"La catastrophe terrifie, et la désolation succède à la panique"

chercheursdeverites Par Le 06/02/2016 0

Dans Des Racines et des Lettres

"La catastrophe terrifie, et la désolation succède à la panique"

Pompei - Italie

Nous pourrions tout aussi bien dire :

"Le bouleversement fait trembler, et le dépeuplement succède à la peur".

"Catastrophe"
Entré dans la langue française à partir du latin "catastropha"
L'éruption du Vésuve - Pierre-Jacques Volaire (1802)(évènement décisif) ce mot est issu du grec ancien "katastrophế", littéralement "katá" (vers le bas) et "strophê" (retournement, tournant). La "kastrophê" désignait en littérature la partie traitant le dénouement d'un poème dramatique ou d'une tragédie sous forme d'évènement décisif et destructeur qui bouleverse et qui ruine. En somme, un "coup de théâtre".

"Terrifier"
Du latin "terreo" (faire trembler, effrayer, épouvanter, faire peur), le verbe "terrifier" est issu du grec ancien "tréô" (trembler). On retrouve ce radical dans l'indo-européen commun *tres-" (trembler), en sanscrit "trásati" (trembler), "trasayati" (faire trembler).

"Panique"
Le mot panique est issu du grec "panikos", relatif à Pan. Mi-homme, mi-bouc,
Mosaïque au dieu Pan (IIe siècle av. J.C.), Genazzano - ItaliePan était le dieu des bergers, des pâturages et des bois. À l'instar de tous les dieux sylvains il s'amusait à effrayer les voyageurs qui s'égaraient dans les bois en leur apparaissant soudainement. La "panique", était la manifestation humaine de la colère de Pan.
En effet, s'il était naturellement le protecteur des pâtres et de leurs troupeaux, Pan était également considéré comme le dieu de la foule hystérique ; il avait le pouvoir de faire perdre son humanité à l'individu terrifié qu'il démembrait et dont il éparpillait les morceaux..

"Désolation"
En latin "desolatio" (destruction), issu du verbe "desolare" dont la racine est "solus" ou "sollus" (seul, unique, isolé, délaissé, abandonné) ;
Pompei - Italieainsi, "de-solare" signifiait "laisser seul, dépeupler, déserter, ravager, abandonner, priver de) par opposition à "consolare" (consoler, restaurer, réconforter).
Jusqu'au XIVe siècle, le verbe "désoler" était employé au participe passé pour "déserté" et à l'actif pour "ravager, dépeupler". Par la suite il a pris le sens que nous lui connaissons : "plonger dans une affliction extrême". Depuis 1672, il est également intégré dans l'usage de politesse, prenant une forme allégée en "contrarier, ennuyer", par exemple : "Je suis vraiment désolé pour vous !"

Un peu de mythologie
Lors du combat des Titans contre les dieux de l'Olympe, Pan ramassa une conque qu'il avait Syrinxtrouvée sur le rivage et s'en fit un porte-voix. Le mugissement fut tel qu'il plongea les Titans dans l’effroi et que ces derniers prirent la fuite, croyant avoir affaire à une puissance très supérieure à la leur.
Amateur de musique, Pan avait inventé la syrinx (flûte à sept tuyaux appelée "flûte de Pan") qui devint la flûte des bergers ; la nymphe Syrinx, en essayant d’échapper à ses assiduités, fut transformée en roseaux, à partir desquels Pan fabriqua ses flûtes.

Un peu d'histoire
Nous sommes sous le règne de l'empereur Titus. Le 24 août* 79, entre dix heures et midi, le Vésuve entame la destruction de Pompéi. La ville est progressivement ensevelie sous une épaisse couche de cendres et de magma.

