plus bouger, mais se renverser... on voyait d'autre part la mer retirée et comme tenue à l'écart du rivage par les secousses de la terre".
La seconde phase - la plus destructrice - commence le matin du deuxième jour vers 1h.
Lorsqu'une colonne éruptive ne peut plus supporter la charge en fragments, elle s'effondre sur elle-même et donne naissance à des écoulements (déferlantes pyroclastiques) plus ou moins denses de matériaux incandescents et de gaz le long des flancs du volcan, appelés "nuées ardentes".
Herculanum, une petite ville côtière à l'ouest de Pompéi, est rayée de la carte.
À l'aube, plusieurs déferlantes pyroclastiques atteignent Pompéi. Elles ont un effet dévastateur. Une masse fluide se déverse sur la ville, entraînant l'anéantissement de tout ce qui vit encore, que ce soit dans les rues ou dans les maisons. Une cendre fine, mêlée de gaz, pénètre dans les poumons et provoque l'asphyxie. Lorsque la dernière déferlante, la plus dévastatrice, touche la ville vers 8 heures du matin, toute vie y a déjà cessé. Pompéi disparaît sous six mètres de lapilli (fines particules de roches volcaniques) et Herculanum sous seize mètres de boues.
Sur les 10.000 à 15.000 habitants que devait compter Pompéi, le nombre de victimes qui succombèrent par asphyxie sous les nuées ardentes et retrouvées à ce jour est d'environ 3000 .
Dans les campagnes environnantes, les victimes ont dû se chiffrer par dizaine de milliers. Toutes n'ont pas été asphyxiées mais tuées instantanément par une violente vague de chaleur et de poussière.
Pline l'Ancien, qui avait tenté de fuir par la mer, mourut asphyxié par les émanations de gaz sulfureux. Son corps sera découvert trois jours plus tard.
* La date du 24 août demeure incertaine et, du fait de plusieurs indices, pourrait être celle du 24 octobre de la même année :
Le seul témoin oculaire survivant fiable, Pline le Jeune, âgé de 17 ans à l'époque de l'éruption, relate l'événement dans deux lettres adressées en l'an 104 à l'historien Tacite.
La date exacte de l'éruption fut longtemps placée au 24 août 79 car la majorité des manuscrits de Pline portait la mention des calendes de septembre, quelques manuscrits cependant portaient des leçons indiquant des dates différentes et légèrement postérieures.
L'une indique en particulier les calendes de novembre (1er novembre), peut-être faut-il alors placer l'éruption le neuvième jour avant les calendes de novembre, soit le 24 octobre de notre calendrier. Longtemps délaissée cette datation a suscité à nouveau l'intérêt des historiens grâce à des indices de plus en plus nombreux qui semblaient placer l'éruption en automne :
- des dolia (grandes amphores) semblaient contenir du vin fraîchement pressé ;
- des braseros étaient allumés le jour de l'éruption ;
- les victimes retrouvées dans la cendre portaient des vêtements plus chauds que les tuniques claires d'été ;
- la végétation indiquait l'automne : noix, figues et inversement les fruits d'été typiques d'un mois d'août étaient déjà vendus séchés ou en conserves ;
- l'analyse de monnaies trouvées en 1974 datant de la quinzième salutation impériale de Titus, nécessairement postérieures au début de septembre 79.
"Désir et travail, fondements d'une nouvelle église ?
Par chercheursdeverites Le 11/01/2016
Désir et travail, fondements d'une nouvelle église ?
Si nous vivions encore en des temps très anciens, cette phrase pourrait être comprise de la façon suivante :
"Déception et souffrance, fondements d'une nouvelle assemblée du peuple ?"
Désir
Le sens que nous attribuons aujourd'hui au mot "désir" est synonyme de "souhait", "volonté d'obtenir". Mais il n'en a pas toujours été ainsi.
En réalité, le mot "désir" est issu du verbe latin "desiderare", dérivé lui-même de "sidus", "sideris" (constellation, astre, étoile).
Au sens littéral, "desiderare" signifie "cesser de contempler l'étoile, l'astre".
Rappelons qu'en français, le verbe "sidérer" qui signifie "être ébahi, stupéfait" vient du latin "siderari" : subir l’influence néfaste des astres.
"Desiderium" et "desiderata" signifiaient à la fois "désir" et "regret", car "desiderare", c'était regretter, déplorer la perte de quelque chose ou de quelqu'un, éprouver de la nostalgie pour un astre disparu.
"Desiderare", qui était propre au vocabulaire des augures de l'Antiquité, signifiait "regretter l’absence de l’astre, du signe favorable à la destinée", par opposition au verbe "considerare", considérer, contempler sa présence et par extension, l'examiner attentivement.
De même chez les marins d'antan, "desiderare", c'était constater l’absence d’un astre, ce qui associait ce verbe à sentiment de déception.
Travail
Le mot "travail" provient du latin "tripalium". Le tripalium était un instrument d’immobilisation à trois pieux utilisé par les Romains et destiné à torturer les esclaves rebelles.
C'était également un instrument servant à ferrer de force les chevaux rétifs.
Au XIIe siècle, le mot travail avait pour signification "tourment, souffrance", le métier en tant que tel étant plutôt désigné par "labeur", du latin "labor" (peine, effort), donnant également "labour" au sens spécifique de travail dans les champs puis, plus tard, de sillonner la terre.
Ainsi,durant des siècles, "travail" a été l'incontournable synonyme de "souffrance".
De nos jours, nous lui préférons souvent le terme plus sophistiqué "d'activité professionnelle" ou celui plus approprié de "métier" . Métier : de l’ancien français "mestier", issu du latin "ministerium", service, qui donna également au Xe siècle "ministère", c'est-à-dire "service, office".
Notons qu'à la fin du XIIe siècle, une "femme de mestier" désignait une prostituée.
En revanche, "travail" a conservé son sens originel en matière d'accouchement ou de mise bas chez les animaux ; on parle alors de "phases de travail".
Église
Le mot "église" provient du grec ancien "ekklesia" signifiant "assemblée du peuple", lui-même issu du verbe "ekkaleô", "convoquer, appeler au-dehors".
À l'avènement de l'ère chrétienne, il a été assimilé
au culte, à ses officiants et aux édifices religieux permettant aux croyants de se réunir.
L'alliance des mots désir, déception et regret serait-elle donc inéluctablement scellée ?
Celle du travail et de la souffrance est-elle indissoluble pour jamais ?
La grande assemblée du peuple de la terre sera-t-elle l'église de demain, et ne pourrait-elle se constituer que sur la base du regret et de la souffrance ?
Autant de questions qui, depuis des lustres, agitent les méninges de nombreux penseurs.
Par chercheursdeverites Le 30/10/2015
Connaissiez-vous l'origine de l'expression "Copains comme cochons" ?
En réalité, nous devrions dire : "Copains comme soçons".
Dans cette expression, le mot "cochon" est une déformation du mot "soçon" issu du latin "socius", uni, joint, associé, compagnon. Soçon a parfois été modifié en "chochon" qui désignait "le camarade".
Autrefois, dans certaines régions de France, un "soçon" était un cheval de trait prêté pour labourer à deux chevaux par quelqu'un à qui l'on prêtait soi-même le sien lorsqu'il en avait besoin pour la même tâche.
"Socius" étant issu du verbe "sequor" (suivre), nous retrouvons sa racine dans le mot "société", "associer" - entre autre - mais également dans le mot "secte" (du latin "secta" : ligne de conduite, façon de vivre, principes).
Quant au mot "copains", dérivé de "compagnon", il est une altération du mot "compainz" employé vers la fin du XIe siècle. "Compagnon" issu du latin populaire "companio" est composé de "cum" (avec) et de "panis" (pain), ce qui signifie au sens littéral "celui qui partage son pain avec".
Au cours du temps, il s'étendra au sens de "celui qui partage ses activités avec quelqu’un".
Qui dit compagnon dit compagnonnage.
Le Compagnonnage
En Égypte, à Rome, et dans toutes les civilisations bâtisseuses, les ouvriers et les artisans se regroupaient, s’épaulaient et échangeaient leurs connaissances.
Le compagnonnage est un groupement de personnes dont le but est généralement entraide, protection, éducation et transmission des connaissances entre tous ses membres. L'un des plus fameux exemples de compagnonnage que nous connaissions aujourd'hui en France est celui des Compagnons du Devoir.
Les légendes font naître le compagnonnage au Xe siècle av. J.C. sur le chantier mythique du premier Temple de Jérusalem (959 à 951 av. J.C.). Là, sous l’autorité du roi Salomon et de son architecte Hiram, un ordre compagnonnique aurait vu le jour, organisé autour de deux autres personnages : maître Jacques, tailleur de pierre, et le père Soubise, charpentier. Jacques et Soubise auraient introduit le rite en Gaule.
Les différentes sociétés de Compagnonnage se sont rangées sous les bannières de Salomon, Maître Jacques et Soubise.
Maître Jacques est par tradition l'ancêtre de deux corporations de Compagnons tailleurs de pierre qui virent le jour en 558 av. J.C. : les "Loups", pour les uns, qui se plaçaient à la tête de tous les autres corps du Devoir, et les "Loups Garous" pour les autres.
Le Père Soubise, lui, est considéré comme étant fondateur de la corporation des charpentiers, surnommés les "Renards" ou "Enfants de Salomon".
L'étude comparée des traditions inhérentes à différents pays du monde semble montrer que ces artisans se sont transmis des connaissances plus ou moins secrètes, de génération en génération.
C'est à cette élite d’hommes de métier en quête d’excellence que nous devons tant de cathédrales, églises, abbayes et autres édifices médiévaux européens (des signes tracés dans les pierres et dans les charpentes, particuliers aux compagnons y sont reconnaissables) : témoins tant de leurs connaissances très avancées en matière de technique architecturale que de leur savoir-faire.
De ce temps des cathédrales ils nous est parvenue une expression toujours usitée : le "Pot de vin".
Le pot de vin qui, de nos jours est devenu synonyme de corruption était au XIIe siècle un "bonus" offert aux Compagnons qui avaient accompli leur tâche en un temps plus court que prévu : ces derniers pouvaient se rendre à l'auberge ou à la taverne du lieu où se situait le chantier afin d'y percevoir un "pourboire" sous la forme d'un pot de vin.
Très vite, à l'instar de celles des tailleurs de pierres et des charpentiers, d'autres corporations furent créées : le savoir-faire compagnonnique s'étendit à l'ébénisterie d'art, au travail des métaux, à la couverture (toiture), travail du cuir (selliers, cordonniers, bottiers), travail des textiles et, plus récemment, aux métiers de la plomberie, de la carrosserie et aux métiers de bouche.
La première mention indiscutable des pratiques compagnonniques remonte à l'année 1420, lorsque le roi Charles VI rédige une ordonnance pour les cordonniers de Troyes dans laquelle il est dit que :
"Plusieurs compaignons et ouvriers du dit mestier, de plusieurs langues et nations, alloient et venoient de ville en ville ouvrer pour apprendre, congnoistre, veoir et savoir les uns des autres."
Les Compagnons du Devoir, du Tour de France, et ceux des métiers du bâtiment, sont toujours bien vivants. Leurs précieux savoirs et leurs secrets de construction en font des hommes considérés et admirés de tous. Aujourd'hui encore, ils continuent d'accueillir les jeunes gens désireux d'exercer les métiers exigeant intelligence manuelle et créativité afin de les former, leur transmettant ainsi les précieux savoir-faire ancestraux.
Mais cet apprentissage n'est pas un apprentissage comme les autres ; il est dispensé sous un double aspect : une pédagogie, reposant sur le métier au contact des Anciens selon une règle très stricte basée sur la transmission des valeurs morales d'honnêteté, de respect, d'humilité, d'assiduité, de rectitude, de rigueur, de solidarité, d'adaptabilité, d'ouverture d'esprit et de partage.
La durée de l’apprentissage varie selon les individus, les corps de métiers et les groupements compagnonniques et peut s'étendre de trois à sept ans (parfois plus). Il s'échelonne en trois étapes : Apprenti, Compagnon sédentaire ou itinérant, Compagnon fini ou Maître.
L'apprentissage inclut également une période de "cavale" (un an au minimum), c'est-à-dire de voyage - obligations familiales permettant - à travers la France et au-delà de ses frontières. Le but de cette "cavale" est de parfaire et enrichir les connaissances auprès de plusieurs autres maîtres, en divers lieux (ou de chantier en chantier).
Le Compagnonnage est un modèle unique d'apprentissage professionnel, mais aussi éthique. C'est le consentement à la règle commune qui unit les Compagnons du Devoir, ainsi que le sens de l'honneur. Cet esprit de corps ne signifie pas que chacun doive renoncer à sa singularité. Au contraire, l'unité et donc la richesse du Compagnonnage est faite de différences ; chaque individu a sa place et participe, avec ses particularités, à l'intérêt commun.
Depuis 1842, tout étranger peut être admis, pourvu qu'il entende et parle correctement la langue française. Actuellement, les compagnons du devoir sont présents dans 45 pays des cinq continents, et dans toutes les régions de France.
La Cayenne, la Mère
- La Cayenne - du latin "caya", demeure, maison - est le lieu où se réunissent les compagnons. Par extension, la cayenne désigne l’assemblée des compagnons elle-même. Ce terme qui est remplacé par "chambre" pour certaines corporations. Rituellement, on dit que les compagnons "descendent en cayenne" ou "montent en chambre". Au sein de leur Cayenne, Apprentis et Compagnons trouvent le gîte et le couvert, des Maîtres, du travail et autrefois la protection pour leurs familles et pour eux-mêmes. Les stagiaires et les membres confirmés devaient se conformer strictement aux règles et à certains principes de base.
- la Mère est le nom donné à la femme (épouse d'un Compagnon) qui, après avoir été dame-hôtesse, gère et anime un siège compagnonnique. Elle est choisie par les compagnons pour ses vertus et sa fidélité aux valeurs du Compagnonnage. Elle s'occupe de l'administration, du bon ordre et elle veille à ce que tout se passe bien sur le Tour de France et plus particulièrement pour les nouveaux jeunes arrivants. Par sa sensibilité de femme et de Mère, elle peut être un soutien plus approprié que celui des Compagnons pour des aspirants éloignés de leurs familles ou amis, car elle accompagne moralement les jeunes qui font leur Tour de France.
Par extension, la mère peut désigner également le siège lui-même. De par son rôle très important au sein de la Cayenne itinérante, elle est respectée par tous ; les compagnons l'appellent "Notre mère".
Apprenti, Aspirant-Compagnon et Compagnon Fini
Pour devenir Compagnon du Devoir, il faut préalablement devenir Affilié ou Aspirant-Compagnon. Après quelque temps de formation l’Apprenti doit réaliser une "maquette d’adoption". À l'issue de la correction de cette maquette, la communauté des Aspirants et Compagnons jugera si l'apprenti ou le stagiaire peut être "adopté " en qualité d'Aspirant-Compagnon. Cette évaluation donne lieu à une "Cérémonie d’Adoption" ou "d'Affiliation", empreinte d’enseignements et de symboles qui marqueront à jamais l'Aspirant-Compagnon. À cette occasion, ce dernier reçoit ou choisit un surnom lié à sa région ou à sa ville d’origine (exemple : "Alphonse le Berry" ), une canne d'Aspirant-Compagnon, instrument de voyage et symbole de rectitude et de l’itinérance, un chapeau, un habit et des rubans colorés ou un baudrier. Le port de rubans colorés ou du baudrier par les Compagnons est une marque d’identité du groupe et du corps de métier. Y sont également imprimés un labyrinthe et la Tour de Babel, invitations à mettre de l’ordre dans son propre esprit ou rappels d’une œuvre demeurée inachevée ; ces deux figures désignent la quête de sens qui devra l'animer sur les chemins du Tour de France. Ces décors ne sont aujourd’hui portés que lors des cérémonies. Le lauréat fait désormais partie de la communauté des Compagnons, et peut partir quand il le souhaite pour commencer son Tour de France qui pourra durer six ou sept ans.
Au cours de ce périple appelé "cavale" ou "voyage", il poursuivra sa formation auprès de divers patrons et "pays" ou "coteries" qu'il fréquentera sur le Tour de France. Il trouvera partout une maison de compagnons, une "Cayenne" ou "Chambre".
Au retour de sa Cavale, l'Aspirant-Compagnon s'attèlera à un travail appelé communément "Chef-d'Oeuvre". Le chef-d'œuvre individuel existe depuis le Moyen Âge et fut rendu obligatoire au XVe siècle. Il s'agit d'une œuvre imposée à un Aspirant-Compagnon pour pouvoir passer Maître en devenant Compagnon-Fini. Autrefois il ne pouvait être commencé qu'après sept ans d'apprentissage et son Tour de France achevé.
Cette création, suivant l'objectif de perfection qu'il s'est fixé, pourra lui demander plusieurs centaines d'heures de travail, voire plusieurs mois ou années pour certains. Il devra attester des compétences acquises par l'Aspirant-Compagnon au cours de ses années d'apprentissage et de voyage. L'oeuvre peut parfois être collective (deux ou trois Aspirants-Compagnons).
Ce "Chef d'Oeuvre" ou "Travail de Réception" étant accompli, celui-ci sera présenté lors d'une autre cérémonie appelée "Cérémonie de Réception" et soumis à l'opinion d'un jury composé de Compagnons et de Maîtres Anciens qui reconnaîtront ou non sa valeur.
Le déroulement de la Réception constitue un temps fort de la vie du Compagnon par la puissance du rituel et une véritable mise à l'épreuve psychologique du candidat. En cas de réussite, la société lui confirmera alors son nom de Compagnon, complété par une caractéristique liée à son comportement ou sa qualification - le nouveau nom choisi doit marquer l’individu comme une investiture - exemple : "Avignonnais la Vertu"). On lui remettra une canne plus longue, et l'on procédera à de nouvelles frappes spécifiques sur ses couleurs (rubans, cordon ou baudrier).
Tous les rituels de réception sont composés d’épisodes destinés à éprouver la sincérité, la volonté, le courage, la moralité et l’engagement du candidat. Le serment d’être fidèle au Devoir et à ses Pays ou Coteries en constitue un épisode important.
La canne est généralement en jonc, avec un grand bout ferré et un pommeau qui porte le nom du Compagnon, son Rite, sa Corporation, la date de sa Réception ; les cannes sont différentes selon les corporations :
- Enfants de Maître Jacques : canne à pomme d’ivoire
- Enfants du Père Soubise : canne à tête noire en corne
- Enfants de Salomon : canne à pommeau ou Torse.
Quelques sobriquets de Compagnons :
La Brie l'Ami du Trait : évoque la compétence d’un compagnon dans le dessin ;
La Clef des Coeurs de Fleurance : souligne le caractère de fraternité ;
Tourangeau l'Ami des Arts ;
Bordelais le Résolu.
Enfin, le Premier Compagnon ou "Rouleur" est un Compagnon fini qui assure des responsabilités au sein de la corporation : il est reconnu par ses pairs au cours d'une cérémonie spéciale appelée "Cérémonie de Finition". Il s'occupe en particulier de l'accueil et du placement des Apprentis.
Devise des Compagnons du Devoir :
"Ni s'asservir, ni se servir, mais servir." ou "Servir sans s'asservir ni se servir."
Durant la plus grande partie de son histoire, le Compagnonnage ne comprenait que des métiers qui étaient exercés par des hommes. La force physique nécessaire, la pénibilité et la dangerosité des métiers du bâtiment, les risques liés au Tour de France et l’environnement socioculturel rendaient inconcevable l’admission des jeunes femmes au sein des sociétés compagnonniques.
L’évolution des mentalités a conduit une partie des Compagnons à envisager le passage d’une société masculine à une société mixte.
Des mouvements compagnonniques dissidents se sont ouverts à la mixité dès 1978.
En 2004, l’Association Ouvrière des Compagnons du Devoir a adopté cette réforme.
La première femme Compagnon a été reçue en 2006 (chez les tailleurs de pierre) et d’autres l’ont été depuis dans plusieurs métiers (tapissier, menuisier, boulanger, jardinier-paysagiste, etc.).
Extrait de la "Règle des Compagnons du Devoir", 2009 :
"Apprendre à travailler les éléments pour assurer son quotidien et, malgré les difficultés, se perfectionner sans cesse pour devenir avec patience capable de son métier. Mais également apprendre à ne pas gaspiller les ressources afin que d’autres, ailleurs et demain, puissent en vivre. Les Compagnons du Devoir se sont engagés à agir dans le respect de l’environnement.
Dépasser ses propres intérêts et, en Homme libre, se mettre au service des autres. Cela nécessite un travail quotidien sur soi-même, tant pour en acquérir patiemment les aptitudes que pour apprendre à s’effacer."
"L’homme pense parce qu’il a une main." Anaxagore.
"Kernevez, Guenrouet, Vern, Ploumanac'h, Tréhoranteuc"
Par chercheursdeverites Le 25/10/2015
Que de sons envoûtants nous sont offerts par la fascinante Bretagne aux lieux mythiques, dont les noms résonnent comme autant d'incantations druidiques...
Mais bien avant les druides, la Bretagne était habitée depuis déjà 750 000 ans.
5.000 ans avant J.-C., des populations étaient sédentarisées, s'installant dans les vallées, près des points d'eau. C'est à ces dernières que nous devons les impressionnants mégalithes : menhirs, dolmens et cairns.
La Bretagne, "Breizh", de son nom originel, fut touchée dès le Ve siècle avant J.C. par un deuxième afflux de peuples celtiques venus de Grande Bretagne. Les Celtes imposèrent leur langue et leurs coutumes. Puis en 56 av. J.C., ce fut la conquête romaine. "Breizh" se latinisa en "Brittania" (ou aussi "Britannia") signifiant littéralement "le Pays des Bretons". Dès le Ier siècle, "Britannia" désignait la Bretagne insulaire, vaste province romaine qui comprenait l’Angleterre (l'Île de Bretagne), le pays de Galles et le sud de l’Écosse.
