Connaissiez-vous l'origine de l'expression "Tenir la dragée haute" ?
"Tenir la dragée haute", c'est tenir tête à quelqu'un, mais aussi une façon de chercher à le soumettre en le faisant attendre ou dépendre de quelque chose.
Cette expression remonte au XVIIIe siècle.
Le mot "dragée" est une déformation de deux mots de l'ancien français du XIIIe siècle : "dragie" provenant du latin "tragemata" et signifiant "friandises" et "dravie", issu du gaulois "dravoca" et désignant "l'ivraie".
L'origine de cette expression aurait donc deux sources :
Il existait un ancien jeu qui consistait à amuser les enfants en suspendant une friandise par un fil afin que ceux-ci essaient de s'en emparer.
C'était une certaine forme de pouvoir que détenait celui ou celle qui tenait le fil, le haussant ou l'abaissant selon son bon plaisir afin d'empêcher les marmots d'attraper trop facilement la friandise.
La "dravie" (ivraie) était une botte de fourrage vert, mêlant grains de froment et de sarrasin - parfois mélange de vesce, d’avoine, de fèves et de bisailles - friandise dont raffolent les équidés mais dont ils ne doivent pas abuser à cause de ses riches propriétés nutritives.
Les dragies étaient placées haut dans son râtelier, hors de sa portée. Et on ne lui en distribuait qu'avec parcimonie.
Le terme "ivraie" dérive du latin populaire "ebriacus", (ivre) : il existe plusieurs espèces d'ivraies dont certaines, consommées en petite quantité, induisent des effets comparables à l'ivresse, d'où son nom populaire.
Un peu d'histoire
En grec ancien, le mot "trágêma" (tragemata en latin) signifie "friandise", et désigne un mets servi à la fin du repas en guise de dessert. On en trouve aussi des traces à l'époque romaine, puisque Julius Dragatus, confiseur de la famille des Fabius, l'aurait inventée, en laissant accidentellement tomber une amande dans une jarre de miel.
La dragée aurait également pour ancêtre une friandise appelée "diagragum", fabriquée au Moyen Âge à partir de la sève d'un arbre d'Anatolie.
En France, elle est créée en 1220 par un apothicaire (les seuls autorisés à faire commerce du sucre) de la cité de Verdun, qui cherche un moyen de faciliter la conservation et le transport des amandes qu'il utilise. Il a alors l'idée de les enrober de sucre et de miel durcis à la cuisson, faisant de Verdun un important centre de fabrication et le symbole de la ville. Le sucre de canne, rapporté du Moyen-Orient par les croisés, est bientôt favorisé à la place du miel dans la confection des dragées en raison de l'apparence lisse obtenue ainsi.
En 1750, un confiseur parisien, Pecquet, invente une dragée lisse en faisant cuire du sirop de sucre autour d'une amande dans des bassines qu'il fait tourner toute une journée. Ce dragiste, créateur de la dragée moderne, devient le fournisseur officiel de la Cour au point que Paris détrône la capitale des dragées, Verdun. En 1777, une ordonnance royale retire le privilège du commerce du sucre aux apothicaires pour le remettre aux confiseurs.