Au cours des sept premières heures de l'éruption, des pierres ponces blanches tombent sur Pompéi, au rythme de Fresque de chasse, Pompei - Italie15 cm par heure, s'accumulant à hauteur de 1,30 m - 1,40 m.
Vers 8 heures du soir, la composition du magma se modifie et une pluie de pierres ponces plus foncées, dites "grises", s'abat sur Pompéi. La couche totale des pierres ponces atteint quelques 2,80 m d'épaisseur. Elle est si lourde que les toits des maisons s'effondrent, tuant un certain nombre d'habitants et entravant progressivement le chemin de ceux qui tentent de s'enfuir.
Parmi eux, l'écrivain et naturaliste Pline l'Ancien et ses compagnons
Pline l'Ancien"mettent sur leur tête des coussins et les attachent avec des tissus". Il est d'autant plus difficile de se déplacer que le nuage volcanique voile le soleil et que l'éruption s'accompagne de secousses sismiques.
Dans ses "Lettres", Pline le Jeune (neveu du précédent) les décrit "...si fortes que tout semblait non plus bouger, mais se renverser... on voyait d'autre part la mer retirée et comme tenue à l'écart du rivage par les secousses de la terre".

La seconde phase - la plus destructrice - commence le matin du deuxième jour vers 1h.
Lorsqu'une colonne éruptive ne peut plus supporter la charge en fragments, elle s'effondre sur elle-même et
Gaius plinus secundus histoire naturelledonne naissance à des écoulements (déferlantes pyroclastiques) plus ou moins denses de matériaux incandescents et de gaz le long des flancs du volcan, appelés "nuées ardentes".
Herculanum, une petite ville côtière à l'ouest de Pompéi, est rayée de la carte.
À l'aube, plusieurs déferlantes pyroclastiques atteignent Pompéi. Elles ont un effet dévastateur. Une masse fluide se déverse sur la ville, entraînant l'anéantissement de tout ce qui vit encore, que ce soit dans les rues ou dans les maisons. Une cendre fine, mêlée de gaz, pénètre dans les poumons et provoque l'asphyxie. Lorsque la dernière déferlante, la plus dévastatrice, touche la ville vers 8 heures du matin, toute vie y a déjà cessé. Pompéi disparaît sous six mètres de lapilli (fines particules de roches volcaniques) et Herculanum sous seize mètres de boues.

Sur les 10.000 à 15.000 habitants que devait compter Pompéi, le nombre de victimes qui succombèrent par asphyxie sousThermopolium, Pompei - Italie les nuées ardentes et retrouvées à ce jour est d'environ 3000 .
Dans les campagnes environnantes, les victimes ont dû se chiffrer par dizaine de milliers. Toutes n'ont pas été asphyxiées mais tuées instantanément par une violente vague de chaleur et de poussière.
Pline l'Ancien, qui avait tenté de fuir par la mer, mourut asphyxié par les émanations de gaz sulfureux. Son corps sera découvert trois jours plus tard.

Fresque panoramique, Villa des Mystères, Pompéi - Italie

* La date du 24 août demeure incertaine et, du fait de plusieurs indices, pourrait être celle du 24 octobre de la même année :
Le seul témoin oculaire survivant fiable, Pline le Jeune, âgé de 17 ans à l'époque de l'éruption, relate l'événement dans deux lettres adressées en l'an 104 à l'historien Tacite.

La date exacte de l'éruption fut longtemps placée au 24 août 79 car la majorité des manuscrits de Pline portait la mention des calendes de septembre, quelques manuscrits cependant portaient des leçons indiquant des dates différentes et légèrement postérieures.
L'une indique en particulier les calendes de novembre (1er novembre), peut-être faut-il alors placer l'éruption le neuvième jour avant les calendes de novembre, soit le 24 octobre de notre calendrier. Longtemps délaissée cette datation a suscité à nouveau l'intérêt des historiens grâce à des indices de plus en plus nombreux qui semblaient placer l'éruption en automne :

- des dolia (grandes amphores) semblaient contenir du vin fraîchement pressé ;
- des braseros étaient allumés le jour de l'éruption ;
- les victimes retrouvées dans la cendre portaient des vêtements plus chauds que les tuniques claires d'été ;
- la végétation indiquait l'automne : noix, figues et inversement les fruits d'été typiques d'un mois d'août étaient déjà vendus séchés ou en conserves ;
- l'analyse de monnaies trouvées en 1974 datant de la quinzième salutation impériale de Titus, nécessairement postérieures au début de septembre 79.

Fresque

 
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