Cette partie maritime de la Gaule continentale et son arrière-pays (notre Bretagne) se nommait également en celtique continental ou gaulois "Aremorica" : "le pays qui fait face à la mer",
le pays des Aremorici "ceux qui habitent devant la mer, près de la mer" et comprenait également l'actuelle Normandie. Armorica est la
latinisation de ce terme d'où le nom de "Massif armoricain".
Mais revenons à Breizh, l'Armorique bretonne celtíque du Ve siècle av. J.C.
Le territoire est occupé par cinq peuples principaux qui ont laissé leurs noms à quelques villes. Ainsi :
- Rennes (Roazhon en breton) tient son nom du peuple des Redones (en latin, "les cochers ou les cavaliers") résidant dans l'Est de l’actuel département de l’Ille-et-Vilaine. (Le nom de la ville de Redon est sans rapport avec celui de la tribu des Redones qui ont laissé leur nom à Rennes).
- Corseul (Kersaout) doit le sien aux Coriosolites ("les troupes qui veillent") dont le territoire se situait dans l'Est de l'actuel département des Côtes-d'Armor, dans l'Ouest de l'Ille-et-Vilaine et le Nord-Est du Morbihan.
- Vannes (Gwened) tient son nom du peuple des Vénètes ("ceux qui ont les cheveux blancs") qui s'étaient impalantés dans l’actuel Morbihan, apparentés aux peuples homonymes de Vénétie et du Gwynedd (région du pays de Galles).
- Les Osismes (dont le nom signifie "les plus hauts" ou "ceux du bout du monde") étaient localisés dans l'actuel département du Finistère et la partie ouest des Côtes-d'Armor et du Morbihan, l'Île d'Ouessant comprise (en breton Enez Eusa, "l'ile la plus haute" ou "la plus éloignée"). Leur capitale était Carhaix.
- Nantes, elle, a hérité de celui des Namnètes qui résidaient dans l'actuel département de la Loire-Atlantique, au nord de la Loire.
"Ker-", "Guen-", "Plou-" "Tre-", survolons quelques-uns des toponymes du cru breton.
La toponymie bretonne se compose d'une part des toponymes brittoniques et d'autre part des toponymes romans ou romanisés.
Les appellatifs toponymiques et les anthroponymes (noms de personnes donnés à des lieux) issus du breton se concentrent essentiellement à l'ouest de la Bretagne (Bretagne bretonnante) et les toponymes romans dans sa partie est et sud (Bretagne gallo).
Kernevez, Kervignac, Kerfeunteun, Kerfourn, Kermoroc'h
"Ker" en breton signifie "lieu habité", allant du village à la forteresse.
Kernevez : "le nouveau village" ;
Kervignac : "le village de Veneius" :
Kerfeunteun : "le village de la fontaine" ;
Kerfourn : "le village du four" :
Kermoroc'h est composé de "Ker" - "Mor" et "Roc'h" : "le village entre mer et rochers".
Nous retrouvons l'appellatif "Mor" dans "Morbihan" ("Mor-Bihan" en breton) : "la petite mer".
Guenrouet, Le Pouliguen, Guéméné, Porzh-Guen, Guingamp, Guérande, Vannes
"Gwenn" signifie "blanc, pur, sacré".
Guenrouet (en breton Gwenred), "le gué sacré" :
Le Pouliguen (Ar Pouliguen) : "l'anse blanche" ;
Guéméné (Gwenvenez - Penfaou) : "la colline blanche" ;
Porzh-Guen : "le port blanc" ;
Guingamp : “champ blanc” ou "champ laissé en friche ;
Guérande : "terre blanche" ou "champ stérile" ou encore
"parcelle consacrée".
Vannes (Gwened) : "le pays de ceux qui ont les cheveux blancs".
Pen-Hir, Penguilly, Penmarc'h, Penn-ar-Bed (Finistère)
"Penn" signifie "tête, bout, cap, extrémité, origine".
Pen-Hir (Beg Penn Hir) : "la longue pointe" ;
Penguilly (penn-killi) : "le bout du bois" ou "pen-guilly" "tête de lumière" ;
Penmarc'h : "tête de cheval" : Finistère (Penn-ar-Bed) : "le bout du monde".
Guern, Vern
"Gwern" en breton signifie "aulne", "aulnaie", "marais".
Guern et Vern-sur-Seiche (Gwern-ar-Sec’h) ont la même racine.
La Bretagne a longtemps été considérée comme le bastion catholique de la France, en témoignent souvent les appellatifs préfixés comme "Plou/Plé", "Tré" et "Loc" :
Plounévez, Plougastel, Plouhinec, Pléboulle, Ploërmel, Ploumanac'h
"Plou-" ou "Plé-" - en latin "plebem", peuple - prend le sens de "paroisse" en breton.
Ainsi Plounévez : "la nouvelle paroisse" ;
Plougastel : "la paroisse du château" ;
Plouhinec : "la paroisse aux ajoncs" ;
Ploërmel : "paroisse d'Arthmael" ;
Pléboulle : "la paroisse dédiée à Saint - Paul" ;
Le cas de Ploumanac'h est un peu différent puisque ce nom provient de la déformation du breton "Poull Manac'h", "Poull signifiant "l'anse" ou "la mare au moine".
Tréguennec, Trégarantec, Tréhoranteuc, Trégastel, Trébédan
"Tré-", issu du vieux breton "Treb-", "Trev-" signifie "le quartier", "l'habitation", "le village" puis "grève" (annexe paroissiale).
Tréguennec : "le beau village" ;
Trégarantec : "l'habitation aimable" ;
Tréhorenteuc : "pays de la charité" ;
Trégastel : "trêve du château" ;
Trébédan : "village de saint Petran".
Locronan, Locmaria, Loctudy, Locmiquélic, Locminé
"Lok" (du latin "locus", avec ici le sens de lieu sacré, église ou ermitage dédiée à un saint).
Locronan : "lieu consacré à Ronan" ;
Locmaria : "le pays de la Vierge Marie" :
Loctudy : "lieu consacré à Tudy"
(fondateur de la première communauté chrétienne au Ve siècle) ;
Locmiquélic : "l'ermitage de Miquelic" (Michel) ;
Locminé (en breton "Loc Menech") : "le lieu des moines".
Plogoff, Roscoff
"Goff", forgeron, peut aussi être lié au dieu forgeron "Gofannon".
Roscoff : de "Ros", "tertre", "butte", "le tertre du forgeron" (ou de Gofanon) ;
Plogoff : "la paroissse de Saint Cov, saint breton dont le nom se retrouve dans celui du village de Lescoff.
Le Pays des Bretons
Nous l'avons dit plus haut, à l'époque romaine, la dénomination de "Bretagne" (Britannia) s'étendait jusqu'au sud de l'Écosse. Afin de préserver
cette grande province romaine
des tribus "barbares"
(les Pictes) et de leurs multiples attaques,
deux murs - frontières furent édifiés par les Romains :
le Mur d'Hadrien et le Mur d'Antonin.
Entre 122 et 127 ap. J.C., l'empereur Hadrien fait édifier un mur de défense situé au nord de l’Angleterre (à la frontière approximative de l'Écosse) à un endroit resserré entre l’embouchure de la Tyne en Mer du Nord et le Golfe de Solway Firth en Mer d’Irlande. D'une hauteur de 4,5 mètres et de 2,7 mètres de d'épaisseur le mur d'Hadrien s'étendait sur 117 kilomètres. Il était flanqué de trois cents tours et protégé par dix-sept camps retranchés.
Plus tard, vers 140, l'empereur Antonin - successeur d'Hadrien - fit ériger un autre mur en Grande-Bretagne doublant plus au Nord le mur d'Hadrien. Long de 60 km environ, il était situé entre le Firth of Forth et la Clyde (Écosse).
Un peu d'histoire
En 851, un Royaume de Bretagne - entité éphémère - est constitué.
C'est le Duché de Bretagne qui lui fait suite en 939 (dont Anne de Bretagne demeurera la plus célèbre duchesse).
L'union du Duché de Bretagne au royaume de France deviendra définitive en 1532 sous le règne de François Ier.
Plus tard, sous la Révolution Française, c'est l'épisode de la Chouannerie, guerre civile qui toucha l'ouest de la France et opposant dès 1791 les royalistes (Chouans et Vendéens) aux républicains.
Le nom de "Chouan" en langue gallo signifie "chat - huant", ou "chouan", nom local de la chouette hulotte. Pour s'avertir et se reconnaître, les rebelles contrefaisaient le cri du chat - huant.
L'appellation de "Chouan" se généralisa aux autres royalistes armés dans les provinces de l'ouest.
Le blason de la Bretagne : "d'hermine plain"
Devise de la Bretagne : "Kentoc'h mervel eget em zaotra" soit "Plutôt la mort que la souillure" (Xe siècle).
Par chercheursdeverites Le 17/10/2015
Connaissiez-vous l'origine de l'expression "Au grand dam de..."
Elle est utilisée pour dire "au grand dépit", "au grand courroux", "au grand désavantage", "au grand désarroi", "au préjudice" ou "au grand regret" de quelqu’un.
Le mot "dam" apparaît en France au IXe siècle dans les Serments de Strasbourg. Issu du latin "damnum" (préjudice), il est utilisé par les juristes de l'antiquité pour parler de "dommage" (physique ou moral) causé à une personne. "Dam" est l'ancêtre du mot "damage" (vers 1080), qui devint "domage" puis "dommage" vers 1160.
Sur le plan religieux la peine du dam correspondait à la damnation, "damnare" en latin signifiant "condamner".
"Damnum" (préjudice) est la forme neutre d’un ancien participe de "dare" (donner). Les Anciens considérant le voeu comme un
contrat passé avec la divinité,
on trouve souvent l’expression
"damnatus voto" signifiant
"astreint, obligé, tenu" par religion d'accomplir ce que l'on a promis.
Jusqu'au XIXe siècle, le mot "dam" est resté en usage mais sous une forme figée : "À mon dam", "à son dam" etc. Puis il a disparu, ne demeurant dans la langue française que sous la forme de l'expression que nous lui connaissons actuellement. On retrouve sa racine dans les mots "endommager", "dédommager" mais également dans "indemne" (qui n'a pas subi de dommage).
Un peu d'histoire
Le 14 février 842, les Serments de Strasbourg signent l'alliance militaire entre Charles le Chauve et Louis le Germanique, contre leur frère aîné, Lothaire Ier. Ils sont tous trois les fils de Louis le Pieux, lui-même fils de Charlemagne.
Louis le Germanique déclame son serment en langue romane (ancêtre de la langue française) pour être compris des soldats de Charles le Chauve. Et Charles le Chauve prononce le sien en langue tudesque (langue germanique) pour qu'il soit entendu des soldats de Louis. Cette façon de procéder constitue aussi, outre la compréhension par les soldats de l'autre partie, un acte symbolique.
Le texte roman des Serments a une portée philologique et symbolique essentielle puisqu'il constitue, pour ainsi dire, "l'acte de naissance de la langue française" dans le cadre d'un accord politique d'envergure historique.
Rédigé en roman et en tudesque, il constitue le plus ancien document écrit dans ces deux langues.. Ce n'est évidemment pas une oeuvre littéraire mais un document politique de premier ordre pour comprendre l'accession à l'écriture de la langue dite "vulgaire" (dans le sens de "vulgus", populaire, le commun des hommes).
"Passer sous les fourches caudines"
Par chercheursdeverites Le 01/10/2015
Connaissiez-vous l'origine de l'expression "Passer sous les fourches caudines" ?
Elle signifie être contraint de subir une épreuve difficile et humiliante.
Cette expression se réfère à une défaite romaine qui eut lieu en 321 avant J.-C. concluant une bataille opposant les Romains aux Samnites. Comme son nom l'indique, le théâtre de la Bataille des Fourches Caudines (Furculae Caudinae) fut la Vallée des Fourches Caudines (Valle Caudina ou Stretta di Arpaia en italien). Située en Campanie - région de Naples -, cette vallée se présente sous forme de deux défilés montagneux, aux gorges profondes et étroites passant entre les rocs à pic des Apennins couverts de forêts sombres.
L'appellatif "Fourche" - "furca" en latin - est apparenté à "quercus", chêne et prend le sens de "bois solide" ; dans le toponyme Furcae Caudinae (les Fourches Caudines, près de Caudium), il prend le sens de "chênaie". Le mot "fourche" pourrait être une ancienne association avec la foudre qui frappe le chêne.
Quant à l'adjectif "caudines", il se réfère à la cité de Caudium, située sur la Voie Appienne entre Capoue et Beneventum, à l'emplacement actuel de Montesarchio.
À l'issue de cette bataille, les Romains, défaits, durent passer sous le joug samnite.
Le joug
Une tradition de l'armée romaine consistait à dresser un joug symbolique (jugum), sorte de portique bas improvisé construit à l’aide de trois lances, dont une était attachée horizontalement aux deux autres fichées verticalement en terre, et sous lequel le vainqueur faisait passer, en signe de soumission, d'abord les chefs puis, à leur suite, les officiers et les soldats de l'armée vaincue. Lors de cet épisode militaire des Fourches Caudines, ce fut le tour des Romains de goûter aux joies de leur invention en passant sous le joug dressé cette fois à leur intention par les Samnites.
Ainsi, l'expression "passer sous les fourches caudines" associe la toponymie et la topographie des lieux de cette bataille de Caudium à son issue jugulaire.
Un peu d'histoire
Les Samnites luttent contre les Romains qui veulent s'emparer de Naples. Vaincus, ils demandent la paix à Rome, mais le Sénat la leur refuse. Ils se promettent alors la mort ou la vengeance. Ils élisent un nouveau général : Caius Pontius. Élaborant un stratagème destiné à faire tomber les Romains, ils reprennent les armes et se remettent en route.
Ils envoient dix soldats travestis en bergers, dont la mission est de propager une fausse information ; celle-ci arrive aux oreilles des Romains. Le stratagème fonctionne : l'armée de 40 000 soldats romains avec à sa tête les deux consuls Titus Veturius Calvinus et Spurius Postumius Albinus s'ébranle afin de porter secours à ses alliés les Lucériens sensés être attaqués par les Samnites.
Les Romains choisissent le chemin le plus court : celui des Fourches Caudines. Ils s'avancent dans le défilé, mais la vallée est obstruée par des rocs, des arbres placés par les Samnites et leur armée conséquente qui les attend. Faisant demi-tour, ils se rendent compte que la route est coupée : les collines sont couvertes de soldats.
Les Romains furent contraints de capituler sans condition. Les deux consuls se rendent et leurs légions avec eux. C’est alors que le chef samnite Caius Pontius, décide de les humilier davantage : afin de regagner leur cité, les 40 000 Romains - consuls en premier - devront passer sous le joug des Samnites, mains liées dans le dos et se courbant en signe de soumission.
Dans son ouvrage "Histoire romaine", l'historien romain Tite-Live nous livre son récit :
"D’abord il leur est enjoint de sortir de leurs retranchements, sans armes et avec un seul vêtement : les otages sont livrés les premiers, et conduits en prison. Vient ensuite le tour des consuls, dont on renvoie les licteurs et auxquels on ôte leur manteau. Un pareil opprobre attendrit à tel point ceux-là même qui, peu de temps avant, les chargent d’exécrations, et veulent qu’ils soient sacrifiés et mis en pièces, que chacun, oubliant son propre malheur, détourne ses regards de cette dégradante flétrissure d’une si haute majesté, comme d’un abominable spectacle.
Les consuls, presque à moitié nus, sont envoyés les premiers sous le joug ; puis chacun, suivant son grade, subit à son tour cette ignominie ; ensuite chaque légion successivement. L’ennemi, sous les armes, entoure les Romains ; en les accablant d’insultes et de railleries ; il lève même l’épée contre la plupart, et plusieurs sont blessés, quelques-uns tués, pour avoir offensé le vainqueur en laissant trop vivement paraître sur leur visage l’indignation qu’ils ressentent de ces outrages. Tous courbent donc ainsi la tête sous le joug, et, ce qui est en quelque sorte plus accablant, passent sous les yeux des ennemis."
N.B. Il est amusant de noter que l'adjectif "conjugal" issu du latin "conjugalis" a pour racine le mot "joug" : "cum", avec, + "jugum", joug.
"L'entrechat est à la tresse ce que le divan est au conseil"
Par chercheursdeverites Le 13/09/2015
"L'entrechat est à la tresse ce que le divan est au conseil".
Si au fil du temps les mots "entrechat" et "tresse" se sont dissociés en acquérant chacun sa signification propre, ils sont en réalité issus d'une seule et même racine. Il en est de même pour les mots "divan" et "conseil".
L'entrechat et la tresse.
Le mot "entrechat" est issu du latin "capriola intrecciata" (cabriole entrelacée), apparenté à l'italien "treccia", tresse).
L'entrechat est un pas de danse classique consistant en un saut vertical durant lequel un danseur fait passer très rapidement ses pointes baissées l'une devant l'autre en plusieurs battements avant de retomber sur le sol. Le nombre d'entrechats effectués dans l'intervalle de chaque saut dépend de la hauteur de saut plus ou moins importante effectué par l'exécutant.
Le règne de Louis XIV (1638-1715) fut déterminant pour la valorisation et l'évolution de l'opéra-ballet. La célèbre danseuse Marie-Anne de Camargo (1710-1770) était célèbre pour sa virtuosité dans les entrechats.
Tresse
Le mot "tresse", provient initialement du grec "tríx" (ou "triche"), signifiant "poil, cheveux" ou de "trissos" (triple) ; en effet, une tresse classique est composée de trois mèches de cheveux.
Trix, triche, trissos" passèrent au latin vulgaire en "trichia" (tresse de cheveux), devinrent "treccia" en italien, puis "tresse" en français.
"Treccia", "capriola intrecciata", en français : "entrechat".
À noter que le mot grec "trixi" signifiait "écorce de palmier servant à fabriquer des cordes".
Divan
Le "divan" (canapé) fit son apparition en France vers la fin du XVIIIe siècle avec l'arrivée du courant orientaliste. Ce mot vient du persan, "diouân" qui signifiait "conseil" (dans le sens d'institution d'assemblée, de réunion).
Au XVIe siècle, en Perse, en Turquie et en Inde, le Divan était un Conseil suprême, un tribunal, ou une assemblée dont les notables siégeaient sur des coussins afin de statuer sur les décisions qui étaient soumises à réflexion. Dans l'Empire Ottoman, c'était en quelque sorte le Conseil des Ministres, réuni et présidé par le Grand Vizir ou par le Sultan lui-même.
Dans le monde indien "dîvân ou dîwân" désignait souvent le ministre des Finances et des Impôts au service des souverains musulmans et particulièrement moghols. Plus rarement, sous les sultans de Delhi, le "dîvân" désignait le ministre des Armées.
Le Diouân était par extension le nom de la salle d'audience garnie de coussins et d'un sofa dans laquelle se réunissait le conseil. C'était également celui d'une salle de cérémonie. Aujourd'hui, du divan nous n'avons gardé que les coussins.
Un peu d'histoire
Les premières traces de coiffures tressées remontent à la préhistoire ainsi qu'en témoignent les statuettes de la "Dame de Brassempouy" ou encore de la "Vénus de Willendorf", datées de 21 000 à 22 000 ans avant J.C.
Elles démontrent que la tresse est probablement la plus ancienne coiffure du monde. On la retrouve dans les premières grandes civilisations africaines, telles que l'Égypte antique, la civilisation Nok, dont les membres hommes ou femmes, portaient différents types de coiffures tressées, parmi lesquelles les tresses collées ou tresses africaines.
Il en existe de nombreuses variétés parmi les différents peuples africains.
En Asie également, les longues nattes étaient prisées par les différentes civilisations, ainsi en Chine, on en trouvait chez les hommes comme chez les femmes.
Chez les indiens d'Amérique, les coiffures étaient également très variées :
cheveux longs chez Apaches, crête chez les Creeks, tresses chez les Sioux.
Au XVIIIe siècle, les hussards français partageaient habituellement leurs cheveux tressés en
trois nattes épaisses : deux descendaient sur les tempes, celle du milieu allant se perdre dans la nuque. On les considérait comme des protections susceptibles d'amortir les coups de sabre.
Voilà pourquoi un Conseil des tresses (sans stress) vaut bien des entrechats sur un divan...
Par chercheursdeverites Le 01/08/2015
Connaissiez-vous l'origine de l'expression "Avoir un oeil de lynx" ?
Nous utilisons cette expression en parlant d'une personne à laquelle rien n'échappe, qui remarque le moindre détail, qui possède une vue hors du commun ou un regard perçant.
Contrairement à ce que l'on pourrait penser, elle ne se rapporte pas à la vue du lynx, animal dont le sens de la vue n'est pas plus aigu que celui des autres félins.
La forme originelle de cette expression n'était pas "Oeil de lynx" mais "Œil de Lyncée".
Dans la Mythologie grecque, Lyncée fut l'un des Argonautes qui accompagnèrent Jason dans l'épisode de "La Quête de la Toison d'Or". Il était le pilote de l’Argo, ce navire dont la légende nous dit qu'il transporta les Argonautes dans leur épopée.
Lyncée possédait une vue si perçante qu’elle lui donnait la faculté de voir à travers les murailles, les rochers, jusqu'au fond de la mer, jusqu’au centre de la Terre et au-delà des nuages.
C'est probablement aux alentours du XIIe siècle que la confusion entre les termes "lins" (lynx) et "Lyncée" aurait donné sa forme actuelle à l’expression "Avoir un œil de lynx".
Petit résumé de l'épopée de la Toison d'Or
Un jour, Zeus fit apparaître un bélier ailé. L'animal fut sacrifié mais on prit soin de conserver sa toison qui était en or. Elle fut offerte à Aeétès roi de Colchide qui la cloua à un chêne sacré gardé par un dragon. Longtemps après, en Thessalie, un jeune prince nommé Jason réclamait son trône à son oncle Pélias dont ce dernier s'était emparé. Pélias consentit à lui restituer le royaume, mais à la condition que Jason lui rapporte la toison d'or.
