Connaissiez-vous l'origine de l'expression : "Il n'est pas dans son assiette" ?
Cette expression, qui tend à se perdre, signifie "Ne pas être en forme".
Le mot "assiette", tout comme le mot "assise", est issu du latin "assidere" signifiant "asseoir".
"Assiette" est un terme équestre utilisé depuis le XVIe siècle : il désigne la position d'un cavalier sur sa monture lui permettant, selon qu'il est "bien assis" ou non, de conserver son équilibre en toute circonstance. L'assiette demeure donc la première qualité de "confort" qu'un écuyer doive rechercher.
Le mot "assiette" désigne également une pièce de vaisselle essentielle du couvert.
Un peu d'histoire
C'est au XVe siècle, à Naples, que naît la première grande école équestre d'Europe. Naples se situant au carrefour de plusieurs traditions, elle conservait l'héritage de l'Antiquité, en particulier l'héritage grec.
Le cheval de guerre local, le Napolitain ou Napoletano était alors une véritable arme de combat : "croupades", "levades", "pesades", "cabrioles" et autres figures (également appelées "airs") permettaient de décimer les rangs ennemis.
Le cheval Napolitain est une race de cheval italien, originaire de Naples et de ses environs, très connue entre le XVe siècle et le XVIIIe siècle. Il a été utilisé dans toutes les cours européennes pour des exhibitions de Haute École et pour l'amélioration d'autres races. Cette race s'est éteinte au début du XXe siècle.
Naples étant passée à cette époque sous domination aragonaise, on y importe alors le "Genêt d'Espagne" concurrent du cheval napolitain ; compact et musclé, de tempérament calme, et possédant des allures supplémentaires. Avec lui, on importe "l'équitation à la genète", équitation de combat individuel élaborée au cours de la reconquête sur les Arabes.
Au XVIe siècle, l'Académie de Naples acquiert une réputation telle que les écuyers de l'Europe entière viennent y chercher la connaissance d'un art nouveau notamment auprès du maître-instructeur Gianbatista Pignatelli.
En 1515, lors de la bataille de Marignan, le roi François Ier découvre que l'Italie maîtrise cette équitation savante. L'art équestre prendra alors son essor en France (Salomon de La Broue et Antoine de Pluvinel partirent s'instruire en Italie auprès de Pignatelli.). Il n'aura de cesse de se développer et de se perfectionner jusqu'au XIXe siècle, notamment avec La Guérinière et Baucher.
Ce qui était jadis l'art du combat équestre est devenu aujourd'hui performance artistique. Ces redoutables croupades, levades, pesades et cabrioles qui ravageaient les infanteries ennemies sont devenues des "airs" au service de l'esthétique.
En Espagne, ne dit-on pas : "Nous allons voir danser les chevaux" ?
De nos jours, quatre grandes écoles d'art équestre se distinguent et nous offrent de fabuleux spectacles :
- l'Ecole Royale Andalouse d'Art Équestre (chevaux andalous Pure Race Espagnole)
- l'École Portugaise d'Art Équestre, issue d'une tradition très ancienne dont les premières traces écrites remontent au XIVe siècle (chevaux Lusitaniens)
- l’École Espagnole de Vienne - parallèlement créée à l'École Équestre Napolitaine en 1565 - (chevaux Lipizzans)
- le Cadre Noir de Saumur - dont les racines remontent à la fin du XVIe siècle - (chevaux de Selle Français, Anglo-arabes, Pur Sangs)
L'assiette
L'assiette en tant que pièce de vaisselle (du latin "vascella", "vaisseau"), existait déjà dans l'Antiquité (en terre cuite, en bois, en pâte de verre ou même en métal).
Il a fallu attendre le XVIe siècle pour que l’assiette, plate ou creuse, soit utilisée comme une pièce de vaisselle individuelle, se substituant à l'écuelle et au tranchoir.
Car au Moyen-Âge, les convives n’utilisaient pas d’assiettes, mais des "tranchoirs".
Le "tranchoir", ou "tailloir", était une plaque ronde, rectangulaire ou carrée en bois - en métal précieux chez les bourgeois ou à la Cour - sur laquelle on superposait des tranches de pain rassis destinées à absorber les sauces, les jus et la graisse des aliments que l’on y posait.
Ces tranches de pain - qui portaient elles-mêmes le nom de tranchoirs ou de tailloirs - n’étaient pas consommées, mais distribuées aux pauvres, voire aux animaux de compagnie.
Au XVe siècle, l’ustensile tranchoir reste en usage mais le pain tranchoir disparaît peu à peu. Il subsistera jusqu’au XVIIe siècle, même si l’assiette fait son apparition dès le début du XVIe siècle à la table des rois, notamment de François 1er.
C'est donc à la Renaissance, sous l’influence italienne, que les assiettes individuelles en faïence de Faenza (ville du nord-est de l'Italie) sont apparues en France sur les tables.
Même si la fourchette commençait à être utilisée à la même période, les convives se servaient de leurs doigts pour manger, et s'essuyaient les mains et la bouche à la nappe.
C’est à Louis XIV que nous devons la démocratisation de l’assiette. En effet, pour financer les guerres ruineuses qu’il entreprend, il exige que tous les objets en or et en argent du royaume soient fondus ; ces matériaux deviennent interdits pour la platerie.
Cela aura pour conséquence le développement de la vaisselle en porcelaine (d’abord venue de Chine) et en faïence.
Louis XV développera leur industrialisation.
C'est ainsi qu'à la fin du XVIIIe siècle l'utilisation des assiettes s'est démocratisée.