"Kernevez, Guenrouet, Vern, Ploumanac'h, Tréhoranteuc"

chercheursdeverites Par Le 25/10/2015 0

Dans Des Racines et des Lettres

Que de sons envoûtants nous sont offerts par la fascinante Bretagne aux lieux mythiques, dont les noms résonnent comme autant d'incantations druidiques...

Alignements de Carnac, Bretagne - France
Mais bien avant les druides, la Bretagne était habitée depuis déjà 750 000 ans.
5.000 ans avant J.-C., des populations étaient sédentarisées, s'installant dans les vallées, près des points d'eau. C'est à ces dernières que nous devons les impressionnants Allée couverte de La Roche-aux-Fées, Essé - Bretagnemégalithes : menhirs, dolmens et cairns.
La Bretagne, "Breizh", de son nom originel, fut touchée dès le Ve siècle avant J.C. par un deuxième afflux de peuples celtiques venus de Grande Bretagne. Les Celtes imposèrent leur langue et leurs coutumes. Puis en 56 av. J.C., ce fut la conquête romaine. "Breizh" se latinisa en "Brittania" (ou aussi "Britannia") signifiant littéralement "le Pays des Bretons". Dès le Ier siècle, "Britannia" désignait la Bretagne insulaire, vaste province romaine qui comprenait l’Angleterre (l'Île de Bretagne), le pays de Galles et le sud de l’Écosse.Chemin des douaniers, Côte de Granit Rose - Bretagne
Cette partie maritime de la Gaule continentale​ et son arrière-pays (notre Bretagne) se nommait également en celtique continental ou gaulois "Aremorica" : "le pays qui fait face à la mer",
le pays des Aremorici "ceux qui habitent devant la mer, près de la mer" et comprenait également l'actuelle Normandie. Armorica est la
latinisation de ce terme d'où le nom de "Massif armoricain".
Mais revenons à Breizh, l'Armorique bretonne celtíque du Ve siècle av. J.C.
Le territoire est occupé par cinq peuples principaux qui ont laissé leurs noms à quelques villes. Ainsi : 
- Rennes (Roazhon en breton) tient son nom du peuple des Redones (en latin, "les cochers ou les cavaliers") résidant dans l'Est Remparts du Château de Fougères (1173) - Bretagnede l’actuel département de l’Ille-et-Vilaine. (Le nom de la ville de Redon est sans rapport avec celui de la tribu des Redones qui ont laissé leur nom à Rennes).
- Corseul (Kersaout) doit le sien aux Coriosolites ("les troupes qui veillent"​) dont le territoire se situait dans l'Est de l'actuel département des Côtes-d'Armor, dans l'Ouest de l'Ille-et-Vilaine et le Nord-Est du Morbihan.
- Vannes (Gwened) tient son nom du peuple des Vénètes ("ceux qui ont les cheveux blancs") qui s'étaient impalantés dans l’actuel Morbihan, apparentés aux peuples homonymes de Vénétie et du Gwynedd (région du pays de Galles).
- Les Osismes (dont le nom signifie "les plus hauts" ou "ceux du bout du monde") étaient localisés dans l'actuel département du Finistère Ouessant, Bretagne - Franceet la partie ouest des Côtes-d'Armor et du Morbihan, l'Île d'Ouessant comprise (en breton Enez Eusa, "l'ile la plus haute" ou "la plus éloignée"). Leur  capitale  était  Carhaix.
- Nantes, elle, a hérité  de  celui  des  Namnètes qui résidaient dans l'actuel département de la Loire-Atlantique, au nord de la Loire.
"Ker-", "Guen-", "Plou-" "Tre-", survolons quelques-uns des toponymes du cru breton.
 La toponymie bretonne se compose d'une Cloître de l'Abbaye de Daoulas (1173), Bretagne - Francepart  des toponymes  brittoniques et d'autre part  des toponymes  romans  ou romanisés.
 Les  appellatifs  toponymiques et les  anthroponymes  (noms  de  personnes  donnés  à  des  lieux)  issus  du  breton  se  concentrent  essentiellement  à  l'ouest  de  la  Bretagne  (Bretagne  bretonnante)  et  les  toponymes  romans  dans  sa  partie  est  et  sud  (Bretagne  gallo).