La toison d'or du bélier merveilleux était un talisman conférant puissance et immortalité. Avec cinquante compagnons (les Argonautes), Jason embarqua sur un vaisseau, l'Argo, à destination de la Colchide. Lorsqu'il parvint en ce lieu, il se rendit auprès du roi Aeétès. Celui-ci accepta de céder la Toison d'Or à la condition que les héros accomplissent certaines tâches apparemment impossibles.
Or Médée, fille du roi Aeétès, tombe amoureuse de Jason, charmée par sa détresse. Médée est experte en magie. Le héros convoitant surtout l'aide providentielle que ses pouvoirs pourraient lui apporter, cède à ses charmes.
Médée donne à son amant un onguent dont il doit s'enduire le corps afin de se protéger des flammes du dragon qui veille sur la Toison d'Or. Elle lui fait aussi présent d'une pierre qu'il jette au milieu des hommes armés : aussitôt, les guerriers s'entretuent et le héros peut s'emparer de la Toison.
C'est ainsi que les Argonautes purent triompher des différentes embûches et conquérir la Toison d'or, et s'enfuir.
"Humilité : humus de l'humanité ?"
Par chercheursdeverites Le 27/05/2015
Connaissiez-vous le point commun entre les mots "humilité" et "humanité" ?
L'humilité est l'état d'esprit d'une personne qui a conscience de ses insuffisances, de ses lacunes, de ses faiblesses ayant dans certains cas tendance à sous-estimer ses propres qualités, ses propres talents ou ses propres mérites. C'est également une vertu permettant intimement de maîtriser et juguler les poussées d'orgueil. Elle s'oppose à la vanité qui est le désir de se faire valoir, d’être approuvé par les autres.
Sous un aspect social, elle caractérise également une condition modeste, une position sans prestige.
L'humanité désigne d'une part l'ensemble de l'espèce humaine, et d'autre part, un caractère philanthrope, bienveillant.
Étymologiquement, les mots "humilité" et "humanité" sont intimement liés par leur racine latine commune : "humus".
Le mot humilité, dérive du latin "humilitas", dont la racine est "humus" : la terre. Le terme latin "humus", issu du grec "khamai", en sanskrit "ksam", "dghem" en indo-européen, se rapporte en toutes ces langues à la terre dans le sens de sol. Nous retrouvons cette assimilation à la terre dans le nom "Adam" qui, dans les langues sémitiques (adama ou ha-adamah) signifie "humanité, homme" mais également "l'argile, la glaise, la terre".
Le "humus" latin devint en bas-latin "homo" : ce qui est au sol, mais aussi "homme" (à ne pas confondre avec le préfixe grec "homo" signifiant "semblable, pareil").
Au Moyen-Âge "homo" devint "hum" et prit le sens de "vassal" ; "hume" devient "homme" ou "soldat", synonyme de "soumis", "modeste" au sens latin de "humilis" (humble, peu profond).
L'humanité peut-elle croître et survivre sans l'humus de l'humilité ?
Bien en amont de toute autre ambition, la reconnaissance et l'acceptation de cette racine vitale ne serait-elle pas - pour l'humain digne de ce nom - la clé de son devenir ?
Ainsi que le disait Marcel Aymé : "L'humilité est l'antichambre de toutes les perfections et sans celle-ci, toutes les vertus sont des vices."
"Toulouse fut libre à bon droit et le sera sans fin"
Par chercheursdeverites Le 29/04/2015
"Libera jure fuit et erit sine fine Tolosa"
Telle est la devise ancienne de la ville de Toulouse
Cette devise date du XVe siècle. Plus tard on lui substitua : "Per Tolosa totjorn mai" ("Pour Toulouse, toujours plus").
Selon une légende en vogue à la Renaissance, la ville rose aurait été fondée par Tholus, petit-fils de Japhet, lui-même deuxième fils de Noé, qui aurait donné son nom à la cité.
L'origine du nom de Toulouse est aujourd'hui encore incertaine mais sans doute liée à la peuplade gauloise des Tolosates, probable fraction des Celtes Volques Tectosages (peuple celte originaire de Gaule) dont une partie s'installe sur les hauteurs de la vallée de la Garonne au IIIe siècle av. J.-C.
Ce nom apparaît dans des écrits antiques aux environs du IIe siècle av. J.-C. : "Tholos" en grec, "Tolosa" en latin et en occitan puis devient Tholose en français, avant de se transformer en Toulouse vers la fin du XVIIe siècle.
Certains linguistes considèrent que le mot "Tolosa" serait d'origine ibère, d'autres penchent plutôt pour l'influence celtibère, peuple qui occupait le sud des Pyrénées. L’origine la plus probable du mot Tolosa proviendrait du préfixe "tol", désignant un "gué" ou une "rivière", ou encore "tolso", "torsadée, tordue". En effet, l'emplacement de la ville proviendrait de la facilité de franchissement de la Garonne en ce lieu, le passage d'un gué, étant par ailleurs attesté au pied de l'oppidum de Vieille-Toulouse.
N.B. Les archéologues ont réutilisé le terme tholos afin de désigner des tombes
d'époque mycénienne, l'utilisation de pierres parfaitement taillées donnant à ces dernières l'aspect de ruches d'abeilles.
Par extension, le terme a été utilisé pour
désigner des édifices circulaires à l'époque romaine.
Une "tholos" peut désigner une construction néolithique à structure circulaire.
En Espagne on trouve des bâtiments identiques dans Los Millares, datés de la fin du IVe millénaire av. J.-C.
Un peu d'histoire
La ville est habitée depuis la Préhistoire par une tribu celte : les Volques Tectosages, jusqu'à l'arrivée des Romains, qui y fondent Tolosa.
Le premier commerce qui assura la prospérité de Tolosa fut celui du vin d’Italie, acheminé via Narbonne. D’autres produits de luxe suivirent le chemin tracé par le vin romain, de la vaisselle notamment. Pour disposer de toutes ces richesses, la province s’adonnait, en vrac, à la vente de produits agricoles, et à la vente d’esclaves. La Garonne était utilisée pour le transport de marchandises sur des barges à fond plat et sur les ancêtres des gabares en aval de Toulouse.
Toulouse fut la cité la plus prospère de la Gaule narbonnaise.
- Le IIIe siècle ap. J.C. est marqué par le martyre de saint Saturnin, premier évêque de
Toulouse en 250. Cet évènement marque le début de la conversion de la ville au christianisme. Saint Saturnin refusant le culte romain est condamné à être attaché au jarret d'un taureau. Là où son corps serait tombé, on construisit plus tard l'église Notre-Dame du Taur. Plus tard, au XIe siècle, on édifia une basilique afin d'y abriter ses reliques : la Basilique Saint Sernin (Sernin étant la contraction de Saturnin).
- Au Ve siècle, ce sont les Wisigoths (peuple germanique issu des Goths) qui prennent la cité en 418. Tolouse devient alors la capitale du Royaume Wisigoth. Ils règneront jusqu'en 507 date à laquelle ils laisseront place aux Francs.
- Au VIIIe siècle, le duc Eudes d'Aquitaine repousse l’envahisseur arabe lors du siège
de Toulouse (en 721) : venue d'Espagne, l’armée d’El-Samah - gouverneur de la péninsule ibérique (Al-Andalus) sous les Omeyyades de Damas - subira une cuisante défaite. Moins connu que celui de Poitiers, en 732, ce siège aurait été déterminant pour l’avenir de la France.
En 862, Toulouse est pillée par les Vikings du chef Hasting.
La fin des Carolingiens marque le début de la féodalité. Durant cette période, Toulouse est dirigée par des comtes.
- Au XIIe siècle, on crée le "capitoulat", administration municipale typiquement toulousaine composée de de huit capitulaires et créée sous le nom de "commun conseil de la Cité et du Bourg". les "Capitouls" s’octroient les droits de police, de commerce, d’imposition.
Au Moyen Âge, la ville sera longtemps indépendante, jusqu'à son rattachement au Domaine Royal en 1271.
Les cathares ou Albigeois
Dès le Xe siècle, le catharisme avait fait son apparition en Europe. Du grec "katharós", "pur", le catharisme est une doctrine présentant beaucoup de similitudes avec le manichéisme qui était pratiqué par les Pauliciens et les Bogomiles de Bulgarie,
Le manichéisme - sorte de réforme du zoroastrisme - fut fondé par le perse Mani au IIIe siècle de notre ère. Peintre, visionnaire et philosophe, poète, musicien, médecin, Mani transmit une vision du monde et de la vie si puissante que son enseignement se répandit, de manière totalement pacifique, de l’Afrique à la Chine, des Balkans à la péninsule arabique. Le manichéisme est syncrétisme du zoroastrisme, du bouddhisme et du christianisme.
Tout comme le manichéisme, le catharisme professe la séparation du matériel et du spirituel. Il s’oppose en cela à la confession catholique.
Ils considèrent que l'Église officielle a trahi sa mission. Ils ne reconnaissent ni le dogme ni les enseignements de l'Église catholique mais se revendiquent eux-mêmes chrétiens et se désignent l'appellation de "Bons Hommes" et "Bonnes Femmes".
En effet, les prédicateurs cathares du Midi sont servis par l'image déplorable que donne du catholicisme le clergé local. Prélats et curés se vautrent volontiers dans la luxure mais ne s'en montrent pas moins exigeants à l'égard de leurs ouailles en termes de morale.
Les Parfaits et les Parfaites (nom usuel que les inquisiteurs donnent aux Bonshommes et Bonnes Femmes) affichent au contraire une austérité irréprochable, empreinte de douceur et de sérénité mais témoignent d'une grande compréhension envers les écarts de conduite de leurs fidèles. Ils vivent chastement et s'interdisent toute nourriture carnée, prenant au pied de la lettre le commandement biblique : "Tu ne tueras point".
Ils croient en la métempsycose (réincarnation de l'âme après la mort dans un corps humain ou celui d'un animal). L'âme passant d'être en être, se réincarne dans le corps d'un autre homme, femme ou animal, il était donc interdit de tuer.
La fin du monde n'était pas considérée comme une catastrophe, mais comme une extinction progressive, les âmes sauvées désertant la terre et Satan restant seul dans son néant.
Les cathares n'avaient pas de lieu de culte, peu de sacrements et niaient l'eucharistie. C'est un clergé itinérant qui délivre les sacrements et dévoile les textes, dans les maisons, les châteaux ou sur les places de village.
Les cathares ne reconnaissent qu'un seul sacrement, le "consolamentum", qui efface toutes les fautes passées et garantit la vie éternelle.
Le rite du "consolament"
Le "consolament" est un véritable baptême délivré en deux occasions, soit lors d'ordination des nouveaux prêtres réservée aux novices, des hommes et des femmes, croyants depuis au moins un an, ou alors aux croyants qui le demandaient à l'article de la mort. Pendant une période probatoire fixée à un an, le novice pouvait ainsi s'entraîner aux abstinences rituelles assez rigoureuses. Il recevait ensuite d'un "parfait" la "consolation", une simple imposition des mains.
Seuls les Bonshommes et les Bonnes Femmes (appellation usuelle des prédicateurs cathares) se sentent assez fermes dans leur foi pour le demander en pleine force de leur âge. Ils sont les seuls également à pouvoir donner le "consolamentum".
Les cathares s'étendent progressivement dans le Midi de la France au XIIe siècle.
Toulouse et Albi deviennent deux lieux d'implantation importants et durables pour les cathares d'où le nom parfois employé "d'Albigeois" pour les désigner.
Toulouse devient en 1167 l'une des cinq Églises cathares indépendantes rejetant la puissance catholique.
Les cathares et leurs adeptes deviennent rapidement la cible de l'Église romaine.
Ils sont alors condamnés comme hérétiques.
En 1233 et 1234, des tribunaux d'Inquisition sont mis en place par le pape Grégoire IX.
Les cathares sont traqués.
Le 16 mars 1244, au pied de la forteresse de Montségur, plus de 200 hérétiques qui ont refusé de renier la foi cathare montent volontairement sur le bûcher.
Leur martyre marque la fin de la croisade contre les Albigeois.
Le traité de Paris de 1229 (appelé aussi traité de Meaux) met fin au conflit albigeois opposant le royaume de France au comté de Toulouse. Il prépare le rattachement définitif des pays occitans au royaume de France. La signature du Traité de Paris à l'issue de la guerre contre les Albigeois et le comte de Toulouse, permet de s'emparer du comté de Toulouse. Jeanne de Toulouse (héritière du comté) sera mariée, en 1237, à Alphonse de Poitiers frère de Louis IX (Saint Louis).
À la mort d'Alphonse et de Jeanne son épouse en 1271, et en l'absence d'héritier, le domaine toulousain fut intégré au domaine royal français.
Le Blason : "De gueules à la croix cléchée et pommetée de douze pièces d'or, montée sur une hampe du même posée en pal, adextrée d'un château donjonné de trois tours et senestrée d'une basilique de trois clochers, le tout d'argent maçonné de sable, à l'agneau pascal aussi d'argent, la tête contournée et nimbée d'or, brochant sur le tout ; au chef cousu d'azur semé de fleurs de lys d'or."
La croix du Languedoc, également nommée croix occitane ou encore croix de Toulouse, semble avoir des origines très anciennes. Cette croix aux douze points semble avoir été l'un des symboles d'un peuple gaulois implanté au IIIe siècle av. JC.. Elle s'impose dans le domaine toulousain au début du XIIIe siècle.
Signification
La croix représentée est celle des comtes, la fameuse croix de Toulouse. L'agneau chrétien aurait été à l'origine un bélier. Cet animal, symbole de la force, serait le signe premier de la ville et remonterait à l'époque romaine. Le monument à dextre évoque le Château narbonnais, celui à senestre la basilique Saint Sernin avec la flèche, un ajout "moderne", au lieu d'un dôme avec trois croix. Le chef de France ancien s'explique par l'héritage du comté de Toulouse au bénéfice de Philippe III le Hardi, roi de France, qui visita la ville en 1272. Toulouse en tant que "bonne ville du royaume" avait le droit de porter le chef de France sur ces armoiries.
Par chercheursdeverites Le 20/04/2015
Connaissiez-vous l'origine de l'expression "Payer en monnaie de singe" ?
De nos jours, elle sous-entend clairement la malhonnêteté d'une personne qui s'arrange pour ne pas payer ce qu'elle doit.
À l'origine cette expression se rapportait à une sorte de paiement en nature.
Selon les livres des métiers du XIIIe siècle, Saint-Louis instaura une taxe payable par les marchands qui emprunteraient le Petit-Pont de Paris reliant l'île de la Cité à la rue Saint-Jacques.
Parmi les marchands, ceux qui passaient ce pont pour aller vendre un singe dans la Cité devaient acquitter un droit dont le montant était de quatre deniers. Exception fut faite pour les bateleurs (jongleurs, saltimbanques et artistes de rue) qui possédaient des singes afin d'amuser les badauds ; le roi leur aurait accordé le droit de "payer" en grimaces ou en numéros de cirque.
Cette particularité du règlement exemptait également de cette taxe les jongleurs ne possédant pas de singe, lesquels, pour tout droit, devaient exécuter quelques acrobaties ou mimes devant le receveur du péage,
Ceux-ci payaient donc "en monnaie de singe".
Dès le Moyen-Âge, on appelait "bateleurs" les mimes, ceux qui contaient des récits bouffons et exécutaient des tours d’adresse.
Ce terme dérive de l'ancien français "baastelou", "bastel", signifiant "jonglerie", illusion, "escamotage", "batelage" dont le mot "bateau" est issu lui aussi.
De nos jours, un bateleur est un amuseur public.
C'est également le nom du premier arcane majeur du tarot de Marseille. Il figure un jongleur, un joueur, un magicien, un illusionniste, un artiste ou un artisan afin d'interpeler sur l'aspect ludique du monde, de la vie et de la réalité temporelle et existentielle.
Par chercheursdeverites Le 18/04/2015
Connaissiez-vous l'origine de l'expression "Comment allez-vous ?" ?
L'expression remonte à l'Antiquité romaine. L'usage voulait que l'on s'enquière de la santé d'une connaissance lorsqu'on la rencontrait en lui disant : "Quomodo vales ?", "Comment vas-tu ?".
"Vales", du verbe "valere", signifiait "être bien portant".
Or, ce que l'on entendait à l'époque par "être bien portant", concernait la régularité avec laquelle on allait à la selle ainsi que la consistance et la couleur des fèces qui étaient les indicateurs d'une bonne ou d'une mauvaise santé.
Cette phrase sous-entendait donc : "Comment allez-vous à la selle ?".
L'expression conserva tout son sens lorsqu'elle fut reprise en français, mais la fin de la phrase s'est perdue. On sait que dès l’antiquité d’extraordinaires qualités thérapeutiques sont attribuées à l’urine.
Au Moyen-Âge, les médecins sont tout aussi attentifs au dégagement du ventre qu'aux urines et pratiquent les lavements à l'aide d'un clystère ; une abondante littérature en témoigne.
Au XIIIe siècle, le mot "selle", du latin "sella" désignait un siège, plus précisément
le "siège des artisans qui travaillent assis" ou le "siège des professeurs", mais également, la selle du cavalier. À la fin du XIVe,
"la selle" (au singulier) désigne les excréments.
Plus tard, au XVe siècle, le mot devint synonyme de "chaise percée", siège sous lequel un pot était placé et que l'on appellera successivement "selle aisée", "selle nécessaire" puis "selle percée". La "garde-robe" désignait une pièce où se trouvait la chaise percée : "aller à garde-robe" se disait pour "aller à selles".
Henri IV utilisait le terme de "chaise d'affaires". On prêtait de l'importance à connaître l'état des selles, les médecins croyant que les humeurs trahissaient l'état intérieur. Les selles étaient mirées quotidiennement par le médecin royal, qui examinait, sentait et goûtait éventuellement le contenu des chaises d'affaires, déclarant souvent qu'un "dérèglement de boyaux" pouvait être fatal.
Louis XIV déjeunait, dînait et soupait souvent en public.
Moyennant 60 000 écus voire 100 000 écus, un gentilhomme pouvait obtenir un "brevet d'affaires". Ce brevet octroyait à leurs détenteurs le privilège de rencontrer le roi Louis XIV sur sa chaise percée, occupé à se soulager. Le roi se mettait en cette situation plus par cérémonie que par nécessité.
Un porte-chaise d'affaires pouvait acquérir sa charge au prix de 20 000 livres ; celle-ci était reprise à sa mort par son fils. Son rôle consistait à dissimuler les selles royales.
La matinée du roi commençait ainsi :
8h30 : Petite Entrée du médecin et du chirurgien ordinaire, de l’intendant et du contrôleur de l’argenterie, du premier valet de la garde-robe, puis "entrée d'affaires" des gentilshommes titulaires du "brevet d’affaires". Le roi s'installait sur sa "chaise d'affaire", le barbier achevait de le peigner et de lui ajuster sa perruque.
(Sous Louis XV, les mœurs changèrent et le roi s'enfermait dans son "cabinet d'affaires".)
Pas moins de deux cents chaises d'affaires étaient réparties dans le château de Versailles.
Au XVIIe siècle, les rares cabinets de toilettes publiques (Louvre, Versailles, etc.) étaient très encombrés ; les besoins se faisaient en commun, les discussions et confidences allant bon train, rythmées par les allées et venues. Mais tout le monde n'adoptait pas cette attitude publique.
Pour autant, et contrairement à ce qui est souvent rapporté, on ne se soulageait pas systématiquement sous un escalier ou dans un endroit plus ou moins discret. Des porteurs mettaient à disposition des seaux pour assurer quelque commodité, moyennant une petite rétribution.
Plus récemment, chez les militaires (principalement dans la légion), lorsqu'ils étaient en campagne ou à l’époque coloniale, les maladies tropicales et la dysentrie étaient très redoutées car elles étaient souvent mortelles. Ainsi, la question "Comment vas-tu ?" était devenue, par convention, "les urines sont-elles claires ?" ou encore "les selles sont-elles bonnes ?".
N.B. Dans l'Antiquité, on aurait utilisé la chaise percée dans le déroulement de l'accouchement, notamment lors de la délivrance, pour faciliter l'expulsion du placenta sous l'effet de la pesanteur. Cette chaise était en usage au XVIe siècle.
"Brive, Amiens, Pontoise et Saint-Lô"
Par chercheursdeverites Le 29/03/2015
Connaissiez-vous le point commun entre Brive, Amiens, Pontoise et Saint-Lô ?
Si nous remplaçons Brive par "Briva", Amiens par "Samarobriva", Pontoise par "Briva Isara" et Saint-Lô par "Briovera" qui étaient leurs noms d'origine, nous retrouvons l'élément "briva" ou sa variante "bria". En langue celtique, "briva ou "bria" signifie "pont".
Les Gaulois, ou Celtes, étaient sans doute installés dans une partie de la Gaule dès le IIe millénaire av. J.-C., puis leur population s’est étendue, en France, jusqu’à la Méditerranée et aux Pyrénées. Ainsi, beaucoup de racines celtiques (ou gauloises, c'est la même chose) sont utilisées dans des noms composés. Certains des appellatifs toponymiques jadis considérés par les spécialistes comme pré-latins ou pré-celtiques sont identifiés aujourd'hui avec plus de certitude comme celtiques.
Ainsi, Brive (Briva) est traversée par la Corrèze, dans le département français portant son nom. Un pont en bois dit "le pont du Buis" enjambait la Corrèze. Au XVe siècle, un pont de pierre à treize arches traversait les marais (guierles : îles marécageuses) plus proches de la cité.Amiens (Samarobriva) est traversée par la Somme dont le département porte le nom : "Samara" désigne la Somme donc, "Pont sur la Somme".
Saint-Lô (Briovera), en vieux français Briovère : "bri(v)a", pont, et "Vera", la Vire, "le pont sur la Vire".
