- Accueil
- Des Racines et des Lettres
Des Racines et des Lettres
"De fil en aiguille"
Par chercheursdeverites Le 05/09/2016
Connaissiez-vous l'origine de l'expression "De fil en aiguille" ?
Nous utilisons cette expression pour décrire un enchaînement de propos ou d'idées se succédant les uns aux autres.
Figurant dès 1275 dans "Le Roman de la Rose" (écrit par Guillaume de Lorris et Jean de Meung), cette expression nous vient du Moyen-Âge, époque où les familles comptaient toutes au moins une couturière parmi leurs membres. Très souvent, les femmes aimaient à coudre ou broder en groupe, tout en discutant. À l'instar du fil qui passait dans le chas de l'aiguille, leur conversation passait d’un sujet à un autre selon une certaine logique et dans la continuité. Elles entretenaient ainsi des relations sociales.
Un peu d'histoire
La naissance de la couture remonte au Paléolithique Supérieur, grâce à l'invention de l’aiguille à chas permettant d’assembler les pièces de vêtement coupées. Les peaux et fourrures sont alors les seuls matériaux dont disposent les hommes pour se vêtir ou créer des abris.
La plus ancienne aiguille à chas au monde est datée de plus de 45 000 ans ; elle a été découverte dans la grotte de Denisova (Russie). Elle pourrait avoir été faite par des Denisoviens. Réalisée dans un os d'oiseau, elle mesure 7,6 cm.
Les aiguilles sont d’abord fabriquées en ivoire de mammouth, en os de renne ou en défense de morse. Certaines sont déjà très fines.
Les Inuits, par exemple, utilisaient le tendon du caribou en guise d'aiguille à tricoter ; les peuples indigènes des plaines américaines utilisaient des méthodes de coutures sophistiquées pour assembler les tipis.
En Afrique, la couture s'est associée au tissage des feuilles permettant de créer des paniers.
L'assemblage de vêtements à base de fibres naturelles provient du Moyen-Orient aux alentours de 4000 ans av. J-C., voire plus tôt durant l'Ère Néolithique.
Au Moyen-Âge, la plupart des femmes françaises apprennent à filer, tisser, coudre et broder. Ce sont souvent les mères qui enseignent la couture à leurs filles.
La société médiévale fait preuve d'une aversion pour les mélanges de couleurs, opérations jugées infernales car elles enfreignent l’ordre et la nature des choses. On ne mélange pas les couleurs, on juxtapose, on superpose. Le bariolage sur un tissu est la marque de la souillure, marque infâmante.
Certaines catégories sociales sont identifiables par les couleurs (seules ou en combinaison) de leurs vêtements, qui leurs sont imposées par des règlements et des statuts sous formes (croix, rouelle, bande, écharpe, ruban, bonnet, gants, chaperon). Ainsi, succinctement et à titre d'exemple, en France :
- blanc et noir : seuls ou en association désignent les misérables et les infirmes (lépreux)
- rouge :les bourreaux et les prostituées
- jaune : les faussaires, les hérétiques et les personnes de confession israélite.
- vert seul ou jaune et vert : musiciens, jongleurs, bouffons, fous.
Le Roman de la Rose
Il s'agit d'une œuvre résumant toute l'aventure de la courtoisie et réunissant sous un même titre deux fictions allégoriques, composées à intervalle de quarante ans par deux poètes de tempéraments opposés : Guillaume de Lorris et Jean de Meung.
Dans la première partie écrite vers 1230 par Guillaume de Lorris, le verger ou jardin paradisiaque est un lieu désarmé, où les chevaliers brillent par autre chose que leur force physique et leurs qualités guerrières ; la véritable distinction réside dans le raffinement des manières. L'allégorie de Guillaume de Lorris résume le postulat de base de la courtoisie : elle exalte la force du désir, mais elle refuse la jouissance ultime qui le comblerait et le détruirait en même temps.
La seconde partie, composée entre 1264 et 1269 par Jean de Meung, est avant tout une satire : l'auteur s'en prend aux ordres monastiques, prédicateurs et mendiants, et surtout aux religieux hypocrites qui n'ont de religieux que l'habit, au célibat des clercs ordonnés, à la noblesse, au Saint-Siège, aux prétentions excessives de la royauté, mais surtout aux femmes. La raison y prend le pas sur l'amour.
Au long du XIIIe siècle, la courtoisie a connu une évolution, tout en poursuivant un même but profond : domestiquer le mythe de la passion fatale de Tristan et Yseult.
Le mot "roman" est issu du latin populaire "romacium" formé à partir de l’adverbe "romanice" qui signifie "en langue romaine vulgaire" (comprenant les langues romanes dont l'ancien français, "oil", "oc" et "si") parlées par la population des pays conquis par Rome, par opposition au latin pratiqué par les lettrés.
Le roman désigne donc une œuvre en langage populaire.