Kernevez, Kervignac, Kerfeunteun, Kerfourn, Kermoroc'h
"Ker" en breton signifie "lieu habité", allant du village à la forteresse.Vieux four à pain sur la butte de Quistinic en Moustoir-Ac, Bretagne 
Kernevez : "le  nouveau  village" ;
Kervignac : "le  village  de  Veneius" : 
Kerfeunteun : "le  village  de  la  fontaine" ;
Kerfourn : "le  village  du  four" :
Kermoroc'h  est  composé  de  "Ker" - "Mor"  et  "Roc'h" : "le  village  entre  mer  et rochers".
Nous  retrouvons  l'appellatif  "Mor"  dans "Morbihan" ("Mor-Bihan" en breton) : "la petite mer".

Guenrouet, Le Pouliguen, Guéméné, Porzh-Guen, Guingamp, Guérande, Vannes
Marais-salants, Guérande, Bretagne - France"Gwenn"  signifie  "blanc, pur, sacré".
 Guenrouet  (en  breton  Gwenred), "le  gué  sacré" :
 Le Pouliguen  (Ar  Pouliguen) : "l'anse  blanche" ;
 Guéméné  (Gwenvenez - Penfaou) : "la  colline  blanche" ;
 Porzh-Guen : "le  port  blanc" ;
 Guingamp : “champ  blanc”  ou  "champ  laissé  en  friche ;
 Guérande : "terre  blanche"  ou  "champ  stérile"  ou  encore  
"parcelle  consacrée".
Vannes (Gwened) : "le pays de ceux qui ont les cheveux blancs".

Pen-Hir, Penguilly, Penmarc'h, Penn-ar-Bed (Finistère)
"Penn" signifie "tête, bout, cap, extrémité, origine".Pointe de Pen Hir, Bretagne - France
Pen-Hir (Beg Penn Hir) : "la longue pointe" ; 
Penguilly (penn-killi) : "le bout du bois" ou "pen-guilly" "tête de lumière" ;  
Penmarc'h : "tête de cheval" : Finistère (Penn-ar-Bed) : "le bout du monde".

Guern, Vern
"Gwern" en breton signifie "aulne", "aulnaie", "marais".
Guern et Vern-sur-Seiche (Gwern-ar-Sec’h) ont la même racine.

Vieux puits, Guern - Bretagne

La Bretagne a longtemps été considérée comme le bastion catholique de la France, en témoignent souvent les appellatifs préfixés comme "Plou/Plé", "Tré" et "Loc" :

Plounévez, Plougastel, Plouhinec, Pléboulle, Ploërmel, Ploumanac'h
Oratoire de Saint-Guirec, Ploumanac'h, Bretagne - France"Plou-" ou "Plé-" - en latin "plebem", peuple - prend le sens de "paroisse" en breton.
Ainsi Plounévez : "la  nouvelle  paroisse" ;
Plougastel : "la  paroisse  du  château" ;
Plouhinec : "la  paroisse  aux  ajoncs" ;
Ploërmel : "paroisse  d'Arthmael" ;
Pléboulle : "la paroisse  dédiée  à  Saint - Paul" ;
Le cas de Ploumanac'h est un peu différent puisque ce nom provient de la déformation du breton "Poull Manac'h", "Poull signifiant "l'anse" ou "la mare au moine".

Tréguennec, Trégarantec, Tréhoranteuc, Trégastel, Trébédan
"Tré-", issu du vieux breton "Treb-", "Trev-" signifie "le quartier", Église,Tregastel, Bretagne - France"l'habitation", "le village" puis "grève" (annexe paroissiale).
Tréguennec : "le beau village" ;
Trégarantec : "l'habitation  aimable" ; 
Tréhorenteuc : "pays  de  la  charité" ;
Trégastel : "trêve  du  château" ;
Trébédan : "village  de  saint  Petran".

