"Le jeu n'en vaut pas la chandelle"
Le 27/10/2014
Connaissiez-vous l'origine de l'expression : "Le jeu n'en vaut pas la chandelle" ?
Cette expression remonte au XVIe siècle.
Lorsque nous disons "le jeu n'en vaut pas la chandelle", il est rare de nos jours que cela ait un rapport direct avec un jeu quelconque. Cette expression signifie généralement que l'enjeu ou le résultat d'une situation, la qualité ou la valeur d'un objet ne seront pas à la hauteur des efforts ou des dépenses qu'ils engageront.
Les salles où l'on jouait à toutes sortes de jeux (cartes, dés etc...) particulièrement ceux donnant lieu à des enjeux, étaient éclairés à la chandelle. Celle-ci était considérée comme un objet de luxe.
Dans les endroits modestes, l'usage voulait qu'en partant, les participants laissent quelque argent sous le chandelier pour dédommager du coût de cet éclairage.
D'une part, lorsque leurs gains étaient faibles ou nuls, les joueurs en étaient pour leurs frais.
D'autre part, lorsque les organisateurs constataient que ce qui se trouvait sous le chandelier était inférieur aux avances pécuniaires qu'ils avaient engagées, ils concluaient que le jeu n’en valait pas la chandelle.
Notons que jusqu'au XVIIIe siècle, les théâtres, suivant leur importance, étaient chaque soir éclairés par d'innombrables chandelles.
À l'époque, la dépense était exorbitante.
Si la représentation était de mauvaise qualité ou si le public avait été peu nombreux, les bénéfices rapportés étaient insuffisants et ne couvraient même pas le prix des chandelles.
Un peu d'histoire
Le mot "chandelle" est uniquement attribué aux luminaires faits de suif. La mèche était en étoupe (chanvre ou lin) ; ce n'est que beaucoup plus tard qu'elle fut en coton.
Durant des siècles, le jonc a été utilisé pour faire des chandelles. Fendu avec précaution pour ne pas en abimer la moelle, il était trempé dans de la graisse végétale ou du (suif graisse fondue de mouton ou de bœuf) qu'on laissait ensuite durcir. On le faisait brûler dans des brûle-joncs. Dans certaines régions, le suif était remplacé par de la résine.
En Occident, à partir du Moyen Âge la chandelle rivalise avec la lampe à huile.
La chandelle était plus pratique sans être excessivement chère (mais elle était taxée et l'huile restait plus économique). Moins de liquide qui se renverse, de flamme à ajuster, de réservoir à remplir. Mais le suif coule et graisse les doigts, la flamme demeure jaune. Contrairement à la bougie, plus chère, la chandelle brûlait en émettant une odeur forte et une fumée noire.
Le mot "bougie" n'est apparu dans la langue française qu'au XIVe siècle, et est exclusivement réservé à un luminaire fait de cire d'abeille. Il vient de l'arabe "Bugaya", nom d'une ville d'Algérie (actuellement Béjaia ou "Bougie" en français) où se faisait au Moyen-Âge le commerce de cire et de bougies. Connue en Europe pour la qualité de ses chandelles faites de cire d'abeille auxquelles elle a donné son nom, elle fournissait une grande quantité de cire qui pouvait remplacer le suif des chandelles.
Mais cierges et bougies de cire étaient très onéreux ; seuls la noblesse et le clergé s'éclairaient avec des cierges en cire d'abeille, le peuple français s'éclairant au suif faute de moyens. À titre d'exemple, sous le règne de Louis XIV, le coût d'une bougie équivalait au salaire journalier d'un ouvrier spécialisé. Son utilisation était donc réservée aux plus hautes sphères de la société et notamment à la Royauté.
C'est au milieu du XIXe siècle que la mèche de coton tressé remplaça la mèche de chanvre ou de lin.