Saint-Lô se trouve sur la Vire. "Vira" ou "ver", "var" en gaulois signifie "eau".
Au VIe siècle, la ville prit le nom de Saint-Laud, évêque de Coutances et de Briovère particulièrement honoré, et aurait abrité son tombeau. Par la suite, le nom de la ville devint Saint-Lô."Samara", "isar" et "vira" sont des hydronymes : du grec ancien "hydros", "eau", et "ónoma", "nom" c'est-à-dire des noms de cours d'eau ou d'étendues d'eau.
Par chercheursdeverites Le 22/03/2015
Connaissiez-vous l'origine de l'expression "Tenir la dragée haute" ?
"Tenir la dragée haute", c'est tenir tête à quelqu'un, mais aussi une façon de chercher à le soumettre en le faisant attendre ou dépendre de quelque chose.
Cette expression remonte au XVIIIe siècle.
Le mot "dragée" est une déformation de deux mots de l'ancien français du XIIIe siècle : "dragie" provenant du latin "tragemata" et signifiant "friandises" et "dravie", issu du gaulois "dravoca" et désignant "l'ivraie".
L'origine de cette expression aurait donc deux sources :
Il existait un ancien jeu qui consistait à amuser les enfants en suspendant une friandise par un fil afin que ceux-ci essaient de s'en emparer.
C'était une certaine forme de pouvoir que détenait celui ou celle qui tenait le fil, le haussant ou l'abaissant selon son bon plaisir afin d'empêcher les marmots d'attraper trop facilement la friandise.
La "dravie" (ivraie) était une botte de fourrage vert, mêlant grains de froment et de sarrasin - parfois mélange de vesce, d’avoine, de fèves et de bisailles - friandise dont raffolent les équidés mais dont ils ne doivent pas abuser à cause de ses riches propriétés nutritives.
Les dragies étaient placées haut dans son râtelier, hors de sa portée. Et on ne lui en distribuait qu'avec parcimonie.
Le terme "ivraie" dérive du latin populaire "ebriacus", (ivre) : il existe plusieurs espèces d'ivraies dont certaines, consommées en petite quantité, induisent des effets comparables à l'ivresse, d'où son nom populaire.
Un peu d'histoire
En grec ancien, le mot "trágêma" (tragemata en latin) signifie "friandise", et désigne un mets servi à la fin du repas en guise de dessert. On en trouve aussi des traces à l'époque romaine, puisque Julius Dragatus, confiseur de la famille des Fabius, l'aurait inventée, en laissant accidentellement tomber une amande dans une jarre de miel.
La dragée aurait également pour ancêtre une friandise appelée "diagragum", fabriquée au Moyen Âge à partir de la sève d'un arbre d'Anatolie.
En France, elle est créée en 1220 par un apothicaire (les seuls autorisés à faire commerce du sucre) de la cité de Verdun, qui cherche un moyen de faciliter la conservation et le transport des amandes qu'il utilise. Il a alors l'idée de les enrober de sucre et de miel durcis à la cuisson, faisant de Verdun un important centre de fabrication et le symbole de la ville. Le sucre de canne, rapporté du Moyen-Orient par les croisés, est bientôt favorisé à la place du miel dans la confection des dragées en raison de l'apparence lisse obtenue ainsi.
En 1750, un confiseur parisien, Pecquet, invente une dragée lisse en faisant cuire du sirop de sucre autour d'une amande dans des bassines qu'il fait tourner toute une journée. Ce dragiste, créateur de la dragée moderne, devient le fournisseur officiel de la Cour au point que Paris détrône la capitale des dragées, Verdun. En 1777, une ordonnance royale retire le privilège du commerce du sucre aux apothicaires pour le remettre aux confiseurs.
"Se mettre sur son trente-et-un"
Par chercheursdeverites Le 15/03/2015
Connaissiez-vous l'origine de l'expression "Se mettre sur son trente-et-un" ?
"Se mettre sur son trente-et-un" est une façon de dire que, pour une occasion importante, l'on se pare de ses plus beaux atours.
Cette expression aurait deux origines possibles.
La première nous renvoie à l’armée de terre dont l’instruction officielle relative aux uniformes des militaires prévoit diverses tenues selon les occasions (tenue de service, de sport, de combat, tenue de tradition, tenue historique et tenue de cérémonie).
Depuis le début du XIXème siècle, "se mettre sur son trente-et-un" signifie endosser la tenue d'apparat qui était décrite au paragraphe 31 de cette instruction officielle.
La deuxième serait une déformation du mot "trentain". Au Moyen-Âge, le trentain était un luxueux tissu composé de trente fois cent fils (3000 fils tissés) dont le prix était extrêmement élevé. Le trentain n’étant porté que par des personnes fortunées, ce tissu était assez méconnu du reste de la population et son nom se serait transformé en "trente-et-un".
Qui sait si l'article 31 du code vestimentaire militaire ne prévoyait pas l'usage du trentain pour les uniformes de cérémonie des officiers supérieurs...
N.B. Les règles qui définissaient la qualité des matières premières, l'art et la manière de tisser, les dimensions de l'ouvrage, le nombre de fils (la trame qui servait à la fabrication de certains draps pouvait parfois être composée de 1800 fils) étaient extrêmement rigoureuses. Les contrevenants encouraient de lourdes peines : ceux qui auraient délibérément réduit la taille de leurs ouvrages étaient condamnés par le tribunal à avoir une main tranchée, ce qui les empêchait définitivement de reprendre le métier de tisserand.
Par chercheursdeverites Le 05/03/2015
Connaissiez-vous l'origine de l'expression "Bayer aux corneilles" ?
Elle est couramment utilisée pour désigner une personne regardant en l'air bouche ouverte. Mais pourquoi écrire "bayer" plutôt que "bâiller" ?
Même si "bâiller" semble bien correspondre au sens de cette expression, nous parlons ici de "bayer", qui signifie s’étonner, rester bouche bée.
En dépit de leurs nuances respectives, les deux verbes "bayer" et "bâiller" ont la même racine : du verbe latin "bataculare", "batare" - ou "badare" en latin populaire -, signifiant "être béant, ouvert". Passant par l'ancien français aux VIIe - VIIIe siècles, "badare" ou "battare" devient "baer", "baier", "beer" c'est-à-dire "ouvrir, être ouvert", "aspirer ardemment, convoiter, rêver".
Au sens de "bâiller", le verbe latin "batare" serait onomatopéique, exprimant le bruit que l'on fait en ouvrant la bouche.
C'est au XVIIe siècle que le verbe "bayer, béer" (au sens abstrait) a été confondu avec "bâiller".
On dit ainsi d'une étoffe qu'elle bâille lorsqu'elle n'est pas suffisamment tendue, ou d'une porte qu'elle bâille lorsqu'elle n'est pas fermée (entrebâillée - entrouverte).
Mais pourquoi dit-on bayer aux "corneilles" ?
Au XVIIe siècle, l'expression exacte était "bayer aux grues". On peut donc y voir une référence aux corneilles, ces oiseaux appartenant à la famille des corvidés. Mais les "corneilles" (déformation de "cornouilles") sont également les fruits du cornouiller (cornus), arbre originaire du sud de l'Europe et de l'Asie.
"Corneille" vient du latin, "cornicula", dérivant de cornix (cornix et -ula). "Cornus" signifie à la fois "cornouiller et "corne", tous deux de consistance très dure. "Cornus" et "cornix" étant probablement issus d’une même racine, il est amusant de retrouver cette parenté entre le fruit et l’oiseau, la cornouille et la corneille.
Au XVIe siècle, le terme "corneille" s’est étendu, désignant un objet insignifiant, sans importance. L'expression "voler pour corneille" exprimait le fait de chasser un gibier sans valeur. Cet usage du mot "corneille" renforce l’image de futilité que nous associons aujourd’hui à "bayer aux corneilles". Selon le sens des différents termes qui constituent cette expression, nous pourrions ainsi la traduire par "rester la bouche ouverte devant une chose sans intérêt".
N.B. Il existait chez les Celtes une déesse-corneille, déesse guerrière connue des Gaulois sous le nom de Catubodua, dont l'équivalent irlandais paraît être la déesse Badb. D’autres déesses guerrières gauloises telles que Boudina, Bodua, et Boudiga, dont les noms partagent la même racine qui cette fois signifierait "victoire". Catubodua pourrait ainsi être comparable à la déesse romaine Victoria et à la déesse grecque Niké.
L'association de la corneille et de la guerre est par ailleurs bien connue dans la mythologie nordique, avec les fameuses Walkyries qui, revêtues d’une armure volaient, dirigeaient les batailles, distribuaient la mort parmi les guerriers et emmenaient l’âme des héros au Valhalla, le grand palais du dieu Odin.
C’est en bois de cornouiller qu’aurait été construit le cheval de Troie : il provenait d’un bois consacré à Apollon Karneios, sur le Mont Ida, hauteur qui domine la plaine de Troie.
"Avant ! Avant ! Lion le Melhor"
Par chercheursdeverites Le 02/03/2015
"Avant ! Avant ! Lion le Melhor"
Telle est la devise de la ville de Lyon.
Le cri de guerre de la ville de Lyon (en francoprovençal) attesté depuis 1273 est : "Avant, Avant, Lion le melhor" qui signifie : "En avant, en avant, Lyon la meilleure".
Le 14 septembre 1269, les "Bourgeois" (marchands, banquiers, artisans) s'estimant floués par le pouvoir ecclésiastique se révoltentt. C'est une "rebeyne" (rebeyne en lyonnais signifiant "émeute"). Galvanisés par leur cri de guerre, les Lyonnais attaquent et gagnent leur indépendance contre l’Eglise, obtenant ainsi le droit de s'administrer eux-mêmes Leur cri de guerre est depuis devenu la devise de la ville de Lyon.
Lyon - "Lugdunum" - est occupé de façon continue depuis le VIe siècle av. J.-C., soit bien avant l'arrivée des Romains.
Lugdunum est le nom gallo-romain d'origine celtique de la ville de Lyon.
Le nom de Lugdunum (Lugu-dunum) est issu du nom de Lugus, venant lui-même de l'irlandais "Lug", ou du gallois "Lleu", dieu suprême de la mythologie celtique, et de l'élément celtique "-duno" (forteresse, colline), dieu auquel un autel aurait été consacré sur l'actuelle colline de Fourvière.
Le nom de la ville signifie donc "colline, forteresse du dieu Lugus".
Diverses étymologies du nom du dieu Lugos ont été proposées : "Lugus" rapproché du gaulois "lugos" ou "lougos", aurait signifié "corbeau", soit par le nom du lynx, le nom de Loki, ou encore une épithète de théonyme signifiant "le Lumineux, le Brillant". En ce cas, le nom du dieu serait lié à la racine indo-européenne "leuk-" "briller" que l'on retrouve par exemple en grec dans "leukos" "brillant, blanc" ou le latin "lux" "lumière", Lugus étant une divinité solaire et de la lumière.
Une légende rapporte que, à l'instar de Rome fondée par Romulus et Rémus, Lugdunum devrait sa naissance à deux personnages celtes, le druide Mômoros et le roi Atepomaros.
Le traité sur les cours d'eau "De fluvii" attribué à Plutarque relate ainsi la création de Lyon :
"L'Arar est un cours d'eau de la Gaule celtique, ainsi nommé jusqu'à sa réunion avec le Rhône. Auprès de cette rivière s'élève un mont appelé Lougdouno ; il a changé de nom pour la raison que voici : Mômoros et Atépomaros, chassés du pouvoir par Sésèroneus, vinrent sur cette colline, obéissant à un oracle, pour y fonder une ville. Alors qu'on creusait ses fondations, tout à coup, apparurent des corbeaux, voltigeant de tous les côtés, qui emplirent les arbres alentour. Alors Mômoros, expert en présages, appela cette ville "Lougdounon". En effet, dans leur dialecte, on appelle corbeau "logos" et une éminence "dounon".
Mais l'interprétation selon laquelle Lugdunum serait "la colline ou la forteresse (dunum) dédiée au dieu Lug semblerait la plus adéquate.
Lugdunum a été progressivement réduit en "Lyduum" puis "Lyon". Cette homonymie, fruit du hasard, a influencé le choix du lion comme symbole de la ville. Mais cette ressemblance n'est pas la seule origine du lion à Lyon car il est utilisé comme emblème par la cité dès l'Antiquité. Il est possible qu'il ait été adopté en l'honneur de Marc-Antoine qui l'avait pris pour symbole. Marc-Antoine avait séjourné en Gaule avec Jules César (il avait été le trésorier de son armée pendant la guerre des Gaules).
Les Allobroges, peuple gaulois occupant la Savoie et le Dauphiné (le nord de la province romaine de Narbonnaise), se révoltent contre Rome en 61 av. J.-C. sur le site de Solonion - probablement Soyons, en Ardèche -. En 58 av. J.-C., César les trouve mal disposés. Il aurait établi, après la conquête de la Gaule (de 58 av. J.-C. à 52 av. J.-C.), un plan de construction de cités visant à stabiliser et à pacifier les territoires nouvellement conquis. Ainsi auraient été fondées, sur un axe sud-ouest nord-est, les villes de Lugdunum (Lyon), Noviodunum(Nyon en Suisse) et Augusta Raurica (Augst, près de Bâle, en Suisse)
Lugdunum fut officiellement fondée en 43 av. J.-C. par Lucius Munatius Plancus, ancien officier de César, proconsul en Gaule. En 27 av. J.-C., le général Agrippa, gendre et ministre d'Auguste divise la Gaule. La position clé de Lugdunum, au confluent de l'Arar (Saône) et du Rhodanus (Rhône), en fait un important port fluvial. C'est aussi un nœud routier, relié au Sud de la Gaule (la Narbonnaise), à l'Aquitaine, la Bretagne, la Germanie et bientôt l'Italie. Cette double position met Lugdunum en contact avec l'ensemble de l'Empire.
Lugdunum devient la capitale de la province de Gaule lyonnaise et le siège du pouvoir impérial pour les trois provinces gauloises. Centre politique, religieux et commercial important, la cité se développe considérablement, devenant une ville cosmopolite.
Elle acquiert alors son titre de "Capitale des Gaules".
Un peu d'histoire
Les premiers habitants de Lugdunum sont des vétérans chassés de Vienne par les Allobroges vers 44 av. J.-C.. Bien que les motifs ne soient pas connus, on sait que les Allobroges font partie des dernières tribus gauloises à se soumettre à Rome. Des événements antérieurs à la colonisation révèlent un antagonisme entre les deux cités. Lugdunum et Vienne (Colonia Julia Vienna) sont à l'époque deux cités rivales
Au cours des Ier siècle av. J.-C. et le Ier siècle, la ville fait l'objet d'attentions multiples de la part des empereurs.Auguste vient trois fois entre 16 av. J.-C. et 8 av. J.-C., Drusus, frère du futur empereur Tibère, réside à Lyon entre 13 av. J.-C. et 9 av. J.-C. où naît son fils, le futur empereur Claude, en 10 av. J.-C.. La cité reçoit également la visite des empereurs Caligula entre 37 et 41 ( il est resté en Gaule pour préparer l'invasion de la Bretagne). et Claude en 43 et 44 (à l'aller et au retour de la conquête de la Bretagne).
En 65, Lugdunum est victime d’un terrible incendie. Néron soulagea le désastre de Lyon par le don de quatre millions de sesterces qu'il fit à la ville pour la relever de ses ruines ; les Lyonnais avaient eux-mêmes offert cette somme lors de l'incendie de Rome qui avait eu lieu l'année précédente.
Dès 19 av. J.-C., Auguste aménage le réseau urbain qui accueille les quatre voies ouvertes à travers la Gaule. On traça la première vers le pays des Santons (Saintonge) et d'Aquitaine, la deuxième vers le Rhin, la troisième vers l'océan par la Gaule belgique (nord et nord-ouest), la quatrième vers Narbonne et Marseille.
À son apogée, sous les Flaviens (de 69 à 96), puis sous les Antonins (de 96 à 192) Lugdunum prospère et connaît la paix à l'instar du monde romain. Sa population est estimée entre 50 000 et 80 000 habitants, ce qui en fait l'une des plus grandes villes de la Gaule avec Narbo Martius (Narbonne). À la fin du IIe siècle, la population compte environ 30% de Grecs.
Les corporations s'enrichissent : les bateliers (ou nautes) du Rhône et de la Saône, les négociants en vin, les utriculaires (des fabricants d'outres, ou des nautes utilisant des radeaux dont les flotteurs sont des outres), les artistes stucateurs, les potiers.
Durant la période romaine l'inhumation remplace petit à petit la crémation, pratique en usage depuis un bon siècle quand les Romains envahissent la Gaule. La présence de Grecs étant importante à Lugdunum a probablement influé sur ce changement d'usage, les Grecs ayant été en contact avec les Perses (dont la religion zoroastrienne rejette la crémation, car le corps mort souille le feu, principe de toute vie).
Les habitants sont citoyens romains. La christianisation a lieu dès le IIe siècle.
En 437, des tribus germaniques burgondes sont installées en Savoie et Romandie après la destruction de leur royaume de Worms par les Huns et font de Lyon une capitale de leur royaume en 461, avec Vienne et Genève. Le 4 septembre 476 marque la fin de l'Empire romain d'Occident avec l'abdication de l'empereur Romulus Augustule. C'est la fin de la Lugdunum romaine. En 532, ce royaume passe sous la domination franque. Lyon fait alors partie du royaume de Bourgogne né de la chute de l'Empire romain d'Occident et qui fait partie des trois grands royaumes francs avec l'Austrasie (territoires de l'est) et la Neustrie (Nord-Ouest de la France actuelle) où règnent les rois mérovingiens.
La chute de l'Empire romain la relègue à un rôle secondaire dans l'espace européen en raison de son éloignement des centres de pouvoir. Puis la division de l'Empire carolingien la place en position de ville frontière.
Au Xe siècle, la ville de Lyon passe aux mains du Royaume d'Arles, puis à partir de 1058 à celles du Saint-Empire romain germanique.
Du XIe au XIIe siècle, Lyon, est une cité largement indépendante et dominée par les forces ecclésiastiques locales. Se développant lentement, elle est marquée par un immobilisme intellectuel et institutionnel.
Jusqu'au XIVe siècle, le pouvoir politique est tout entier entre les mains de l'archevêque, qui protège jalousement l'autonomie de sa ville.
Lyon lie son sort à la France par sa soumission au roi Philippe le Bel, en 1312 par le traité de Vienne. Elle reste toutefois encore longtemps en marge des grands conflits de ce temps, ne subissant pas la guerre de Cent Ans.
Il faut attendre 1320 pour voir une institution bourgeoise contrebalancer l'autorité ecclesiastique, au moment même où elle doit se soumettre définitivement au royaume de France.
C'est en 1376 que le roi Charles V accorda au blason de Lyon le "Chef de France" symbolisant l’appartenance de la ville au Royaume :
"De gueules au lion grimpant d'argent, au chef d'azur chargé de trois fleurs de lys d'or".
Courage et sincérité.
Le chef de France qui est une bande d'azur fleurdelysée est un privilège accordé par le roi de France aux "bonnes villes de France" qui lui ont été fidèles au Moyen Âge. Ces villes avaient le privilège de se faire représenter au sacre du roi.
Lyon, tout comme Marseille, s’étant révoltée contre la Convention en 1793, fut rebaptisée "ville sans nom" durant quatre semaines (de janvier à février 1794) .
Sous la restauration, en 1815, le roi Lous XVIII augmenta les armoiries de la ville d'une épée dans la patte du lion pour rappeler le siège subi par Lyon pour la cause royale en 1793 et en reconnaissance de la combativité de la cité dans la lutte armée contre la Révolution.
Autres devises de la ville de Lyon
"Suis le Lion qui ne mord point, sinon quand l'ennemi me poingt"
"Ung Dieu, ung Roy, une Loy, une Foy"
"Virtute duce, comite fortuna" (La vertu pour guide, la chance pour compagne)
Cette devise lui est parfois attribuée parce qu'elle est inspirée d'une lettre de Cicéron à Lucius Munatius Plancus, le fondateur de la ville.
N.B. D'autres villes ont porté le nom de Lugdunum, entre autres Laon dans l'Aisne, Saint-Bertrand-de-Comminges (Lugdunum Convenarum) dans la Haute-Garonne, ainsi que les villes de Loudun dans la Vienne et de Leyde (Lugduni Batavorum) aux Pays-Bas.
Deux empereurs romains sont nés à Lyon : Claude, né en 10 av. J.-C.
et Caracalla, né en 186, mais aussi Germanicus et Ponce Pilate qui serait né à Lugdunum dans le quartier de Fourvière vers 10 av. J.-C., mort vers 39 ap. J.-C.
"Mener une vie de bâton de chaise"
Par chercheursdeverites Le 14/02/2015
Connaissiez-vous l'origine de l'expression "Mener une vie de bâton de chaise" ?
Cette expression, définissant un vie désordonnée, agitée voire dissolue, nous vient du XVIIe siècle, époque à laquelle les "chaises à porteurs" sont apparues en France.
La chaise à porteurs était un siège fermé et couvert porté par deux hommes équipés de sangles, permettant de protéger le passager ou la passagère non seulement des intempéries, mais également de la boue ainsi que des ordures qui jonchaient les rues. Elle se composait d'un petit habitacle en bois et de deux longs bras latéraux amovibles appelés "bâtons de chaise" qui permettaient de la soulever ; une portière permettait de s'y installer.
Probablement importée d'Angleterre, cette chaise ambulante, apparaît tout d'abord en tant que service public : ancêtre du taxi, elle est à l'époque le véhicule le plus adapté pour les courts trajets en ville.
Moyen de transport urbain maniable et peu encombrant, la chaise à porteurs fut très utilisée par les personnes de qualité dans toute l'Europe au XVIIIe siècle. D'ordinaire, les chaises à porteurs se trouvaient dans le hall d'entrée des belles demeures, de sorte qu'une dame pouvait y entrer et atteindre sa destination sans avoir jamais à poser son pied délicatement chaussé sur les voies fangeuses. Au retour d'un déplacement, on entrait dans les maisons avec ces chaises que l'on déposait dans les grandes antichambres, puis on en ôtait les bâtons afin ne pas encombrer l'espace.
