"Libera jure fuit et erit sine fine Tolosa"
Telle est la devise ancienne de la ville de Toulouse
Cette devise date du XVe siècle. Plus tard on lui substitua : "Per Tolosa totjorn mai" ("Pour Toulouse, toujours plus").
Selon une légende en vogue à la Renaissance, la ville rose aurait été fondée par Tholus, petit-fils de Japhet, lui-même deuxième fils de Noé, qui aurait donné son nom à la cité.
L'origine du nom de Toulouse est aujourd'hui encore incertaine mais sans doute liée à la peuplade gauloise des Tolosates, probable fraction des Celtes Volques Tectosages (peuple celte originaire de Gaule) dont une partie s'installe sur les hauteurs de la vallée de la Garonne au IIIe siècle av. J.-C.
Ce nom apparaît dans des écrits antiques aux environs du IIe siècle av. J.-C. : "Tholos" en grec, "Tolosa" en latin et en occitan puis devient Tholose en français, avant de se transformer en Toulouse vers la fin du XVIIe siècle.
Certains linguistes considèrent que le mot "Tolosa" serait d'origine ibère, d'autres penchent plutôt pour l'influence celtibère, peuple qui occupait le sud des Pyrénées. L’origine la plus probable du mot Tolosa proviendrait du préfixe "tol", désignant un "gué" ou une "rivière", ou encore "tolso", "torsadée, tordue". En effet, l'emplacement de la ville proviendrait de la facilité de franchissement de la Garonne en ce lieu, le passage d'un gué, étant par ailleurs attesté au pied de l'oppidum de Vieille-Toulouse.
N.B. Les archéologues ont réutilisé le terme tholos afin de désigner des tombes
d'époque mycénienne, l'utilisation de pierres parfaitement taillées donnant à ces dernières l'aspect de ruches d'abeilles.
Par extension, le terme a été utilisé pour
désigner des édifices circulaires à l'époque romaine.
Une "tholos" peut désigner une construction néolithique à structure circulaire.
En Espagne on trouve des bâtiments identiques dans Los Millares, datés de la fin du IVe millénaire av. J.-C.
Un peu d'histoire
La ville est habitée depuis la Préhistoire par une tribu celte : les Volques Tectosages, jusqu'à l'arrivée des Romains, qui y fondent Tolosa.
Le premier commerce qui assura la prospérité de Tolosa fut celui du vin d’Italie, acheminé via Narbonne. D’autres produits de luxe suivirent le chemin tracé par le vin romain, de la vaisselle notamment. Pour disposer de toutes ces richesses, la province s’adonnait, en vrac, à la vente de produits agricoles, et à la vente d’esclaves. La Garonne était utilisée pour le transport de marchandises sur des barges à fond plat et sur les ancêtres des gabares en aval de Toulouse.
Toulouse fut la cité la plus prospère de la Gaule narbonnaise.
- Le IIIe siècle ap. J.C. est marqué par le martyre de saint Saturnin, premier évêque de
Toulouse en 250. Cet évènement marque le début de la conversion de la ville au christianisme. Saint Saturnin refusant le culte romain est condamné à être attaché au jarret d'un taureau. Là où son corps serait tombé, on construisit plus tard l'église Notre-Dame du Taur. Plus tard, au XIe siècle, on édifia une basilique afin d'y abriter ses reliques : la Basilique Saint Sernin (Sernin étant la contraction de Saturnin).
- Au Ve siècle, ce sont les Wisigoths (peuple germanique issu des Goths) qui prennent la cité en 418. Tolouse devient alors la capitale du Royaume Wisigoth. Ils règneront jusqu'en 507 date à laquelle ils laisseront place aux Francs.
- Au VIIIe siècle, le duc Eudes d'Aquitaine repousse l’envahisseur arabe lors du siège
de Toulouse (en 721) : venue d'Espagne, l’armée d’El-Samah - gouverneur de la péninsule ibérique (Al-Andalus) sous les Omeyyades de Damas - subira une cuisante défaite. Moins connu que celui de Poitiers, en 732, ce siège aurait été déterminant pour l’avenir de la France.
En 862, Toulouse est pillée par les Vikings du chef Hasting.
La fin des Carolingiens marque le début de la féodalité. Durant cette période, Toulouse est dirigée par des comtes.
- Au XIIe siècle, on crée le "capitoulat", administration municipale typiquement toulousaine composée de de huit capitulaires et créée sous le nom de "commun conseil de la Cité et du Bourg". les "Capitouls" s’octroient les droits de police, de commerce, d’imposition.
Au Moyen Âge, la ville sera longtemps indépendante, jusqu'à son rattachement au Domaine Royal en 1271.
Les cathares ou Albigeois
Dès le Xe siècle, le catharisme avait fait son apparition en Europe. Du grec "katharós", "pur", le catharisme est une doctrine présentant beaucoup de similitudes avec le manichéisme qui était pratiqué par les Pauliciens et les Bogomiles de Bulgarie,
Le manichéisme - sorte de réforme du zoroastrisme - fut fondé par le perse Mani au IIIe siècle de notre ère. Peintre, visionnaire et philosophe, poète, musicien, médecin, Mani transmit une vision du monde et de la vie si puissante que son enseignement se répandit, de manière totalement pacifique, de l’Afrique à la Chine, des Balkans à la péninsule arabique. Le manichéisme est syncrétisme du zoroastrisme, du bouddhisme et du christianisme.
