Connaissiez-vous l'origine de l'expression "Chacun voit midi à sa porte" ?
Autrement dit : chacun se préoccupe de son propre intérêt avant toute autre chose, et considère ses problèmes ou ses opinions comme étant les plus importants."
Cette expression est directement liée à la fabrication des cadrans solaires scellés au-dessus ou à proximité de la porte d'entrée des maisons, et dont l'usage se généralise en Occident dès la fin du Moyen Âge.
À l'origine, c'étaient de simples maçons sans connaissance gnomonique (gnomon signifie "règle" en grec) qui faisaient office de "cadraniers". Or, pour créer des cadrans solaires précis, il fallait non seulement des connaissances gnomoniques, mais trigonométriques et cosmographiques pointues. Cette spécialité était le fait d’un métier précis : celui des cadraniers.
Il était même attendu de ces artisans qu’ils soient capables de pratiquer ce métier véritablement comme un art, dans l’utilisation de la céramique, de la poterie,du verre, ou de la peinture. Le cadranier doit être chaudronnier, graveur sur pierre. Le cadran dépasse l’objet fonctionnel et devient une œuvre, favorisant le développement de certains métiers, notamment au travers du compagnonnage.
Mais faute de ces compétences, ces derniers n’étant pas toujours réalisés par des cadraniers avertis, il était fréquent que les habitants aient des indications d’heures différentes d’une maison à l’autre. Ainsi, quand le soleil était au zénith, les cadrans de chaque porte n’indiquaient pas tous midi. D'où l'expression : "Chacun voit midi à sa porte".
Une devise ou un proverbe orne souvent le cadran. Elle peut être en latin : "Carpe diem" (Cueille le jour présent)
ou "Vulnerant omnes, ultima necat" (Toutes les heures blessent, la dernière heure tue),
"Horas non numero, niai serenas" (Je ne compte que les heures sereines), "Dies nostri quasi umbra super terram et nulla est mora" (Nos jours sur la terre sont comme l'ombre, et il n'y a point d'espérance) etc.
Un peu d'histoire.
L'ancêtre du cadran solaire était le "gnomon".
Le mot gnomon est un mot qui en latin signifie "aiguille de cadran solaire", venant du grec gnômôn qui désignait une règle ou ce qui sert de règle.
Par dérivation un gnomon est le nom du plus simple cadran solaire : un bâton planté verticalement dans le sol ; voire encore plus simple : l'homme lui-même. Sa table est horizontale. Un des cadrans solaires les plus anciens retrouvés à ce jour vient d'Egypte. On estime son age à environ 3600 ans. Un autre, gravé sur pierre, a été retrouvé en Irlande sur le site de Knowth '(Great Mound), il aurait été construit il y a 5300 ans.
Le gnomon a donné son nom à la science des cadrans solaires, la gnomonique, ainsi qu'à la personne qui conçoit des cadrans, le gnomoniste. Le réalisateur est appelé cadranier.
Plus tard, un nouveau modèle (le scaphé), basé sur la sphère, fut introduit par Bérose en Grèce au IIIe siècle av. J.-C.. D'autres modèles en découlèrent (hémisphérique, conique, plan…).
Ces modèles indiquaient des "heures inégales" (heures également appelées temporaires variant selon le lieu et la saison) qui divisaient le jour, du lever au coucher du soleil, en 12 heures, été comme hiver : les heures d'été étaient longues, les heures d'hiver courtes.
En Égypte antique, les jours et les nuits étaient divisés chacun en douze heures, et ce quelle que soit la durée du jour ou de la nuit. Les Égyptiens mirent au point un instrument capable de mesurer les heures du jour : le cadran solaire.
Bien sûr, un cadran solaire ne fonctionne pas quand le soleil n'est pas visible ni quand le temps est couvert.
Très tôt, presque toutes les civilisations ont développé des instruments qui pouvaient alors prendre le relais du cadran solaire, en particulier la clepsydre (littéralement "qui vole l'eau") ou "horloge à eau.
Elle semble avoir été inventée en Egypte environ 3.000 ans avant J.C.. Elle fonctionnait sur le principe d'un écoulement régulier au fil du temps, sur le même principe que le sablier.
Partant d'Egypte, les clepsydres se sont répandues chez les Grecs, puis chez les Romains. Ce type de clepsydre à remplissage unique offrait une précision de l'ordre de 5 à 10 minutes. Le principe de la clepsydre a également été utilisé par les Amérindiens. Les clepsydres les plus perfectionnées ont été celles réalisées par les Perses et les Chinois.
La clepsydre fut utilisée pour mesurer de courtes périodes : en Grèce pour mesurer la durée d’un discours ou d’une plaidoirie dans les tribunaux ; puis les durées des gardes dans la légion romaine. L'heure était indiquée par le niveau d'un flotteur .
Notre division moderne du temps remonte au début du IIe millénaire avant J.C.. Les Mésopotamiens ont compté en base 60, comme le faisaient les Sumériens. Le système de numération babylonien était sexagésimal. La division de l'heure et des minutes a repris ce système. Ainsi, l'heure est divisée en 60 minutes et la minute en 60 secondes.