L'expression "Mener une vie de bâton de chaise" fait donc référence à ces bâtons qui, d'une part étaient constamment manipulés, soulevés, posés, tirés pour dégager la porte de la chaise, remis en place, mais aussi au fait que les porteurs, en attendant le retour de leur passager(e), allaient au cabaret, emportant leurs bâtons pour qu'on ne les leur vole pas.
Au gré des circonstances, ces bâtons amovibles servaient également aux porteurs à se frayer un chemin à travers la cohue, à garantir la sécurité du passager et même, parfois, à le menacer pour le forcer à payer la course. A la sortie des tavernes, les litiges entre concurrents se réglaient à coups de bâtons. La chaise à porteurs, associée à l'Ancien Régime et à l'aristocratie, disparut avec la Révolution française. Elle restera cependant en usage jusqu'à la Belle Époque, notamment dans certaines stations thermales, pour le transport des curistes.
Un peu d'histoire
Sous des formes voisines, la chaise à porteurs existait depuis l’Antiquité, en Afrique et en Asie (palanquin, kago et norimono au Japon). Elle se présentait sous des aspects quelque peu différents ; en Asie, en particulier, la chaise à porteurs peut revêtir de nombreuses formes, dont la plus caractéristique est sans doute le palanquin.
En France, le Moyen Âge voit apparaitre les premiers textes de loi relatifs à la voirie. Jusqu'au XIIIe siècle, les ruelles des villes, vue leur étroitesse, ne comptent guère que des piétons ou des cavaliers. En revanche, les nobles commençant à utiliser des chars, le roi Philippe-le-Bel (1285-1314) est amené à en limiter l'usage.
À la différence des litières des Romains ou des hommes du Moyen-Âge où le passager était couché, la chaise à porteurs offre un siège qui permet de voyager en position assise et limite le nombre de porteurs.
Les "chaises dorées" et "chaises bleues" de Versailles.
Certaines personnes utilisaient les chaises pour gagner leurs appartements-mêmes. C'est ce que faisait Madame de Maintenon à Versailles. Aussi la maison de Louis XIV fut-elle dotée d'un service de garçons porte-chaise, qui bénéficiaient d'une grande considération auprès du souverain. Un tel privilège ne pouvait que susciter des émules et, concurremment aux "chaises dorées", un service de "chaises bleues" fut créé. Les "chaises bleues", contrairement aux "chaises dorées", furent mises en régie, c'est-à-dire que tout en continuant à faire partie du service de la cour, on permit à l'entrepreneur de les louer au public. Est-ce cette circonstance qui rendit intraitables les porteurs de chaises bleues ?
Quoi qu'il en soit, en 1736, le grand prévôt dut édicter des ordonnances de police pour sévir contre l'insolence de ces gens qui, malpropres et mal vêtus, ne cessaient de se quereller et de maltraiter le public. Une intéressante invention est la "vinaigrette" - qui tient sont nom de sa ressemblance avec les petites voitures des vinaigriers - aussi appelée "brouette". Inventée au début du XVIIe, il s'agit d'un véhicule mixte, ayant l'aspect général d'une chaise à porteurs, mais montée sur roues et dotée de ressorts.
Par chercheursdeverites Le 05/02/2015
Connaissiez-vous l'origine de l'expression : "Avoir maille à partir" ?
Usitée pour signifier que l'on a un différend sérieux avec une personne, l'expression née au XVIIe siècle était à l'origine "Avoir maille à départir".
La "maille" dont il est question ici n'a aucun lien avec la couture, le tricot ou la cotte de maille : il s'agit de la plus petite pièce de monnaie émise à l'époque des Capétiens et de très faible valeur.
"N'avoir ni sou ni maille" signifiait n'avoir aucune ressource pécuniaire.
Quant au verbe "partir", il est issu du latin classique "partiri" devenu en latin tardif "partire" signifiant "partager, répartir, séparer", puis au XIIe siècle "se partir" prit le sens de "se quitter, se séparer d'un lieu ou de quelqu'un".
Devant l'impossibilité de partager une monnaie, "départir une maille" donnait lieu à d'inévitables querelles pour une chose de peu de valeur.
N.B. Le nom de "maille" pourrait être un diminutif grossier de "médaille". Mais en réalité, "maille" serait un mot de vieux français signifiant "figure carrée" ; il est possible que cette petite pièce de monnaie ait été ainsi nommée en raison de sa taille mais aussi de sa forme : elle n'était pas plus grande que le trou d'un filet et elle était parfois carrée.
Par chercheursdeverites Le 27/12/2014
Connaissiez-vous l'origine de l'expression "Se tenir à carreau" ?
Lorsque nous disons à une personne : "Tiens toi à carreau !", cela signifie qu'elle est invitée à s'éloigner, à se tenir tranquille ou sur ses gardes, à ne pas se manifester où s'efforcer de passer inaperçue.
L'expression existait sous la forme "se garder à carreau" depuis la deuxième moitié du XIXe siècle. Sa forme actuelle, date du début du XXe siècle. Elle serait liée aux cartes à jouer.
Ainsi qu'en témoigne le dicton "qui se garde à carreau n'est jamais capot", le joueur qui "se garde à carreau", qui surveille bien son jeu et reste sur ses gardes ne perd jamais. La consonance a fait naître ce proverbe. Le verbe "se garder", dans l'ancienne forme de l'expression, a été substitué par "se tenir".
Les quatre emblèmes des jeux de cartes français sont ordinairement tenus pour être les symboles des différentes armes : le Coeur symboliserait le Courage, vertu distinctive de la noblesse mais aussi la charité, la compassion, le Pique symboliserait l'Infanterie et les armes de guerre, le Trèfle le fourrage qui est sous la responsabilité de l'Intendance et le Carreau qui est ce lourd projectile lancé par l'arbalète.
En effet, le carreau d'arbalète était une flèche de fer utilisée comme projectile par les arbalétriers ; sa forme était particulière puisque pyramidale, donc à quatre pans et à base carrée, son utilisation avait pour objectif de transpercer les armures (Richard Cœur de Lion mourut de la blessure infligée par un carreau d'arbalète en 1199).
Tout assaillant avait donc intérêt à se "garder à carreau" c'est-à-dire à se tenir hors de portée de tir des arbalétriers bien cachés derrière leurs meurtrières.
On se tenait également à carreaux lorsque, du haut d'une place forte, l'on surveillait les alentours, prêt à charger les carreaux sur son arme afin de dissuader les adversaires de s'approcher du lieu.
Dans l'argot de la police, le "carreau" désigne le domicile, tout comme la "carrée" ou la "carre" est la chambre ; "se tenir à carre", c'est-à-dire "rester dans sa chambre". "Se carrer" signifiant "se mettre à l'abri, en sûreté" ou tout simplement rester chez soi. C'est vers le milieu du XIXe siècle cette expression française est devenue synonyme de "ne pas se manifester, chercher à passer inaperçu".
Un peu d'histoire : les arbalètes
Les premières arbalètes apparaissent en Chine, durant une période qui couvre le Ve siècle et jusqu'à 221 avant notre ère.
Au Moyen Âge, l'arbalète est utilisée autant comme arme de chasse que pour la guerre. Méprisée par la chevalerie, elle est vue comme arme déloyale car, tuant à distance, elle ne permet pas à l'adversaire de se défendre. Ainsi, considérant que l’arbalète, qui n’exige pas une grande formation, permet à des soldats peu aguerris de tuer de loin un chevalier en armure qui a voué son existence au métier de la guerre, le clergé estime que c'est une arme immorale pour le peu de courage et de formation qu’elle exige de celui qui la manie. Les Français la regardaient comme l'arme des lâches et refusaient de s'en servir. Avec cette arme perfide, disaient-ils, un poltron peut tuer sans risque le plus vaillant homme.
L'arbalète est frappée d'anathème et son usage est interdit en 1139 par le IIe concile du Latran et confirmée quelques années plus tard, en 1143, par le pape Innocent II, qui menaça les arbalétriers, les fabricants de cette arme et ceux qui en faisaient le commerce d'excommunication et d'anathème.
Mais au XIIe siècle, malgré l'interdiction, Richard Cœur de Lion et Philippe Auguste développèrent des unités spécifiques d'arbalétriers, bien entraînées et équipées. L’efficacité de ces armes faisait de ceux qui les maniaient des soldats d'élite, très prisés, et très bien payés, ce qui leur permettait l'achat d'équipements de qualité.
Durant les guerres de la fin du Moyen Âge, la France fait souvent appel à des mercenaires arbalétriers étrangers (notamment italiens, et en particulier génois), dont le tir pouvait percer une armure jusqu'à une distance de 90 à 100 mètres. On invente aussi un mécanisme complexe et coûteux, avec un temps de rechargement de plus en plus long de 2 à 3 minutes (jusqu'à 30 minutes pour les modèles les plus puissants) comme le cric ou le treuil - appelé aussi le "moufle" - pour tendre l'arbalète. Les Italiens se distinguèrent dans la fabrication d'arbalètes particulièrement efficaces : un trait pouvait atteindre jusqu'à 350 km/h. Cependant, à raison de deux coups par heure, elle fut peu utilisée sur les champs de bataille.
Les arbalètes, comme les arcs, ont pratiquement disparu lorsque les armes à feu, plus facile d'emploi, demandant moins d'entraînement, mais aussi beaucoup moins chères, devinrent l'équipement de base du fantassin.
Les cartes à jouer
Les plus anciennes cartes à jouer connues sont d'origine chinoise et apparurent durant la dynastie Tang (618-907). Elles semblent avoir été développées à partir des anciens dés en provenance d'Inde et en liaison avec des pratiques divinatoires. Il est possible que les précurseurs directs des cartes européennes, dont la forme est très proche de celle connue aujourd'hui, aient atteint l'Europe à la fin du XIVe siècle par l'intermédiaire des Mamelouks d'Égypte (membres de la garde servile du sultan), ou bien par les échanges marchands avec les Mongols le long de la Route de la Soie.
La représentation des cartes à jouer n'est pas le fruit du hasard.
Les emblèmes ou enseignes varient selon les pays. La plupart se sont fixés vers la fin du XVème siècle. En France, ce sont les Pique, Cœur, Trèfle et Carreau qui sont en usage.
Les figures de nos jeux de cartes actuels remontent au XVIIème siècle. Elles sont nées dans l’atelier du maître cartier Hector de Troie, et les noms attribués alors aux figures, selon les héros en vogue de l’époque, n’ont pas changé :
Les Couleurs
Elles sont associées à des Empires ou des Royaumes :
- Coeur : le Royaume Franc
- Pique : le Royaume Juif
- Carreau : l’Empire Romain
- Trèfle : l’Empire Perse (Grèce).
Les Rois
Ils représentent des figures emblématiques de ces domaines, mais pas forcément des souverains :
- Roi de Coeur : Charles qui pourrait faire référence à Charles VII mais comme il est barbu (c’est d’ailleurs le seul roi barbu), il est plus vraisemblablement Charlemagne
- Roi de pique : David, personnage biblique qui battit le géant Goliath
- Roi de Carreau : César… Jules de son prénom. Il est la seule figure de roi à ne pas porter de sceptre. On ne lui voit d’ailleurs pas les mains du tout
- Roi de Trèfle : Alexandre le Grand, conquérant renommé de Perse.
Les Dames
A l’instar des hommes, elles renvoient à des figures emblématiques, mais ne correspondent pas aux épouses des rois.
On peut aussi remarquer que les couleurs noires sont associées à des figures brunes tandis que les couleurs rouges renvoient à des dames blondes.
- Dame de Cœur : Judith, héroïne biblique qui coupa la tête de son amant Holopherne.
- Dame de Pique : Pallas est un autre nom d’Athéna, déesse de la sagesse.
- Dame de Carreau : Rachel, autre personnage de la Bible, cousine et seconde femme de Jacob.
- Dame de Trèfle : Originellement, il se raconte qu’Anne de Bretagne y était représentée. Aujourd’hui, elle se nomme Argine, ce qui est juste une anagramme de Regina (reine en latin). Elle est la seule à ne pas tenir de fleur dans la main et à être un personnage fictif.
Les Valets
Les appeler "Les Valeureux" aurait sans doute été plus juste que « Les Valets » car ils sont des personnages connus pour leur bravoure et non de simples serviteurs.
- Valet de Coeur : Lahire, compagnon d’armes de Jeanne d’Arc qui doit son surnom à son caractère colérique (ire = colère en ancien français).
- Valet de Pique : Hogier, l’un des douze fidèles de Charlemagne (qui lui est roi de coeur).
Il se révoltera contre lui lorsque son fils mourra par la main de Charlot, fils de Charlemagne.
- Valet de Carreau : Hector, mais pas celui de la guerre de Troie contrairement à ce qu’on croit communément. Il s’agit en fait d’Hector de Galard connu pour avoir accompagné Jeanne d’Arc.
- Valet de Trèfle : Lancelot (du Lac), chevalier célèbre de la table ronde, amant de la reine Guenièvre. Il est le seul à tenir un objet dans sa main.
"Du masque au dortoir il n'y a qu'un pas"
Par chercheursdeverites Le 20/12/2014
"Du masque au dortoir, il n'y a qu'un pas"...
Si nous remplacions "masque" par "personne" et "dortoir" par "cimetière", nous obtiendrions :
"De la personne au cimetière, il n'y a qu'un pas".
Quoique chacun de ces quatre mots ait conservé jusqu'à nos jours son sens propre, "personne" et "cimetière" de par leur étymologie greco-latine procèdent respectivement de "masque" et de "dortoir".
"Personne"
Issu du latin "persona", ce mot signifie "masque de théâtre", "rôle" ; *perso, -onis" et "personare" : "se masquer".
En effet, la plupart des objets se rapportant au théâtre portent des noms grecs : "persona" pourrait être une déformation du grec ancien "prosopon", "masque", "visage". Cet unique signifiant introduit, en grec, aussi bien la notion de visage que de masque, ce qui nous permet de mesurer l’écart entre notre approche du masque et du visage - qui sont pour nous deux réalités bien distinctes et même parfois contraires - et celle des Grecs. Dans un premier temps, le "prosopon", c’est, étymologiquement, "ce que l’on offre au regard d’autrui". C’est donc ce qui est susceptible d’être vu mais aussi de voir.
En langue étrusque "phersu" est un masque de dieu psychopompe et signifie "personnage masqué".
Dans la mythologie, un dieu psychopompe (du grec ancien "psykhopompós" signifiant littéralement "guide des âmes") est le conducteur des âmes des morts, un guide ou un passeur vers la "nuit de la mort".
Ce mot ne prendra le sens de "personne" en qualité d'être purement humain qu'à partir du IIe siècle de notre ère.
"Cimetière"
Du latin "coemeterium", devenu "cimiterium" issu lui-même du grec ancien "koimêtêrion" signifie "dortoir", "lieu pour dormir".
Le "masque" est-il vraiment si éloigné de la "personne" et le "dortoir" du "cimetière"... ? Les aléas de la vie humaine n'oscillent-t-ils pas souvent entre la tragédie grecque et le théâtre de boulevard ?
Un peu d'histoire
La Grèce antique connaît déjà la notion de costume de théâtre : les acteurs revêtent des habits, des souliers qui ne sont pas ceux de la vie quotidienne. Ceux-ci varient suivant l'époque et le genre (tragédie, comédie, drame satyrique), mais leur rôle reste identique : il s'agit de faciliter l'identification des personnages. En effet, un même acteur peut jouer plusieurs rôles - parfois très différents - au sein d'une même pièce.
Toute la troupe porte un masque. Les masques couvraient la totalité du visage des comédiens. Ils étaient fabriqués avec des chiffons stuqués assemblés dans un moule et enduits de plâtre. Ils expriment des sentiments très forts : l’étonnement, la douleur, l’effroi. Les masques anciens ne couvrent que le visage. Par la suite, ils s'agrandissent vers le sommet du crâne, de sorte à pouvoir y fixer des perruques ou au contraire, à figurer un crâne chauve.
Le masque est percé aux yeux et à la bouche afin de permettre au comédien de se déplacer et de s'exprimer librement.
Le masque tragique est plutôt réaliste. Le masque du drame satyrique porte une barbe, des oreilles pointues et un crâne chauve. Le masque comique peut être très varié. Parfois, il caricature un personnage contemporain bien connu des spectateurs.
Les acteurs vont pieds nus ou chaussés de "kothornoi" ("cothurnes") sortes de bottines, parfois lacées, parfois dotées de bouts pointus et peut-être inventées par le tragédien grec Eschyle (526 av. J.-C .- 456 av. J.-C.).
Plus tard dans l'antiquité gréco-romaine, ils désignent des brodequins lacés sur le devant du mollet, à semelle très épaisse en bois ou en liège, portés par les acteurs tragiques afin de se grandir, de se donner une allure plus imposante ou plus majestueuse, comme le faisaient les soldats grecs, étrusques et romains.
Les acteurs tragiques dissimulaient cet artifice en portant de longues robes.
De cet accessoire de théâtre, un expression nous est restée : "Chausser le cothurne", qui signifie prendre un ton tragique ou pathétique de façon exagérée dans une situation qui n'en vaut pas la peine.
Par chercheursdeverites Le 14/12/2014
Connaissiez-vous l'origine de l'expression "Échec et mat" ?
Cette expression est issue du persan "Esh-shah mat", c'est-à-dire "le roi est mort". Cependant, il y aurait eu une confusion entre le persan mata "mort" et le persan mat "étonné, paralysé". Shah mat signifierait alors plutôt "le roi est sans défense". Cette dernière étymologie correspondrait mieux au jeu, puisque le roi est la seule pièce à ne pas être "tuée" sur l'échiquier, mais à se rendre (le joueur couche la pièce) lorsque la partie est perdue.
C'est vers le VIIIe siècle que les Perses introduisent le concept de cette annonce de menace sur le roi adverse. Les règles sont ensuite modifiées pour interdire que le roi soit offert à la capture ou laissé sous la menace, considérant que la victoire par échec et mat était plus élégante ; la victoire par annihilation des défenses adverses tomba en désuétude. Le roi ne pouvait plus être capturé et la partie était finie dès qu'un joueur dont le roi menacé n'avait plus de coup possible, c'est-à-dire qu'il est en échec et mat.
Un peu d'histoire
La théorie dominante, attribue la naissance des échecs à l’Inde du Nord, vers l’an 500. Ils se seraient d’abord diffusés en Asie centrale, puis en Chine, suivant la route empruntée par le bouddhisme. Cette hypothèse conserve toute sa crédibilité et sa vraisemblance, mais elle souffre à tout expliquer. En effet, la majorité des traces historiques connues à ce jour incline plutôt à placer la naissance des échecs en Asie Centrale, entre Iran oriental, Afghanistan, Pakistan, Ouzbékistan, Tadjikistan, Turkménistan, Kirghizistan, Turkestan oriental, bref, tous ces pays qui, à cette époque reculée, se rattachaient à l’Empire sassanide ou, tout au moins, se trouvaient habités par des peuples parlant majoritairement des langues iraniennes.
Les recherches n'ont pas permis - à ce jour - d'amener des éléments concrets comparables pour l'Inde. Mais il reste une sérieuse objection : plusieurs caractéristiques des échecs chinois, le "xiangqi", paraissent plus primitives que celles des échecs primitifs indo-persans (chatrang, chaturanga). L’exploitation des sources archéologiques et le déchiffrement des textes anciens sont loin d’être achevés en Chine, et des découvertes ultérieures balaieront peut-être les réponses établies aujourd’hui. Qui plus est, l’énigme obéit peut-être à un schéma plus complexe d’influences multiples et superposées entre les civilisations et leurs jeux.
Les plus anciennes pièces d’échecs connues sont les sept qui ont été trouvées en 1977 à Afrasiab, près de Samarkand en Ouzbékistan. Il s’agit de petites figurines en ivoire, hautes de 3 à 4 cm : deux soldats à pied portant une épée et un bouclier, un cavalier pareillement armé, un éléphant monté et un homme chevauchant une sorte de fauve, deux chariots très différents l’un de l’autre, l’un étant probablement "royal". Ces pièces furent datées du VIIIe siècle, d'évidence avant 712 à cause de la présence d’une pièce de monnaie dans la même couche des fouilles. La première mention écrite des échecs, date du début du VIIe siècle, et nous vient de la Perse. Le jeu d'échecs (en persan "Chatrang" ou "Shatranj") entre dans l’Histoire au cœur de l’Iran médiéval, en opposant déjà deux armées de seize pièces.Trois textes rédigés en pehlevi (moyen persan) montrent que les échecs étaient connus dès l’an 600 en Perse, arrivés à la cour des empereurs Sassanides avec la délégation diplomatique d'un roi de l'Hind (Sind actuel, sur les berges de l'Indus).
Au XIe siècle, en Inde, apparaît une variante du jeu d’échecs à quatre joueurs et à l’aide de dés (le chaturajî). Ce jeu serait progressivement devenu un jeu à deux, principalement à cause de la difficulté à réunir quatre protagonistes. Les Européens ont continué d’utiliser les dés pour choisir leurs coups aux échecs standards jusqu’au XIIIe siècle au moins.
Lorsque les Arabes envahissent la Perse, ils adoptent le "chatrang" sous le nom de "shatranj". Les échecs connaissent alors un développement remarquable. C’est au cours des IXe et Xe siècles qu’apparaissent les premiers champions et les premiers traités. Les pièces sont stylisées en raison de l’interdiction de représenter des êtres animés.
L’arrivée des échecs en Europe se fait sans doute par l’Espagne musulmane aux alentours du Xe siècle, ou par l’Italie du sud (Sicile), se diffusant dans toute l'Europe à partir du XIe siècle.