C'est aux alentours de 1135 que les auteurs commencent à désigner leurs oeuvres narratives sous le nom de "roman". Bien que novateur et original, le roman puise de nombreux motifs dans les genres littéraires qui l'ont précédé. Il est novateur car il mêle les exploits guerriers de la chanson de geste, la vision amoureuse de la poésie lyrique et puise dans les légendes celtiques.
Dans la littérature française, l'inventeur du roman médiéval est Chrétien de Troyes (1130 - 1180 ou 90). Auteur de cinq romans traitant de la quête arthurienne et de la Table Ronde (il mourut avant de terminer le dernier intitulé le "Conte du Graal") rédigés en vers octosyllabiques et en langue d'oil, .
Le terme de langue "d'oil", langue "d'oc" et de langue de "si" fut créé par Dante dans son ouvrage "De vulgari eloquentia" en 1303-1304 : il distingue trois langues romanes selon leur manière de dire "oui" :
- la langue d’oc (lingua d’oco) parlée au sud de la Loire
- la langue d’oïl (qui donnera le français) parlée au nord de la Loire ; le "oui" du français moderne est issu de "oïl"
- la langue de si (qui donnera l’italien).
Jusqu'au XIIe siècle, exception faite des écrits religieux et juridiques, les textes étaient rédigés en vers octosyllabiques.
"Du masque au dortoir il n'y a qu'un pas"
Par chercheursdeverites Le 20/12/2014
"Du masque au dortoir, il n'y a qu'un pas"...
Si nous remplacions "masque" par "personne" et "dortoir" par "cimetière", nous obtiendrions :
"De la personne au cimetière, il n'y a qu'un pas".
Quoique chacun de ces quatre mots ait conservé jusqu'à nos jours son sens propre, "personne" et "cimetière" de par leur étymologie greco-latine procèdent respectivement de "masque" et de "dortoir".
"Personne"
Issu du latin "persona", ce mot signifie "masque de théâtre", "rôle" ; *perso, -onis" et "personare" : "se masquer".
En effet, la plupart des objets se rapportant au théâtre portent des noms grecs : "persona" pourrait être une déformation du grec ancien "prosopon", "masque", "visage". Cet unique signifiant introduit, en grec, aussi bien la notion de visage que de masque, ce qui nous permet de mesurer l’écart entre notre approche du masque et du visage - qui sont pour nous deux réalités bien distinctes et même parfois contraires - et celle des Grecs. Dans un premier temps, le "prosopon", c’est, étymologiquement, "ce que l’on offre au regard d’autrui". C’est donc ce qui est susceptible d’être vu mais aussi de voir.
En langue étrusque "phersu" est un masque de dieu psychopompe et signifie "personnage masqué".
Dans la mythologie, un dieu psychopompe (du grec ancien "psykhopompós" signifiant littéralement "guide des âmes") est le conducteur des âmes des morts, un guide ou un passeur vers la "nuit de la mort".
Ce mot ne prendra le sens de "personne" en qualité d'être purement humain qu'à partir du IIe siècle de notre ère.
"Cimetière"
Du latin "coemeterium", devenu "cimiterium" issu lui-même du grec ancien "koimêtêrion" signifie "dortoir", "lieu pour dormir".
Le "masque" est-il vraiment si éloigné de la "personne" et le "dortoir" du "cimetière"... ? Les aléas de la vie humaine n'oscillent-t-ils pas souvent entre la tragédie grecque et le théâtre de boulevard ?
Un peu d'histoire
La Grèce antique connaît déjà la notion de costume de théâtre : les acteurs revêtent des habits, des souliers qui ne sont pas ceux de la vie quotidienne. Ceux-ci varient suivant l'époque et le genre (tragédie, comédie, drame satyrique), mais leur rôle reste identique : il s'agit de faciliter l'identification des personnages. En effet, un même acteur peut jouer plusieurs rôles - parfois très différents - au sein d'une même pièce.
Toute la troupe porte un masque. Les masques couvraient la totalité du visage des comédiens. Ils étaient fabriqués avec des chiffons stuqués assemblés dans un moule et enduits de plâtre. Ils expriment des sentiments très forts : l’étonnement, la douleur, l’effroi. Les masques anciens ne couvrent que le visage. Par la suite, ils s'agrandissent vers le sommet du crâne, de sorte à pouvoir y fixer des perruques ou au contraire, à figurer un crâne chauve.
Le masque est percé aux yeux et à la bouche afin de permettre au comédien de se déplacer et de s'exprimer librement.
Le masque tragique est plutôt réaliste. Le masque du drame satyrique porte une barbe, des oreilles pointues et un crâne chauve. Le masque comique peut être très varié. Parfois, il caricature un personnage contemporain bien connu des spectateurs.
Les acteurs vont pieds nus ou chaussés de "kothornoi" ("cothurnes") sortes de bottines, parfois lacées, parfois dotées de bouts pointus et peut-être inventées par le tragédien grec Eschyle (526 av. J.-C .- 456 av. J.-C.).