Locronan, Locmaria, Loctudy, Locmiquélic, Locminé
Locronan, Bretagne - France"Lok" (du latin "locus", avec ici le sens de lieu sacré, église ou ermitage dédiée à un saint).
Locronan : "lieu  consacré  à  Ronan" ;
Locmaria : "le pays  de  la  Vierge  Marie" :
Loctudy : "lieu  consacré  à  Tudy"  
(fondateur  de  la  première  communauté chrétienne  au  Ve  siècle) ;
Locmiquélic : "l'ermitage de Miquelic" (Michel) ; 
Locminé (en breton "Loc Menech") : "le  lieu  des  moines".

Plogoff, RoscoffRoscoff, Bretagne - France
"Goff", forgeron, peut aussi être lié au dieu forgeron "Gofannon".
Roscoff : de "Ros", "tertre", "butte", "le tertre du forgeron" (ou de Gofanon) ;
Plogoff : "la paroissse de Saint Cov, saint breton dont le nom se retrouve dans celui du village de Lescoff.

Le Pays des Bretons 
Nous l'avons dit plus haut, à l'époque romaine, la dénomination de "Bretagne" (Britannia) Vieux puits en Pays d'Argoat, Bretagnes'étendait  jusqu'au  sud  de  l'Écosse.  Afin  de  préserver
cette  grande  province  romaine  
des  tribus  "barbares"  
(les Pictes)  et  de  leurs  multiples  attaques,
deux  murs - frontières  furent  édifiés  par  les  Romains :
le Mur d'Hadrien et le Mur d'Antonin.


Entre 122  et 127 ap. J.C., l'empereur Hadrien fait édifier un mur Le Mur d'Hadrien (122 ap. J.C.) - Angleterrede défense situé au nord de l’Angleterre (à la frontière approximative de l'Écosse) à un endroit resserré entre l’embouchure de la Tyne en Mer du Nord et le Golfe de Solway Firth en Mer d’Irlande. D'une hauteur de 4,5 mètres et de 2,7 mètres de d'épaisseur le mur d'Hadrien s'étendait sur 117 kilomètres. Il était flanqué de trois cents tours et protégé par dix-sept camps retranchés.
Plus tard, vers 140, l'empereur Antonin - successeur d'Hadrien - fit ériger un autre mur en Grande-Bretagne doublant plus au Nord le mur d'Hadrien. Long de 60 km environ, il était situé entre le Firth of Forth et la Clyde (Écosse).​

 
Un peu d'histoire
En 851, un Royaume de Bretagne - entité éphémère - est constitué.
Ensemble paroissial de Saint ThégonnecC'est  le  Duché  de  Bretagne qui lui fait suite en 939 (dont  Anne  de  Bretagne  demeurera  la  plus  célèbre duchesse).
L'union  du  Duché  de  Bretagne  au  royaume  de  France  deviendra  définitive  en  1532  sous  le  règne  de  François  Ier.
Plus  tard,  sous la Révolution  Française, c'est  l'épisode  de  la  Chouannerie, guerre  civile Le couloir du Cairn de Gavrinis, Bretagne - Francequi  toucha  l'ouest  de la  France et opposant dès  1791  les  royalistes  (Chouans et Vendéens)  aux  républicains. 
Le  nom  de  "Chouan"  en  langue  gallo signifie "chat - huant", ou  "chouan", nom local de la chouette  hulotte. Pour  s'avertir et  se reconnaître, les  rebelles contrefaisaient  le cri du chat - huant.
L'appellation  de "Chouan"  se généralisa  aux autres  royalistes armés  dans les  provinces de l'ouest.

Blason de la Bretagne

Le blason de la Bretagne : "d'hermine plain"
Devise de la Bretagne : "Kentoc'h mervel eget em zaotra" soit "Plutôt la mort que la souillure" (Xe siècle).

Manoir des Beauvais (XIVe-XVe siècle), Dol-de-BretagneFort La Latte (XIVe siècle), Cap Fréhel - Bretagne

 

 
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