L’échiquier s'occidentalise au milieu du XIIe siècle, les pièces devenant plus mobiles probablement en lien avec le développement de la poudre à canon qui rend l'artillerie des champs de bataille plus puissante :
- Le plateau devient bicolore avec les cases rouges et noires (qui deviendront plus tard blanches et noires) ; et du persan au français, en passant par l'arabe,
- le Vizir (en persan "farzin") devient "fierge" (ou vierge), puis reine et/ou dame ;
- l'Éléphant (en persan "pil") - "al fil" en arabe, demeuré alfil en espagnol - devient "aufin", puis "fou" (bishop : évêque en anglais) ;
- la Tour ("rukh" qui signifie aussi "bateau" en sanscrit) devient "roc" (d'où le verbe "roquer" en français), puis "tour" vers la fin du XIIe siècle :
- le Cheval (Asp), identique au cavalier moderne ;
- le Piéton (Piyadah), qui devient "paon" puis "pion".
N.B. Les éléphants accompagnaient toujours la marche des troupes perses. Ces animaux faisaient office de tours d’assaut mobiles causant la panique dans les rangs ennemis. C'est la plus puissante pièce du jeu indien, le char de guerre, corps d'armée spectaculaire grâce auquel les Aryens – ancêtres communs aux Indo-Européens – conquirent la vallée de l'Indus au IIe millénaire avant notre ère.
Par chercheursdeverites Le 01/12/2014
Connaissiez-vous l'origine de l'expression "Avoir du talent" ?
Avoir du talent signifie "être doué" pour quelque chose en particulier.
À l'origine, le talent - du latin "talentum", issu du grec ancien "talanton" (l'étalon) - est une unité monétaire utilisée à l'époque de la Grande-Grèce et jusque sous l'Empire romain.
L’influence des Textes Sacrés, notamment de l’Evangile, dans l’évolution des langues occidentales a été très importante. L’histoire du mot "talent" en est un bon exemple. Dans la "Parabole des talents" (Matthieu 25, 14-30), le talent représente une somme d’argent. La traduction de la Bible en français au XVIe siècle et l’étude du texte dans les milieux protestants font connaître cette parabole.
À partir du début du XVIIe siècle, dans les commentaires et les sermons, ce sens concret a figuré les "dons confiés par Dieu".
Talent prit alors le sens de "capacité, habileté, supériorité dans un art, un métier", ce qui éclipsa la précédente signification.
Talent, talen ou talan.
Il existe souvent des mots dont l'assonance et l'homonymie sont parfois trompeuses.
Dans les régions où l'on parle des langues gallo-romanes, et en particulier dans les zones où les langues littéraires ont eu moins d’influence, le sens abstrait de certains mots définissant un état d’esprit, ou une intention a évolué vers un sens de plus en plus concret.
En occitan par exemple, le cheminement du mot "talent" a rejoint à la notion de "désir, d'envie", qui existe encore en Provence, jusqu'à signifier "désir de manger, faim" en Languedoc, en Gascogne et en Wallonie.
L’expression occitane "avé talent" ne signifie donc pas obligatoirement "avoir du talent" au sens "être doué".
Le "talent" occitan et le "talent" français ont la même origine mais ils sont le résultat de cette évolution différente.
Le "talent" français est récent et littéraire, il date du XVIe siècle, alors que le "talen(t)" occitan est beaucoup plus ancien, comme dans "passa talent" (souffrir de faim).
"Lou pan à la dènt fa veni la talènt" (le pain à la dent fait venir l’envie de manger).
N.B. Au Québec, le mot "talent" a conservé son sens originel et "Ne pas avoir de talent" signifie "Avoir du mal à gérer son argent ou à en gagner."
Un peu d'histoire
A l'origine les hommes pratiquaient le troc, c'est-à-dire qu'ils échangeaient entre eux les produits de la terre ou de la mer contre les produits dont ils avaient besoin.
Le troc, qui est en fait un paiement en nature, devait se révéler au cours des siècles peu pratique compte tenu de l'accroissement des échanges commerciaux entre les Cités Etats, car s'il est facile d'échanger un bœuf contre un boisseau de blé, il est beaucoup plus délicat de troquer un troupeau entier contre mille boisseaux de blé.
On imagina alors la création d'un étalon d'échange, le "talanton" utilisable en tous lieux : c'est ainsi que fut créé le "talent".
L'apparition des talents ou "lingots à peau de bœuf" coïncide avec le début du commerce du cuivre dans le bassin méditerranéen (environ 1600 avant J.C).
Les premiers lingots découverts proviennent de la Crète.
Le talent était en bronze coulé en forme de peau de bœuf et représentait une valeur marchande. Exemple : 1 talent = 10 bœufs = 10 boisseaux de blé.
Il pesait environ 25 à 29 kg, ce qui s'avéra bientôt peu pratique compte tenu des poids à véhiculer. Certains archéologues émettent l'idée que leur forme particulière permettait probablement une prise manuelle aisée, ce qui serait l'indice d'un commerce facile et légitime. D'autres pensent qu'ils étaient destinés à être transformés plutôt qu'à être conservés comme biens de prestige.
On imagina alors l'invention d'une véritable monnaie métallique qui puisse circuler facilement entre les nations et dont la valeur serait garantie par l'état émetteur.
Le Statère valait deux Drachmes, la Drachme était divisée en six Oboles. Le métal utilisé était l'argent, l'electrum et l'or. Pour fabriquer des pièces durables, on ajoutait un peu de cuivre, (afin d'en maintenir l'aloi).
Au-delà de ces subdivisions, il existait des unités de compte : la Mine (100 drachmes) et le Talent (6000 drachmes). Le talent avait un poids légal de 60 mines, soit 25,86 kg d'argent. Ce poids variait selon les pays où il était en usage.
A titre d'exemple, aux temps des diadoques (les généraux qui se disputèrent l'empire d'Alexandre le Grand à sa mort en 323 av. J.-C.), une drachme valait une journée de travail qualifié.
Par chercheursdeverites Le 30/11/2014
Connaissiez-vous l'origine de l'expression "À brûle-pourpoint" ?
C’est au langage militaire et vestimentaire utilisé entre le XIIIe et le XVIIe siècle que nous devons plus précisément l'expression "tirer à brûle-pourpoint", qui a perduré jusqu'à nos jours au sens figuré pour exprimer la surprise d'une une action soudaine ou d'une parole abrupte, proférée sans ménagement, entraînant la difficulté de s’adapter, de se préparer.
Porté depuis le VIIIe siècle jusqu'à à la Renaissance par les hommes, le pourpoint était une sorte de veste courte et matelassée qui couvrait le corps du cou à la ceinture. Des fixations - cordonnets ou rubans - permettaient de poser une armure par dessus le pourpoint et d’y accrocher des chausses, sorte de bas qui recouvraient les jambes jusqu'en haut des cuisses. Cela composait l’ensemble porté par les hommes durant les batailles.
Vers la fin du moyen âge apparaissent les armes à feu. Celles-ci fonctionnaient avec de la poudre directement insérée dans la chambre du canon. Il était courant que les artilleurs en portant leur arme à l'épaule, au moment de tirer, abiment leur pourpoint jusqu'à y mettre parfois le feu. L’expression "tirer à brûle-pourpoint" signifiait également "tirer à bout portant", c'est-à-dire user de son arme avec le canon placé tout contre le pourpoint de son adversaire provoquant la brûlure du vêtement. La poudre occasionnait d’ailleurs fréquemment des explosions. Une victime attaquée "à brûle-pourpoint" se retrouvait donc prise au dépourvu, sans voir le coup venir, et sans être en capacité de réagir.
C'est ainsi que ces mésaventures d'arquebusiers nous ont valu la très brusque expression "à brûle-pourpoint", qui signifie aussi "pertinent et très soudain".
Le pourpoint "à maheutre" (courte manche rembourrée couvrant le bras de l'épaule au coude) dispose de rembourrements en haut des manches et permet d'élargir la carrure du souverain, du courtisan ou du militaire.
On appelait les fabricants de pourpoints "gipponiers".
"Granville, Honfleur, Caudebec, Cherbourg"
Par chercheursdeverites Le 24/11/2014
Lorsque nous flânons au hasard des chemins de la belle Normandie, il est curieux de constater la fréquence des suffixes "-ville", "-beuf", "-tot", "-bec", "-fleur", pour les principaux, qui composent le nom de ses communes.
L'appellatif "Normand" est un emprunt au francique *nortman" et signifie "homme du nord".
La Normandie est donc étymologiquement le "pays des hommes du Nord", ce qui ne nous étonnera pas sachant qu'entre le VIIIe et le XIe siècle, elle fut le théâtre d'invasions diverses et variées : Vikings et peuples germains entre autres. À bord de leurs bateaux (snekkars et drakkars), ils arrivent en vagues par le littoral, s'engouffrant par la Seine et par les rivières, déferlant sur le territoire en pillant, saccageant et en dévastant la contrée.
La plupart des noms de communes normandes se sont formés sur la base de diverses langues comme le celtique, le gallo-roman (l'une des principales langues d'oïl), auxquelles se sont ajoutées le vieux norrois (vieil islandais), l'anglo-saxon, des langues germaniques et scandinaves. Les suffixes caractéristiques de ces noms ne sont pas répartis de façon homogène sur les pays normands.
La Normandie possède deux "capitales" : Rouen pour la "Haute-Normandie" et Caen pour la "Basse-Normandie".
Granville, Trouville, Boscherville
La Normandie est la région de France où se concentre le plus grand nombre de noms formés en "-ville", issu du gallo-roman "villa" c'est-à-dire "domaine rural" et du latin "villa rustiqua", c'est-à-dire "grand domaine rural". Le suffixe "-ville" est généralement précédé soit par un adjectif, soit par un nom de personne (anthroponyme).
Ainsi :
- Granville est composé de "Grant" (en langue romane) - "grand" - et "-ville" : "le grand domaine rural".
- Trouville : "Torold" (nom de personne anglo-scandinave) et "-ville" : "le domaine rural de Torold".
- Boscherville : "Baldcar" (nom de personne d'origine germanique) : "le domaine rural de Baldkar". (La forme courante jusqu'au XVe siècle est Bauquierville, avant de passer en ancien français par "boscher" nom signifiant "bûcheron".
Honfleur, Harfleur, Barfleur
Le suffixe "-fleur" du vieil anglais "flēot" c'est-à-dire "eau qui coule, courant, rivière se jetant dans la mer, bras de mer, flot".
Ainsi :
- Honfleur est composé de "Hon" qui serait issu d'un nom de personne anglo-saxon "Huna" et de "-fleur". Honfleur se situe en effet sur l'estuaire de la Seine.
- Barfleur : "Barbe" dans les formes les plus anciennes contracté en "Bar-" semble être un nom de personne Barbey, Barbay (ancien français Barbé "le Barbu", du gallo-roman Barbatu. Le port de Barfleur était à son époque le principal lien maritime entre le duché de Normandie et la Grande-Bretagne.
- Vittefleur : "Witte" déformation probable de l'islandais "lwitr" qui signifie "blanc" ou "qui a les cheveux blancs ou blonds, le teint pâle." Vittefleur : "la rivière blanche" est une commune située sur le fleuve côtier "La Durdent".
Le suffixe "-beuf" ou "-bot", du vieux norrois (vieil islandais) "bóð" ou "bud" qui signifie "cabane, abri, habitation, résidence, village".
- Quillebeuf : du norrois "kill" (bras de mer, estuaire) donc "habitation sur l'estuaire" (de la Seine).
- Daubeuf : de l'ancien scandinave "dalr" (vallon, vallée) donc "habitation ou village du vallon".
Le suffixe "-tôt", du vieux norrois "topt" qui signifie "emplacement, ferme, maison".
- Yvetôt : Ivo, nom de personne d'origine franque qui a donné par la suite le prénom "Yves". Donc, "la ferme d'Yves".
- Criquetot : "Crique-" du vieux norrois "kirkja", "église", ou "kerch", qui, en celtique, signifie "hauteur". Donc "l'emplacement de l'église" ou "maison de la hauteur.
Quelques autres suffixes :
"-bec" :
- Caudebec, du norrois "kaldr bekkr" signifiant littéralement "froid ruisseau".
"Cher-,-cher, ou -quier" :
- Cherbourg, du vieux norrois "kjarr", "marais" et "borg", "forteresse, ville fortifiée" c'est-à-dire "forteresse ou ville des marais".
- Villequier, du vieil anglais *wilig", "saule" et "kjarr", "sauleraie marécageuse".
Une curiosité : Ouistreham, dont le toponyme remonterait à l'installation de colons venus d'Angleterre avec les Scandinaves autour du Xe siècle.
"Ouistr-", vieil anglais "westre", "ouest", ou du latin "ostrea" qui a donné le vieux français "oistre", "huitre" ; "-ham", du vieil anglais "hām", "maison, foyer, groupe d'habitations". Ouistreham, "hameau de l'ouest" ou "hameau où l'on élève les huîtres".
Un peu d'histoire
Succédant à l'occupation romaine et à partir du IIIe siècle, les invasions "barbares" (Francs, Saxons, Frisons et autres peuples germaniques) commencent et se multiplieront tout au long du IXe siècle.
Au cours d’une période s’étendant du VIIIe au XIe siècle le littoral doit également faire face à l'incursion et à la piraterie maritime des Vikings. Viking, en vieux norrois - vieil islandais - désigne un commerçant de longue date, remarquablement équipé pour cette activité, que la conjoncture a amené à se transformer en pillard ou en guerrier, là où c’était possible, lorsque c’était praticable, mais qui demeurera toujours quelqu’un d’appliqué à l'acquisition de richesses. Ce sont des scandinaves : Saxons, Norvégiens, Suédois, Danois. Il semble que l'une des raisons de ces invasions ait été l'adoucissement du climat ayant entraîné une augmentation de la population, enjoignant à trouver de nouveaux espaces.
En 911, Rollon, chef viking norvégien reçut de Charles le Simple la Neustrie, une terre allant de l'Epte à la mer, en contrepartie de l'arrêt de ses pillages et contre promesse de recevoir le baptême. Les négociations aboutissent au traité de Saint-Clair-sur-Epte qui marque la naissance du duché de Normandie. Rollon fut à l'origine du duché de Normandie.
N.B. Blason de la Normandie continentale : "De gueules à deux léopards d’or passant. Trois léopards pour les îles anglo-normandes, et les deux bailliages de Jersey et de Guernesey, comme celui de Richard Coeur de Lion, roi d’Angleterre et duc de Normandie. Devise de la Normandie : "Attendre et voir" (XIIIe siècle) qui aurait remplacé "Thor Aïe !" (Que Dieu nous aide) datant de 1047 à l'origine du nom du village de "La Thuraye".
Par chercheursdeverites Le 23/11/2014
Connaissiez-vous l'origine de l'expression "Prendre son pied" ?
L’expression aurait son origine dans l’argot des pirates et corsaires. Prendre son pied, c’est partager le butin mesuré à l’aide du pied, l’unité de mesure, d’où le sens de plaisir partagé.
Le pied est une unité de longueur qui existait depuis l'Antiquité, il est attesté depuis le début du IIIe millénaire av. J.-C.. Correspondant à la longueur d'un pied humain, c'est-à-dire un peu plus de trente centimètres. Le pied égyptien équivalait à 30.5112 cm
Sous l'Ancien Régime, on le nommait "pied de roi" et valait 12 pouces soit 32,5 cm.
Les pirates pratiquaient le banditisme. Lors du partage de la prise entre les membres de l'équipage, des piles d’or de la hauteur d'un pied étaient distribuées à chacun en fonction de la hiérarchie, "prendre son pied" signifiant alors "prendre sa part de butin".
Le mot "pirate" provient du terme grec "peiratês", lui-même dérivé du verbe "peiraô" signifiant "s'efforcer de, essayer de, tenter sa chance à l'aventure".
Le mot "corsaire" a été emprunté à l'italien "corsaro" lui même dérivé du latin "cursus", "course". Il est attesté du XVe siècle, mais le terme de "pirate" était encore utilisé comme synonyme à la fin du Moyen Âge, d'où la confusion entre les deux acceptions.
Un corsaire est un membre de l'équipage d'un navire civil armé, autorisé par une lettre de marque (également appelée" lettre de commission" ou "lettre de course") à attaquer en temps de guerre, tout navire battant pavillon d'États ennemis, et particulièrement son trafic marchand, laissant à la flotte de guerre le soin de s'attaquer aux objectifs militaires. Les corsaires ne doivent donc pas être confondus avec les pirates puisqu'ils exercent leur activité selon les lois de la guerre, uniquement en temps de guerre et avec l'autorisation de leur gouvernement. Ce sont des civils qui combattent d'une façon indépendante avec un statut équivalent aux militaires mais sans être soumis à l'autorité d'un état-major, tout en obéissant aux lois de la guerre.
Un "équipage de prise" était envoyé sur le navire saisi avec mission : le ramener à bon port pour le revendre avec sa cargaison, débarquer les prisonniers, entrer en contact avec l'armateur et lui proposer leur libération contre rançon ou par échange avec un nombre équivalent de prisonniers.
Ces missions étaient très réglementées :
Lorsque les corsaires rentraient au port avec les marchandises et richesses volées "légalement" sur les mers, le capitaine corsaire déposait à l'Amirauté son rapport de mer dont l'examen par les officiers d'administration déclenchait une procédure de plusieurs jours.
Personne n'avait le droit de descendre à terre avant que les officiers d'administration n'aient dressé le procès verbal d'inspection du navire, vérifié que les scellés apposés par l'écrivain de bord sur les coffres, malles et armoires de la prise soient intacts.
Ensuite ils apposaient leur sceau sur les écoutilles pour éviter que des parties du butin de prise ne soient débarquées à la nuit tombée.
Enfin, ils interrogeaient les prisonniers et les menaient vers les prisons de la ville.
Alors seulement, l'équipage pouvait quitter le navire et attendait le verdict du Tribunal des Prises, nécessaire avant la vente aux enchères du butin de prise.
Le produit de la vente aux enchères des prises était alors partagé entre les personnes ayant collaboré à la capture de l'ennemi dans l'ordre des priorités :
L'État (Roi, République, Empereur) prenait entre 10 et 20 pour cent (c'est lui qui fournissait la lettre de marque).
Les frais (on payait la nourriture, la poudre, les munitions, ainsi que les réparations faites durant le voyage).
Les veuves et les blessés (les veuves prenaient deux fois la part de leurs défunts maris, et les blessés avaient une indemnité, fixée au départ en fonction de la partie du corps manquante, en plus de leur part).
L'armateur (ou le groupement d'armateurs, lorsque les frais d'armement étaient importants) prenait ensuite 30 pour cent du reste.
Enfin, chaque homme avait sa part en fonction de sa place dans l'équipage (le mousse=demi-part, le capitaine=25 parts, le chirurgien=25 parts etc…)
À partir du XVIIIe siècle, l'État se contente de droits d'enregistrement réduits afin d'encourager la prise de risque des armateurs. Le partage des prises devient alors : 2/3 pour l'armateur, 1/3 pour l'équipage
C'est en 1793, durant la Terreur, que la Convention montagnarde vota l'abolition du pied en France.
Durant le dix-neuvième siècle, presque tous les pays européens abandonnèrent successivement leurs pieds respectifs au profit du système métrique décimal. Cette unité est néanmoins encore utilisée dans beaucoup de pays anglo-saxons et d'anciennes colonies de l'empire britannique.
Les corsaires les plus célèbres :
Jeanne de Belleville (1300-1350), dite "La Tigresse bretonne ou La Lionne de Clisson ou La Lionne sanglante".
Jean Fleury (ou Florin), mort en 1527, corsaire dieppois. Il est connu pour avoir volé en 1522, le somptueux trésor de Guatimozin, dernier empereur aztèque, que Cortès envoyait du Mexique entassé dans deux caravelles.
Guillaume Allène, La Rochelle (1563-1583) dit "le capitaine provençal"
Jean Bart (1650 - 1702) corsaire dunkerquois
René Duguay-Trouin (1673 -1736), corsaire malouin.
Robert Surcouf (1773 -1827), corsaire malouin.
"Le jeu n'en vaut pas la chandelle"
Par chercheursdeverites Le 27/10/2014
Connaissiez-vous l'origine de l'expression : "Le jeu n'en vaut pas la chandelle" ?
Cette expression remonte au XVIe siècle.
Lorsque nous disons "le jeu n'en vaut pas la chandelle", il est rare de nos jours que cela ait un rapport direct avec un jeu quelconque. Cette expression signifie généralement que l'enjeu ou le résultat d'une situation, la qualité ou la valeur d'un objet ne seront pas à la hauteur des efforts ou des dépenses qu'ils engageront.
Les salles où l'on jouait à toutes sortes de jeux (cartes, dés etc...) particulièrement ceux donnant lieu à des enjeux, étaient éclairés à la chandelle. Celle-ci était considérée comme un objet de luxe.
Dans les endroits modestes, l'usage voulait qu'en partant, les participants laissent quelque argent sous le chandelier pour dédommager du coût de cet éclairage.
D'une part, lorsque leurs gains étaient faibles ou nuls, les joueurs en étaient pour leurs frais.
D'autre part, lorsque les organisateurs constataient que ce qui se trouvait sous le chandelier était inférieur aux avances pécuniaires qu'ils avaient engagées, ils concluaient que le jeu n’en valait pas la chandelle.
Notons que jusqu'au XVIIIe siècle, les théâtres, suivant leur importance, étaient chaque soir éclairés par d'innombrables chandelles.
À l'époque, la dépense était exorbitante.
Si la représentation était de mauvaise qualité ou si le public avait été peu nombreux, les bénéfices rapportés étaient insuffisants et ne couvraient même pas le prix des chandelles.
Un peu d'histoire
Le mot "chandelle" est uniquement attribué aux luminaires faits de suif. La mèche était en étoupe (chanvre ou lin) ; ce n'est que beaucoup plus tard qu'elle fut en coton.