Tout comme le manichéisme, le catharisme professe la séparation du matériel et du spirituel. Il s’oppose en cela à la confession catholique.
Ils considèrent que l'Église officielle a trahi sa mission. Ils ne reconnaissent ni le dogme ni les enseignements de l'Église catholique mais se revendiquent eux-mêmes chrétiens et se désignent l'appellation de "Bons Hommes" et "Bonnes Femmes".
En effet, les prédicateurs cathares du Midi sont servis par l'image déplorable que donne du catholicisme le clergé local. Prélats et curés se vautrent volontiers dans la luxure mais ne s'en montrent pas moins exigeants à l'égard de leurs ouailles en termes de morale.
Les Parfaits et les Parfaites (nom usuel que les inquisiteurs donnent aux Bonshommes et Bonnes Femmes) affichent au contraire une austérité irréprochable, empreinte de douceur et de sérénité mais témoignent d'une grande compréhension envers les écarts de conduite de leurs fidèles. Ils vivent chastement et s'interdisent toute nourriture carnée, prenant au pied de la lettre le commandement biblique : "Tu ne tueras point".
Ils croient en la métempsycose (réincarnation de l'âme après la mort dans un corps humain ou celui d'un animal). L'âme passant d'être en être, se réincarne dans le corps d'un autre homme, femme ou animal, il était donc interdit de tuer.
La fin du monde n'était pas considérée comme une catastrophe, mais comme une extinction progressive, les âmes sauvées désertant la terre et Satan restant seul dans son néant.
Les cathares n'avaient pas de lieu de culte, peu de sacrements et niaient l'eucharistie. C'est un clergé itinérant qui délivre les sacrements et dévoile les textes, dans les maisons, les châteaux ou sur les places de village.
Les cathares ne reconnaissent qu'un seul sacrement, le "consolamentum", qui efface toutes les fautes passées et garantit la vie éternelle.
Le rite du "consolament"
Le "consolament" est un véritable baptême délivré en deux occasions, soit lors d'ordination des nouveaux prêtres réservée aux novices, des hommes et des femmes, croyants depuis au moins un an, ou alors aux croyants qui le demandaient à l'article de la mort. Pendant une période probatoire fixée à un an, le novice pouvait ainsi s'entraîner aux abstinences rituelles assez rigoureuses. Il recevait ensuite d'un "parfait" la "consolation", une simple imposition des mains.
Seuls les Bonshommes et les Bonnes Femmes (appellation usuelle des prédicateurs cathares) se sentent assez fermes dans leur foi pour le demander en pleine force de leur âge. Ils sont les seuls également à pouvoir donner le "consolamentum".
Les cathares s'étendent progressivement dans le Midi de la France au XIIe siècle.
Toulouse et Albi deviennent deux lieux d'implantation importants et durables pour les cathares d'où le nom parfois employé "d'Albigeois" pour les désigner.
Toulouse devient en 1167 l'une des cinq Églises cathares indépendantes rejetant la puissance catholique.
Les cathares et leurs adeptes deviennent rapidement la cible de l'Église romaine.
Ils sont alors condamnés comme hérétiques.
En 1233 et 1234, des tribunaux d'Inquisition sont mis en place par le pape Grégoire IX.
Les cathares sont traqués.
Le 16 mars 1244, au pied de la forteresse de Montségur, plus de 200 hérétiques qui ont refusé de renier la foi cathare montent volontairement sur le bûcher.
Leur martyre marque la fin de la croisade contre les Albigeois.
Le traité de Paris de 1229 (appelé aussi traité de Meaux) met fin au conflit albigeois opposant le royaume de France au comté de Toulouse. Il prépare le rattachement définitif des pays occitans au royaume de France. La signature du Traité de Paris à l'issue de la guerre contre les Albigeois et le comte de Toulouse, permet de s'emparer du comté de Toulouse. Jeanne de Toulouse (héritière du comté) sera mariée, en 1237, à Alphonse de Poitiers frère de Louis IX (Saint Louis).
À la mort d'Alphonse et de Jeanne son épouse en 1271, et en l'absence d'héritier, le domaine toulousain fut intégré au domaine royal français.
Le Blason : "De gueules à la croix cléchée et pommetée de douze pièces d'or, montée sur une hampe du même posée en pal, adextrée d'un château donjonné de trois tours et senestrée d'une basilique de trois clochers, le tout d'argent maçonné de sable, à l'agneau pascal aussi d'argent, la tête contournée et nimbée d'or, brochant sur le tout ; au chef cousu d'azur semé de fleurs de lys d'or."
La croix du Languedoc, également nommée croix occitane ou encore croix de Toulouse, semble avoir des origines très anciennes. Cette croix aux douze points semble avoir été l'un des symboles d'un peuple gaulois implanté au IIIe siècle av. JC.. Elle s'impose dans le domaine toulousain au début du XIIIe siècle.
Signification
La croix représentée est celle des comtes, la fameuse croix de Toulouse. L'agneau chrétien aurait été à l'origine un bélier. Cet animal, symbole de la force, serait le signe premier de la ville et remonterait à l'époque romaine. Le monument à dextre évoque le Château narbonnais, celui à senestre la basilique Saint Sernin avec la flèche, un ajout "moderne", au lieu d'un dôme avec trois croix. Le chef de France ancien s'explique par l'héritage du comté de Toulouse au bénéfice de Philippe III le Hardi, roi de France, qui visita la ville en 1272. Toulouse en tant que "bonne ville du royaume" avait le droit de porter le chef de France sur ces armoiries.