Durant des siècles, le jonc a été utilisé pour faire des chandelles. Fendu avec précaution pour ne pas en abimer la moelle, il était trempé dans de la graisse végétale ou du (suif graisse fondue de mouton ou de bœuf) qu'on laissait ensuite durcir. On le faisait brûler dans des brûle-joncs. Dans certaines régions, le suif était remplacé par de la résine.
En Occident, à partir du Moyen Âge la chandelle rivalise avec la lampe à huile.
La chandelle était plus pratique sans être excessivement chère (mais elle était taxée et l'huile restait plus économique). Moins de liquide qui se renverse, de flamme à ajuster, de réservoir à remplir. Mais le suif coule et graisse les doigts, la flamme demeure jaune. Contrairement à la bougie, plus chère, la chandelle brûlait en émettant une odeur forte et une fumée noire.
Le mot "bougie" n'est apparu dans la langue française qu'au XIVe siècle, et est exclusivement réservé à un luminaire fait de cire d'abeille. Il vient de l'arabe "Bugaya", nom d'une ville d'Algérie (actuellement Béjaia ou "Bougie" en français) où se faisait au Moyen-Âge le commerce de cire et de bougies. Connue en Europe pour la qualité de ses chandelles faites de cire d'abeille auxquelles elle a donné son nom, elle fournissait une grande quantité de cire qui pouvait remplacer le suif des chandelles.
Mais cierges et bougies de cire étaient très onéreux ; seuls la noblesse et le clergé s'éclairaient avec des cierges en cire d'abeille, le peuple français s'éclairant au suif faute de moyens. À titre d'exemple, sous le règne de Louis XIV, le coût d'une bougie équivalait au salaire journalier d'un ouvrier spécialisé. Son utilisation était donc réservée aux plus hautes sphères de la société et notamment à la Royauté.
C'est au milieu du XIXe siècle que la mèche de coton tressé remplaça la mèche de chanvre ou de lin.
Par chercheursdeverites Le 22/10/2014
Connaissiez-vous l'origine de l'expression "Sauter du coq à l'âne" ?
Nous l'utilisons lorsque, dans une conversation, notre interlocuteur ou nous-même passons d'un sujet à l'autre sans qu'il y ait de lien direct entre ceux-ci.
Cette expression serait un dérivé de celle datant du XIVe siècle : "Saillir du coq à l'asne". Au XIIIe siècle, le mot "asne" - du latin "anitra" - désignait une cane, la femelle du canard. L'homophonie entre les mots "asne" et "âne" faisant, l'orthographe aurait glissé par déformation, "l’asne" devenant "l’ane" (sans accent circonflexe) d'où la confusion entre l'âne et la cane.
"Saillir" quant à lui n'a pas changé de sens, il signifie toujours "couvrir une femelle". Il semble que les coqs essaient parfois de se reproduire avec des canes.
"La Ville de Marseille resplendit par ses hauts faits"
Par chercheursdeverites Le 19/10/2014
"La Ville de Marseille resplendit par ses hauts faits"
Telle est la devise de Marseille
La première devise de Marseille, datant de 1257 en provençal médiéval était : "De grands fachs resplend la cioutat de Marseilles", traduite depuis 1691 par la devise actuelle en latin :
"Actibus immensis urbs fulget Massiliensis".
La fondation de Marseille, qui remonte aux environs de 600 av. J.-C., est le fait d'une colonie de marins grecs venus de Phocée (Phokaia en grec, aujourd'hui Foça en Turquie). Ce peuplement fut notamment favorisé par les Phocéens fuyant les invasions perses en 546 av. J.-C.. Le territoire qui forme aujourd'hui Marseille était occupé par une tribu des Ligures, celle des Ségobriges (tribu celto-ligure) située sur la côte méditerranéenne, qui se serait implantée vers l'actuelle Allauch.
Plusieurs hypothèses existent pour expliquer l'origine de ce nom de "Marseille".
La première donne "Mas Saliens", la résidence des Salyens (fédération de peuples du midi de la France), mais "mas "est un mot provençal d'origine latine et "Saliens" est celte.
Mais on pense plus généralement qu'il proviendrait du grec "Massalialeis" - "Massalía" -. Les Phocéens avaient l'habitude de donner un hydronyme (dénomination attribuée aux sources, aux rivières, aux canalisations, aux marécages, mares, lacs ou mer) ce qui était courant en Grèce, "Massa" s'applique également à des villes en bord de mer, rivières et châteaux. La finale " -lialeis", se rapporterait aux "Massaliotes", nom antique des Marseillais.
Chez les Massaliotes, le gouvernement était de type oligarchique (le pouvoir était exercé par un petit nombre de personnes ou de familles puissantes).
Le peuple n'y avait aucun droit. Six cents personnes (les Timouques) choisies parmi les familles riches et les commerçants et élues à vie, dirigeaient la ville.
Les Massaliotes étaient connus pour leur austérité. Tout était sévèrement réglementé par des lois grecques (ioniennes), affichées en place publique.
La culture, l'art oratoire et la philosophie tenaient une place importante dans la vie des Massaliotes. De nombreux médecins y ont été formés et les jeunes nobles romains y venaient souvent pour terminer leurs études.
Trois langues y était parlées : grec, latin et gaulois mais seul l'alphabet grec était utilisé pour écrire.
Les Massaliotes ont conservé les traditions de leur pays d'origine. On disait que Massalia était un morceau d'Ionie.
À l'époque romaine, "Massalia" devient "Massilia".
Massalia pour les Grecs, Massilia pour les Romains. Quant au "r" figurant au milieu du nom, il serait issu de "Marsilya" en arabe (passage des Sarrasins au IXe siècle), "marsa" signifiant "rade" ou "port".Elle devint Marsiho (occitan) au Moyen Age, et Marseille en est la francisation.
À noter que, fait rare, de janvier à février 1794, à la suite de l'émeute fédéraliste contre la Convention, l'esprit contestataire de la ville lui fait perdre son nom. Marseille est rebaptisée pendant quatre semaines "La Ville-sans-Nom". Lyon connut le même sort.
Le blason marseillais n'a aucun rapport avec celui de la Grèce actuelle créé en 1821.
L'emblème est pour la première fois mentionné en 1254 et le blason "d'argent à la croix d'azur", qui est attesté depuis le XIIe siècle est toujours utilisé aujourd'hui. Le fond "argent" (qui est en réalité blanc) symbolise en héraldique la pureté, l'innocence et l'humilité.
La croix est un symbole des Croisades : à cette époque, tous les ports d'attache des navires faisant route vers la Terre Sainte arboraient des pavillons chargés d'une croix, symbole d'une place de sûreté. Marseille et la Provence étaient sous l’autorité de Charles d’Anjou (frère du roi Saint-Louis), dont la couleur de représentation était le bleu.
Marseille est alors un port d’embarquement d'hommes et surtout de matériel militaire et d'approvisionnement. Elle choisit la croix bleue pour la représenter.
Par chercheursdeverites Le 09/10/2014
Connaissiez-vous l'origine de l'expression "Chacun voit midi à sa porte" ?
Autrement dit : chacun se préoccupe de son propre intérêt avant toute autre chose, et considère ses problèmes ou ses opinions comme étant les plus importants."
Cette expression est directement liée à la fabrication des cadrans solaires scellés au-dessus ou à proximité de la porte d'entrée des maisons, et dont l'usage se généralise en Occident dès la fin du Moyen Âge.
À l'origine, c'étaient de simples maçons sans connaissance gnomonique (gnomon signifie "règle" en grec) qui faisaient office de "cadraniers". Or, pour créer des cadrans solaires précis, il fallait non seulement des connaissances gnomoniques, mais trigonométriques et cosmographiques pointues. Cette spécialité était le fait d’un métier précis : celui des cadraniers.
Il était même attendu de ces artisans qu’ils soient capables de pratiquer ce métier véritablement comme un art, dans l’utilisation de la céramique, de la poterie,du verre, ou de la peinture. Le cadranier doit être chaudronnier, graveur sur pierre. Le cadran dépasse l’objet fonctionnel et devient une œuvre, favorisant le développement de certains métiers, notamment au travers du compagnonnage.
Mais faute de ces compétences, ces derniers n’étant pas toujours réalisés par des cadraniers avertis, il était fréquent que les habitants aient des indications d’heures différentes d’une maison à l’autre. Ainsi, quand le soleil était au zénith, les cadrans de chaque porte n’indiquaient pas tous midi. D'où l'expression : "Chacun voit midi à sa porte".
Une devise ou un proverbe orne souvent le cadran. Elle peut être en latin : "Carpe diem" (Cueille le jour présent)
ou "Vulnerant omnes, ultima necat" (Toutes les heures blessent, la dernière heure tue),
"Horas non numero, niai serenas" (Je ne compte que les heures sereines), "Dies nostri quasi umbra super terram et nulla est mora" (Nos jours sur la terre sont comme l'ombre, et il n'y a point d'espérance) etc.
Un peu d'histoire.
L'ancêtre du cadran solaire était le "gnomon".
Le mot gnomon est un mot qui en latin signifie "aiguille de cadran solaire", venant du grec gnômôn qui désignait une règle ou ce qui sert de règle.
Par dérivation un gnomon est le nom du plus simple cadran solaire : un bâton planté verticalement dans le sol ; voire encore plus simple : l'homme lui-même. Sa table est horizontale. Un des cadrans solaires les plus anciens retrouvés à ce jour vient d'Egypte. On estime son age à environ 3600 ans. Un autre, gravé sur pierre, a été retrouvé en Irlande sur le site de Knowth '(Great Mound), il aurait été construit il y a 5300 ans.
Le gnomon a donné son nom à la science des cadrans solaires, la gnomonique, ainsi qu'à la personne qui conçoit des cadrans, le gnomoniste. Le réalisateur est appelé cadranier.
Plus tard, un nouveau modèle (le scaphé), basé sur la sphère, fut introduit par Bérose en Grèce au IIIe siècle av. J.-C.. D'autres modèles en découlèrent (hémisphérique, conique, plan…).
Ces modèles indiquaient des "heures inégales" (heures également appelées temporaires variant selon le lieu et la saison) qui divisaient le jour, du lever au coucher du soleil, en 12 heures, été comme hiver : les heures d'été étaient longues, les heures d'hiver courtes.
En Égypte antique, les jours et les nuits étaient divisés chacun en douze heures, et ce quelle que soit la durée du jour ou de la nuit. Les Égyptiens mirent au point un instrument capable de mesurer les heures du jour : le cadran solaire.
Bien sûr, un cadran solaire ne fonctionne pas quand le soleil n'est pas visible ni quand le temps est couvert.
Très tôt, presque toutes les civilisations ont développé des instruments qui pouvaient alors prendre le relais du cadran solaire, en particulier la clepsydre (littéralement "qui vole l'eau") ou "horloge à eau.
Elle semble avoir été inventée en Egypte environ 3.000 ans avant J.C.. Elle fonctionnait sur le principe d'un écoulement régulier au fil du temps, sur le même principe que le sablier.
Partant d'Egypte, les clepsydres se sont répandues chez les Grecs, puis chez les Romains. Ce type de clepsydre à remplissage unique offrait une précision de l'ordre de 5 à 10 minutes. Le principe de la clepsydre a également été utilisé par les Amérindiens. Les clepsydres les plus perfectionnées ont été celles réalisées par les Perses et les Chinois.
La clepsydre fut utilisée pour mesurer de courtes périodes : en Grèce pour mesurer la durée d’un discours ou d’une plaidoirie dans les tribunaux ; puis les durées des gardes dans la légion romaine. L'heure était indiquée par le niveau d'un flotteur .
Notre division moderne du temps remonte au début du IIe millénaire avant J.C.. Les Mésopotamiens ont compté en base 60, comme le faisaient les Sumériens. Le système de numération babylonien était sexagésimal. La division de l'heure et des minutes a repris ce système. Ainsi, l'heure est divisée en 60 minutes et la minute en 60 secondes.
"Mettre les points sur les "i" "
Par chercheursdeverites Le 04/10/2014
Connaissiez-vous l'origine de l'expression "Mettre les points sur les "i" " ?
Aujourd'hui, l'expression "mettre les points sur les "i", signifie clarifier les choses, ainsi que le firent les moines copistes.
Son origine remonte à l’époque où l’on adopta le caractère minuscule gothique "primitif" (XIe siècle).
Au Moyen-Âge, faute de quantité de papier suffisante (le parchemin coûtait très cher),
l'écriture gothique des moines copistes était serrée et abrégée.
Ainsi, la lettre "i", qui n'était alors constituée que d'une seule barre verticale : "l", pouvait aisément se confondre avec d'autres lettres. Les textes étant la plupart du temps rédigés en latin, deux "i" se confondaient quelquefois avec "u" ; on les distingua alors par des accents tirés de gauche à droite.
Les accents devinrent des points au commencement du XVIe siècle. Ce dernier changement, adopté d’abord par quelques copistes, parut vétilleux à quelques autres, mais dans un souci de clarté, les moines prirent l'habitude d'apposer une marque sur les "i" afin de les reconnaître : ce fut un point au-dessus de la lettre.
Et de là vint la locution "mettre les points sur les "i", que l'on applique à une personne qui pousse l’exactitude jusqu’à la minutie.
Cette pratique fut ensuite élargie à la lettre "j".
N.B. L’écriture gothique est une déformation de la "minuscule caroline" (époque carolingienne, VIIIe siècle) et qui déclina lentement, pour laisser la place, au XIIIe siècle, à l’écriture gothique, plus anguleuse.
Le latin ayant été la langue internationale, diplomatique, scientifique, philosophique et commerciale européenne (jusqu'au XVIIIe siècle), on inventa la lettre "j" qui remplaça le "ii" de certains mots. Elle était transcrite comme une sorte de "i cédille". Elle fut d'abord utilisée dans les documents commerciaux et les contrats, afin d'éviter la fraude lorsque l'on écrivait des nombres tels que "VI" ou "VIII" denarii ; d’où "VJ". L'usage s'en est ensuite généralisé.
"En espèces sonnantes et trébuchantes"
Par chercheursdeverites Le 04/10/2014
C'est à partir du XVIe siècle que cette expression est entrée en usage. Elle désigne d'une manière plaisante les bonnes vraies pièces de monnaie.
Demander à être payé en espèces sonnantes et trébuchantes signifiait que l'on voulait être payé en monnaie authentique et neuve.
"Espèces"
Le mot "espèce" est issu du latin classique "species" et désignait le "regard", "l'aspect" donc, l'apparence. Mais "species" est également la racine du mot "épice".
Au XIIe siècle, par l'intermédiaire des croisades, l'Occident découvrit les épices que l'on utilisait dans la cuisine du Moyen-Orient. C'est Aliénor d'Aquitaine qui, séduite par les goûts que les épices conféraient aux mets de ces contrées, en introduit l'usage en France. Entre autres, le sucre (considéré comme une épice), la cannelle et principalement le poivre étaient extrêmement onéreux et réservés à une catégorie de gens fortunés. Denrées rares et précieuses, les épices servaient donc fréquemment de monnaie d'échange.
C'est vers la fin du XVe siècle, que le mot "espèce" prit en français le sens de pièce d'or ou d'argent.
Notons qu'au XVIIe siècle, selon la région où l'on vivait "payer en espèces" signifiait payer par tout autre moyen qu'en argent.
En espèces "sonnantes et trébuchantes"
Cette expression tire son origine et prend tout son sens à partir d'une autre expression qui l'a précédée : "Le bon aloi", expression certifiée dès le XIIIe siècle.Lorsqu'un roi voulait frapper des quantités de pièces de monnaie tout en n'y mettant pas une fortune en métaux précieux, il lui était facile de fausser les proportions et ainsi, de mettre en circulation des pièces de mauvais aloi (ou mauvais alliage) ne respectant pas la teneur d'argent ou d'or normalement prévue.
Pour vérifier leur aloi, les pièces de monnaie, lors de leur échange ou de leur dépôt, étaient donc soumises à deux épreuves :
- La première en faisant résonner les pièces sur une surface dure – plus une pièce sonnait et plus elle était pure. La pièce de monnaie était qualifiée de "sonnante" lorsqu'elle ne contenait pas de vil métal : pour une oreille avertie elle tintait de façon reconnaissable. Cette méthode empirique sera complétée un peu plus tard avec l'apparition d'une autre méthode : l'épreuve du "trébuchet".
En effet, les pièces de monnaie s'usaient pendant leur durée de vie et parfois certaines gens peu honnêtes grattaient les pièces pour en récupérer un peu de poudre d'or. Pour que la pièce ait le même poids moyen pendant toute sa durée d'usage, on lui donnait une surcharge à sa fabrication (frappe), surcharge qu'elle perdait peu à peu au cours de son passage de main en main. Cette surcharge était mesurable avec un "trébuchet". Le trébuchet, apparu au XIVème siècle, était une petite balance à plateaux servant pour la pesée de petits poids d'or, d'argent ou des bijoux.
Une fois déclarée "sonnante", on vérifiait donc ensuite si cette espèce était également trébuchante, c’est-à-dire si elle avait encore le "trébuchant".
C'est donc l'usage combiné de ces deux méthodes qui donna jour à l'expression "espèces sonnantes et trébuchantes" désignant des pièces authentiques, neuves ou presque.
Autrefois, on parlait aussi de personnes de bon ou de mauvais aloi suivant qu'elles étaient de condition sociale élevée ou basse, respectivement.
Au fil du temps et loin des "espèces sonnantes et trébuchantes", "aloi" est resté jusqu'à nos jours synonyme de "qualité" ou "d'authenticité.
Par chercheursdeverites Le 25/09/2014
Connaisssiez-vous l'origine du mot "Mental" ?
Nous avons trop souvent tendance à confondre "mental" et "intelligence".
Le mot "mental" nous vient du latin "mens", qui signifie "esprit", "mens" lié lui-même au verbe "mentiri" - "mentir".
Le mot "Intelligence" est dérivé du latin lui aussi : "intelligentia" - "faculté de comprendre".
En décomposant le mot "intelligentia", nous trouvons : le préfixe "inter"- (entre), et le radical "legere" (choisir, cueillir) ou "ligare" (lier).
Le mental - "mens" - est le réceptacle de ce qui est perçu par les sens. Il constitue une mémoire pleine d'idées, d'émotions, de perceptions agréables ou désagréables, de sensations heureuses ou douloureuses.
À l'intelligence il suggère les idées reçues (ou préconçues), au coeur les sentiments de sympathie ou d'antipathie, d'attraction ou de répulsion.
Si son contenu n'a pas été analysé, trié, "choisi", "relié" puis synthétisé suffisamment à temps par l'intelligence afin qu'elle puisse l'intégrer sainement à la mémoire de l'être, il agit littéralement comme un "brouilleur d'ondes", un écran de fumée parasitant nos facultés intellectuelles ou nos sentiments. Le mental devient alors "celui qui ment" alternativement ou simultanément au coeur et à l'intelligence.
Ainsi, il ne nous est pas toujours aisé de démêler l'écheveau du mental et de déterminer objectivement (avec l'aide de l'intelligence) ce qui nous convient réellement ou ce qui ne nous convient pas, que ce soit sur le plan intellectuel ou sur le plan affectif. Et la mémoire, au fil du temps, réapparaît sous des formes plus subtiles : "l'intuition" et les rêves.
L'intelligence pousse à l'action réfléchie, le coeur à l'attachement spontané, le mental provoque la réaction incontrôlée.
Lorsque nous disons d'une personne qu'elle a une "mauvaise mentalité", nous ne parlons pas de son intelligence proprement dite mais bien de son état d'esprit : "mens".
Autrement dit le mental exciterait l'imaginaire en lui instillant des pensées confuses pareilles à un essaim de mouches bourdonnantes, tandis que l'intelligence, elle, élaborerait des raisonnements clairs sur la base d'une imagination que la volonté aurait préalablement épurée et dont le coeur pourrait s'inspirer.
En d'autres termes, le mental résonne, l'intelligence raisonne et plus on résonne, moins on raisonne.
"Mens" en latin, "ménos" en grec mais aussi ... "men" de l’indo-européen commun signifiant "pensée".
Les Anciens connaissaient déjà très bien ce mécanisme :
Il y a 3 000 ou 4 000 ans, les "Rishis" (littéralement sages voyants) rédigeaient les "Upanishads". Il s'agit d'un ensemble de textes philosophiques qui forment la base théorique de la religion hindoue.
Et voici ce qu'ils nous disent :
"Le corps est comme un char : l'âme en est le maître, l'intelligence en est le cocher, les rênes sont le mental, et les sens, ce sont les chevaux."
Par chercheursdeverites Le 25/09/2014
Connaissiez-vous l'origine de l'expression "Faire le pied de grue" ?
À l'instar de ces grands oiseaux des marais qui parfois s'endorment en levant une patte tout en reposant sur l'autre, la grue est le surnom que l'on donne depuis 1415 aux dames faisant commerce de leurs charmes, adossées à un mur, un pied au sol et l'autre appuyé au mur et qui attendent le client.
Au XVIe siècle, le verbe "gruer" signifiait "attendre", et l'on disait "faire la grue" ou "faire la jambe de grue". C'est au XVIIe siècle que l'expression a été remplacée par "faire le pied de grue".
L'oiseau passant pour être une bête stupide, la grue étant souvent le terme usité pour désigner une personne idiote, "faire le pied de grue" équivaut donc à "attendre en ayant l'air un peu stupide".
Par chercheursdeverites Le 22/09/2014
Connaissiez-vous l'origine de l'expression "À tire-larigot" ?
Dans le français populaire du XVe siècle, "tirer" ou "à tire" signifiait faire sortir un liquide pour le boire "sans arrêt, d'un seul coup" ("Quand le vin est tiré, il faut le boire"), et il existe un verbe analogue au verbe boire : "flûter".
L'expression "à tire-larigot" qui signifie "excessivement" viendrait-elle d'un amalgame avec l'ancienne expression "flûter pour un bourgeois" (la flûte à champagne n'est apparue que dans le courant des années 1930) et qui voulait dire "boire comme un trou" ? Aurait-on comparé une flûte à une bouteille ?
Le "larigot", à l'origine, était une sorte de flûte, un petit flageolet dont le nom en sa forme primitive était "arigot" ou "harigot" ; au cours du temps, l'arigot a donné "larigot" par contraction de l'article et du nom.
Le "larigot" dit "jeu de larigot" est également l'un des jeux les plus aigus de l'orgue français ; il produit un son similaire à celui de la flûte.
Mais de la flûte à l'orgue, il y a une cloche.
Une vieille histoire raconte qu'à Rouen, au XIIIe siècle, dans le clocher de la cathédrale se trouvait une très lourde cloche nommée "La Rigaud" ou "La Rigaude" ainsi nommée parce qu'offerte à la ville par l'archevêque Eude Rigaud. En raison de ses dix tonnes, elle était extrêmement difficile à mettre en branle et à faire sonner : l'effort à fournir sur les cordes était tellement intense, que les sonneurs très vite assoiffés buvaient souvent et beaucoup, pour se donner des forces ; d'où l'expression "Boire à tire la Rigaud" (connue également sous la forme "Boire comme un sonneur").
N.B. L’orgue est le plus ancien instrument à clavier de l'histoire ; c’est donc pour l'orgue et grâce à l'orgue que le clavier a été inventé. C'est au cours du IIIe siècle avant notre ère, à Alexandrie, que l’ingénieur Ctésibios met au point le premier orgue nommé "hydraule", à la faveur de ses recherches sur l’élasticité de l’air.
Chaque tuyau dispose d’une petite tirette rappelée par un ressort qui permet de faire entrer l’air et produire le son.
La cloche est l'un des plus vieux instruments sonores que nous connaissions : elle est née probablement, quant à son principe, à l'époque où l'homme sut, par le feu, durcir l'argile et constituer ainsi un vase qui se révélera "sonore" en le percutant. Les premières cloches métalliques remontent à l'âge du bronze. On a trouvé des traces d'utilisation des cloches en Chine, il y a 4 000 ans.
La plus vieille cloche de France classée monument historique est celle de Sidiailles (Berry). Elle date de 1239.
Par chercheursdeverites Le 18/09/2014
L'usage ne s'en est généralisé qu'à partir de la seconde moitié du XIXe siècle.
Dans la langue française, le terme apparaît en 1747 dans l’œuvre "Zadig" de Voltaire : "Zadig éprouva que le premier mois du mariage est la lune de miel et que le second est la lune de l’absinthe." Il semble qu'elle ait été reprise de l’anglais "honeymoon", apparu bien plus tôt, dès 1546.
Mais pourquoi cette référence au miel ?
En réalité, il s’agirait d’une métaphore inspirée d’anciennes pratiques venant de tous les continents.
Le concept de "lune de miel" trouve ses origines dans la plus haute Antiquité. Il renvoyait à la période qui suivait les noces, soit un mois lunaire de 29 jours.
- Zoroastre (entre -1400 et -1000av. J.-C.), dans le "Zend-Avesta" (oeuvre qui lui est attribuée et qui est le livre sacré des Perses), utilise l'expression "lune de miel". Elle est donc connue de toute l'Antiquité.
- À Babylone, le père de la mariée devait offrir quotidiennement à son gendre le "mead", bière à base de miel. On appelait alors ce premier mois de mariage le "mois de miel". Le calendrier à cette époque était un calendrier lunaire. Par extension, l’expression est devenue "lune de miel".
- Les pharaons qui se mariaient buvaient également une boisson à base de miel et de propolis durant les 28 jours suivant leur mariage afin d'obtenir joie et bonheur.
- Les Chinois et les Indous consommaient du miel.
- Une ancienne tradition germanique consistait en ce que le couple ne boive que de l'hydromel pendant les trente jours suivant le mariage.
Ces substances étaient alors reconnues pour leurs vertus aphrodisiaques, favoriser la fécondité et apporter bonheur et douceur au jeune couple.
La période suivant le mariage apparaît comme un rite de passage durant lequel il faut rompre la routine et permettre au couple de fertiliser la relation, comme une parenthèse enchantée.
"Aurillac, Vitré, Aulnay, Orly"
Par chercheursdeverites Le 13/09/2014
Connaissiez-vous le point commun entre ces villes : Aurillac, Vitré, Aulnay, Orly ?
"-ac", "-é", "-ay", "-y".
A l’époque gallo-romaine, la plupart des noms de régions et de villes ont pour origine le nom du peuple (gallo-romain) qui les occupait.
Le suffixe"-ac" vient du latin "-acum", lui-même dérivé du gaulois "-acos" ; il est typique des zones géographiques ayant connu un ancien peuplement de langue celtique - rappelons que le gaulois est une langue celtique et que les Celtes n'étaient pas cantonnés à la Bretagne -. "-ac" désigne le territoire d’un peuple ou d'un propriétaire.
Ainsi, le territoire de Victorius a donné Vitrac, Vitré, ou encore Vitry, dans le Nord. Mais il a subi de nombreuses évolutions, prenant des formes très diverses dues au passage de la langue d'oc à la langue d'oil : l’on trouve surtout des "-ac" ou "-acq" dans les régions occitanes (Sud-Ouest, Massif central, mais aussi en Charentes, Vendée et en Haute-Bretagne de langue gallo) - comme les noms de famille Chirac ou Mauriac, bien connus -, mais plus on remonte vers le Nord (au-delà de la ville de Cognac), plus on rencontre ses formes dérivées : "é", "ay", "ey" ou "y" dans les régions d’oïl (Ouest, l’Île-de-France, le Nord et le Nord-Est).
La ville d’Aulnay (-de-Saintonge) provient du nom du domaine d’Alnedonnacum dont le nom gallo-romain de son propriétaire était Alnedonius.
Orly aussi, ville de Aurelius, dérivé de "aureliacum", que l’on retrouve également dans le Sud, avec la ville d’Aurillac. Un suffixe qui fait donc le tour de la France tout en gardant son sens originel : la "propriété" d’un tel.
Le cas de la Bretagne est un peu particulier puisque, à part les territoires qui se sont francisés par la suite l'on y parlait une langue celtique brittonique conjointement au gallo-roman. Par exemple :
Carnac, "karn" en breton ou "carn" en vieil irlandais et en gallois signifiant "tas de pierres, tumulus de pierre" ; ou encore, le verbe gaulois "carnitu(s)" traduit par : "ont érigé une tombe ".
Quelques autres variantes :
- En Limousin et en Auvergne, du fait que le "c" final ne se prononce pas, ce suffixe a parfois été francisé en "-at" : Cunlhat, Royat
- Dans les régions du Centre-Est : "-as" (Julienas), "-at" (Viriat), "-eu(x)" (Virieu, Savigneux), "-ex" (Morgex), "-ey" (Sarcey)
- Dans les régions germanisées (Nord, Nord-Est Alsace et Moselle francique)
-ach" (Brisach), "-ig" (Epfig), "-ecque" ou "-ecques" (Éperlecques)
- Dans le Nord, la Picardie, la Normandie : "-ies" (Landrecies), "-iers" (Guiseniers), "-ez" : Dardez.
N.B. La "toponymie" (du grec tópos, lieu et ónoma, nom) est la science qui étudie les noms de lieux ou "toponymes".
Par chercheursdeverites Le 11/09/2014
Connaissiez-vous l'origine de l'expression "Gagner le Pactole" ?
Le Pactole était une petite rivière dans le royaume de Lydie (région de Turquie dont les richesses du sous-sol sont célèbres), qui descendait du Mont Tmolos et charriait des sables aurifères.
La Lydie avait pour roi le célèbre Crésus (né vers 596 av. J.-C.). Il régna d'environ 561 à 547 av. J.-C. Sa puissance et sa richesse, réputées considérables, lui venaient des sables aurifères de cette rivière et lui doivent d'avoir été immortalisé dans l'expression "riche comme Crésus."
Les ressources du Pactole étaient déjà épuisées avant le Ier siècle et ce n'est plus aujourd'hui qu'un torrent appelé Sart Çayı.
Petite anecdote mythologique
Le roi légendaire Midas offrit un jour l’hospitalité à Silène, compagnon de Dionysos, et eut alors la possibilité de faire un vœu : il souhaita que tout ce qu’il touchait se transformât en or. Lorsqu’il comprit que cela s’appliquait aussi à sa nourriture, incapable de manger et de boire, il supplia le dieu d'annuler son vœu. Dionysos lui ordonna alors de se laver les mains dans les eaux du Pactole. C'est ainsi qu'en s'y lavant les mains le roi Midas aurait mis ces paillettes dans les eaux du fleuve.
Par chercheursdeverites Le 02/09/2014
Connaissiez-vous l'origine de l'expression "Être voué aux gémonies" ?
"Être voué aux gémonies" signifie être voué au mépris public. Le mot "Gémonies" était associé pour le sens au latin "gemo" qui signifie "se plaindre", "gémir".
Les gémonies, ou "escalier aux gémissements" (en latin "scalae Gemoniae") étaient dans la Rome antique le lieu où, après strangulation, les corps des suppliciés étaient exposés publiquement aux insultes du peuple. De là on traînait leurs corps avec des crocs pour les jeter ensuite dans le Tibre.
"Il est battu par les flots, mais ne sombre pas"
Par chercheursdeverites Le 01/09/2014
"Fluctuat nec mergitur"
Telle est la devise de Paris.
À l'époque gallo-romaine, Paris portait le nom de "Lutèce". "Lutetia" tire son nom du mot gaulois "lut" (marais) - "loth" en gaëlique - et du latin "lutum" (boue). Ce nom fait référence aux Parisii, peuple de la Gaule Celtique (ou Gaule belgique) qui occupait la vallée marécageuse de l'Essonne depuis le IIIe siècle av. J.-C. et dont elle était la capitale : "Lutetia Parisiorum".
Elle prit son nom actuel seulement au IVe siècle.
En latin, "Fluctuat nec mergitur" : "Il est battu par les flots, mais ne sombre pas."
"Fluctuat nec mergitur" pourrait être interprétée ainsi : "Il souffre mais parvient à surmonter les épreuves". Probable référence aux invasions barbares et aux guerres.
La vieille Lutèce avait pris pour armes un vaisseau. Le navire représenté sur le blason est le symbole de la puissante corporation des Nautes ou des Marchands de l'eau, très importante dans la ville durant l'Antiquité.
Une première mention d'armoiries de Paris apparaît dès 1190 lorsque Philippe Auguste, au moment de son départ pour la Terre sainte, donne pour armoiries à la ville de Paris :
« Un écu dont le champ était de gueules, à la nef d'argent, au chef d'azur, semé de fleurs de lys d'or ».
Ce qui signifie : fond rouge (générosité, courage) avec un navire argent (pureté et franchise), Le haut bleu (douceur, justice, noblesse et dévotion) et les trois fleurs de lys d'or étant les attributs du Royaume de France.
Le blason de Paris, sous sa forme actuelle date de 1358, époque où le roi Charles V donna le chef semé de fleurs de lys.
La devise "Fluctuat nec mergitur" fut ajoutée au XVIe siècle.
Par chercheursdeverites Le 30/08/2014
Connaissiez-vous l'origine de l'expression "En catimini" ?
Le terme "catimini" qui signifie en "en secret, de façon discrète, en cachette" serait dérivé du grec "katamênia", "menstruation", les femmes de l'Antiquité se retirant au moment de leur état régulier. Le passage de a en i se serait fait sous l'influence du verbe catir "cacher". D'autres expressions nommant le "sang cataménial" font référence au sang lui-même.
Par chercheursdeverites Le 27/08/2014
Connaissiez-vous l'origine de l'expression "Cordon bleu" ?
Être un "cordon bleu " signifie être un très bon cuisinier. Mais l’origine de cette expression n’a rien à voir avec les arts de la table : elle trouve ses racines aux temps des Guerres de Religion.
C’est en 1578, sous l’Ancien Régime et pendant les Guerres de Religion, qu’Henri III constitua l’ordre du Saint-Esprit. Cette organisation catholique destinée à lutter contre les protestants rassemblait des hommes mûrs – de plus de 35 ans – issus de la noblesse.
Ce fut le premier ordre de la monarchie française, et aussi le plus prestigieux. Ses chevaliers portaient la croix de Malte, symbole honorifique accroché à un large ruban de couleur moirée bleu ciel. Cette distinction fut abolie à la Révolution, pour laisser place à la Légion d’honneur, instaurée en 1802 par Napoléon Bonaparte.
La référence culinaire revient à l’ordre du Saint-Esprit, car les porteurs du "cordon bleu" avaient pris pour habitude de se réunir en "confréries de gourmands", afin de cultiver l’art du bien manger et du bien boire.
Par chercheursdeverites Le 07/08/2014
Connaissiez-vous l'origine de l'expression "Avoir le béguin de..." ?
Cette expression trouve sa source au XIIe siècle. On l'utilise pour parler d'une personne éperdument amoureuse au point d'en être aveugle. Le terme en usage était "être coiffé(e)", à l'instar de ceux qui portent un bonnet enfoncé jusqu'aux yeux. De "coiffé" à "embéguiné" il n'y eut qu'un pas et c'est ainsi qu'en l'espace de deux siècles l'expression "avoir le béguin de..." acquit ses lettres de noblesse.
Au XIIe siècle, à Liège (Belgique), apparaît le premier couvent de soeurs de l'ordre de Saint-François. Ces religieuses, les béguines. - portaient une coiffe en toile fine : le "béguin". "Béguine" et "béguin" dérivant du nom du fondateur de ce couvent : Lambert Le Bège (1131 - 1177). Plus tard, il s'agira d'une coiffe que l'on faisait porter aux enfants sous leur bonnet.
Un peu d'histoire
Dès leur constitution, les béguines furent les premières "religieuses dans le monde". N'ayant fait vœu d'appartenance à aucun ordre religieux, elles avaient une liberté d'action caritative que n'avaient pas les moniales cloîtrées. Elles s'installaient souvent à proximité d'une église paroissiale. Leurs logis étaient indépendants mais, rassemblés pour mieux se protéger, s'entraider et surtout pratiquer leurs dévotions et activités caritatives, ils formaient un béguinage. Cependant, il arrivait qu'elles puissent tout aussi bien vivre dans leur famille, voire avec un époux. Leur caractéristique était l’absence de règle : elles pouvaient choisir de faire un vœu, souvent de chasteté (avec l’accord de leur époux si elles étaient mariées).
À travers une règle de vie très souple, les béguines cherchent une nouvelle manière d'exprimer leur foi. C'est une sorte de démocratie avant l'heure. Il n'y a pas de mère supérieure, juste une "Grande Dame" élue pour quelques années. De même, chaque béguinage édicte ses propres règles, toujours modifiables. Rien n'est imposé : ni l'habillement, ni l'habitat. La plupart des béguines vivent seules dans une maisonnette où elles prennent leur repas. Les plus pauvres rejoignent la maison communautaire, le couvent. Le travail, moyen d'émancipation économique, fait partie de leur existence. Elles s'occupent du blanchissage des draps, du lavage de la laine, travaillent à la ferme, fabriquent des bougies. Les plus instruites se tournent vers l'enseignement. Enfin, grâce aux infirmeries présentes dans les béguinages, elles acquièrent un savoir-faire médical.
Beaucoup d'entre elles vivent aussi leur foi en s'adonnant à l'art.
Mais cette émancipation, et l'absence de règle précise étant inacceptables pour l'Église, le deuxième concile du Latran mit fin à ce "désordre" en 1139 : déclarant hérétiques les manichéens et les gnostiques, il formula les premières condamnations contre les cathares et les béguines. Plus tard, le Concile de Vienne (1311-1312) se réunissant à la demande du roi de France Philippe le Bel statua sur la dissolution de l'Ordre du Temple et prononça l'interdiction des béguinages. En 1311, la mystique Marguerite Porete fut brûlée à Paris pour hérésie.
Par chercheursdeverites Le 07/08/2014
Connaissiez-vous l'origine de l'expression "L'argent n'a pas d'odeur" ? Aux temps de la Rome antique, dans les toilettes publiques l'urine était collectée puis stockée en de grandes cuves dans lesquelles les Romains faisaient tremper leur linge afin de lui rendre sa blancheur - grâce à l'ammoniaque contenu dans celle-ci -, et que les tanneurs utilisaient également pour dégraisser les peaux. L'empereur Vespasien (9-79 apr. J.-C.) institua une taxe sur les toilettes publiques. C'est également à partir du nom de cet empereur qu'est née la dénomination des toilettes vespasiennes. |
"Il n'est pas dans son assiette"
Par chercheursdeverites Le 01/02/2014
Connaissiez-vous l'origine de l'expression : "Il n'est pas dans son assiette" ?
Cette expression, qui tend à se perdre, signifie "Ne pas être en forme".
Le mot "assiette", tout comme le mot "assise", est issu du latin "assidere" signifiant "asseoir".
"Assiette" est un terme équestre utilisé depuis le XVIe siècle : il désigne la position d'un cavalier sur sa monture lui permettant, selon qu'il est "bien assis" ou non, de conserver son équilibre en toute circonstance. L'assiette demeure donc la première qualité de "confort" qu'un écuyer doive rechercher.
Le mot "assiette" désigne également une pièce de vaisselle essentielle du couvert.
Un peu d'histoire
C'est au XVe siècle, à Naples, que naît la première grande école équestre d'Europe. Naples se situant au carrefour de plusieurs traditions, elle conservait l'héritage de l'Antiquité, en particulier l'héritage grec.
Le cheval de guerre local, le Napolitain ou Napoletano était alors une véritable arme de combat : "croupades", "levades", "pesades", "cabrioles" et autres figures (également appelées "airs") permettaient de décimer les rangs ennemis.
Le cheval Napolitain est une race de cheval italien, originaire de Naples et de ses environs, très connue entre le XVe siècle et le XVIIIe siècle. Il a été utilisé dans toutes les cours européennes pour des exhibitions de Haute École et pour l'amélioration d'autres races. Cette race s'est éteinte au début du XXe siècle.
Naples étant passée à cette époque sous domination aragonaise, on y importe alors le "Genêt d'Espagne" concurrent du cheval napolitain ; compact et musclé, de tempérament calme, et possédant des allures supplémentaires. Avec lui, on importe "l'équitation à la genète", équitation de combat individuel élaborée au cours de la reconquête sur les Arabes.
Au XVIe siècle, l'Académie de Naples acquiert une réputation telle que les écuyers de l'Europe entière viennent y chercher la connaissance d'un art nouveau notamment auprès du maître-instructeur Gianbatista Pignatelli.
En 1515, lors de la bataille de Marignan, le roi François Ier découvre que l'Italie maîtrise cette équitation savante. L'art équestre prendra alors son essor en France (Salomon de La Broue et Antoine de Pluvinel partirent s'instruire en Italie auprès de Pignatelli.). Il n'aura de cesse de se développer et de se perfectionner jusqu'au XIXe siècle, notamment avec La Guérinière et Baucher.
Ce qui était jadis l'art du combat équestre est devenu aujourd'hui performance artistique. Ces redoutables croupades, levades, pesades et cabrioles qui ravageaient les infanteries ennemies sont devenues des "airs" au service de l'esthétique.
En Espagne, ne dit-on pas : "Nous allons voir danser les chevaux" ?
De nos jours, quatre grandes écoles d'art équestre se distinguent et nous offrent de fabuleux spectacles :
- l'Ecole Royale Andalouse d'Art Équestre (chevaux andalous Pure Race Espagnole)
- l'École Portugaise d'Art Équestre, issue d'une tradition très ancienne dont les premières traces écrites remontent au XIVe siècle (chevaux Lusitaniens)
- l’École Espagnole de Vienne - parallèlement créée à l'École Équestre Napolitaine en 1565 - (chevaux Lipizzans)
- le Cadre Noir de Saumur - dont les racines remontent à la fin du XVIe siècle - (chevaux de Selle Français, Anglo-arabes, Pur Sangs)
L'assiette
L'assiette en tant que pièce de vaisselle (du latin "vascella", "vaisseau"), existait déjà dans l'Antiquité (en terre cuite, en bois, en pâte de verre ou même en métal).
Il a fallu attendre le XVIe siècle pour que l’assiette, plate ou creuse, soit utilisée comme une pièce de vaisselle individuelle, se substituant à l'écuelle et au tranchoir.
Car au Moyen-Âge, les convives n’utilisaient pas d’assiettes, mais des "tranchoirs".
Le "tranchoir", ou "tailloir", était une plaque ronde, rectangulaire ou carrée en bois - en métal précieux chez les bourgeois ou à la Cour - sur laquelle on superposait des tranches de pain rassis destinées à absorber les sauces, les jus et la graisse des aliments que l’on y posait.
Ces tranches de pain - qui portaient elles-mêmes le nom de tranchoirs ou de tailloirs - n’étaient pas consommées, mais distribuées aux pauvres, voire aux animaux de compagnie.
Au XVe siècle, l’ustensile tranchoir reste en usage mais le pain tranchoir disparaît peu à peu. Il subsistera jusqu’au XVIIe siècle, même si l’assiette fait son apparition dès le début du XVIe siècle à la table des rois, notamment de François 1er.
C'est donc à la Renaissance, sous l’influence italienne, que les assiettes individuelles en faïence de Faenza (ville du nord-est de l'Italie) sont apparues en France sur les tables.
Même si la fourchette commençait à être utilisée à la même période, les convives se servaient de leurs doigts pour manger, et s'essuyaient les mains et la bouche à la nappe.
C’est à Louis XIV que nous devons la démocratisation de l’assiette. En effet, pour financer les guerres ruineuses qu’il entreprend, il exige que tous les objets en or et en argent du royaume soient fondus ; ces matériaux deviennent interdits pour la platerie.
Cela aura pour conséquence le développement de la vaisselle en porcelaine (d’abord venue de Chine) et en faïence.
Louis XV développera leur industrialisation.
C'est ainsi qu'à la fin du XVIIIe siècle l'utilisation des assiettes s'est démocratisée.