Plus tard dans l'antiquité gréco-romaine, ils désignent des brodequins lacés sur le devant du mollet, à semelle très épaisse en bois ou en liège, portés par les acteurs tragiques afin de se grandir, de se donner une allure plus imposante ou plus majestueuse, comme le faisaient les soldats grecs, étrusques et romains.
Les acteurs tragiques dissimulaient cet artifice en portant de longues robes.
De cet accessoire de théâtre, un expression nous est restée : "Chausser le cothurne", qui signifie prendre un ton tragique ou pathétique de façon exagérée dans une situation qui n'en vaut pas la peine.
"Échec et mat"
Par chercheursdeverites Le 14/12/2014
Connaissiez-vous l'origine de l'expression "Échec et mat" ?
Cette expression est issue du persan "Esh-shah mat", c'est-à-dire "le roi est mort". Cependant, il y aurait eu une confusion entre le persan mata "mort" et le persan mat "étonné, paralysé". Shah mat signifierait alors plutôt "le roi est sans défense". Cette dernière étymologie correspondrait mieux au jeu, puisque le roi est la seule pièce à ne pas être "tuée" sur l'échiquier, mais à se rendre (le joueur couche la pièce) lorsque la partie est perdue.
C'est vers le VIIIe siècle que les Perses introduisent le concept de cette annonce de menace sur le roi adverse. Les règles sont ensuite modifiées pour interdire que le roi soit offert à la capture ou laissé sous la menace, considérant que la victoire par échec et mat était plus élégante ; la victoire par annihilation des défenses adverses tomba en désuétude. Le roi ne pouvait plus être capturé et la partie était finie dès qu'un joueur dont le roi menacé n'avait plus de coup possible, c'est-à-dire qu'il est en échec et mat.
Un peu d'histoire
La théorie dominante, attribue la naissance des échecs à l’Inde du Nord, vers l’an 500. Ils se seraient d’abord diffusés en Asie centrale, puis en Chine, suivant la route empruntée par le bouddhisme. Cette hypothèse conserve toute sa crédibilité et sa vraisemblance, mais elle souffre à tout expliquer. En effet, la majorité des traces historiques connues à ce jour incline plutôt à placer la naissance des échecs en Asie Centrale, entre Iran oriental, Afghanistan, Pakistan, Ouzbékistan, Tadjikistan, Turkménistan, Kirghizistan, Turkestan oriental, bref, tous ces pays qui, à cette époque reculée, se rattachaient à l’Empire sassanide ou, tout au moins, se trouvaient habités par des peuples parlant majoritairement des langues iraniennes.
Les recherches n'ont pas permis - à ce jour - d'amener des éléments concrets comparables pour l'Inde. Mais il reste une sérieuse objection : plusieurs caractéristiques des échecs chinois, le "xiangqi", paraissent plus primitives que celles des échecs primitifs indo-persans (chatrang, chaturanga). L’exploitation des sources archéologiques et le déchiffrement des textes anciens sont loin d’être achevés en Chine, et des découvertes ultérieures balaieront peut-être les réponses établies aujourd’hui. Qui plus est, l’énigme obéit peut-être à un schéma plus complexe d’influences multiples et superposées entre les civilisations et leurs jeux.
Les plus anciennes pièces d’échecs connues sont les sept qui ont été trouvées en 1977 à Afrasiab, près de Samarkand en Ouzbékistan. Il s’agit de petites figurines en ivoire, hautes de 3 à 4 cm : deux soldats à pied portant une épée et un bouclier, un cavalier pareillement armé, un éléphant monté et un homme chevauchant une sorte de fauve, deux chariots très différents l’un de l’autre, l’un étant probablement "royal". Ces pièces furent datées du VIIIe siècle, d'évidence avant 712 à cause de la présence d’une pièce de monnaie dans la même couche des fouilles. La première mention écrite des échecs, date du début du VIIe siècle, et nous vient de la Perse. Le jeu d'échecs (en persan "Chatrang" ou "Shatranj") entre dans l’Histoire au cœur de l’Iran médiéval, en opposant déjà deux armées de seize pièces.Trois textes rédigés en pehlevi (moyen persan) montrent que les échecs étaient connus dès l’an 600 en Perse, arrivés à la cour des empereurs Sassanides avec la délégation diplomatique d'un roi de l'Hind (Sind actuel, sur les berges de l'Indus).
Au XIe siècle, en Inde, apparaît une variante du jeu d’échecs à quatre joueurs et à l’aide de dés (le chaturajî). Ce jeu serait progressivement devenu un jeu à deux, principalement à cause de la difficulté à réunir quatre protagonistes. Les Européens ont continué d’utiliser les dés pour choisir leurs coups aux échecs standards jusqu’au XIIIe siècle au moins.
Lorsque les Arabes envahissent la Perse, ils adoptent le "chatrang" sous le nom de "shatranj". Les échecs connaissent alors un développement remarquable. C’est au cours des IXe et Xe siècles qu’apparaissent les premiers champions et les premiers traités. Les pièces sont stylisées en raison de l’interdiction de représenter des êtres animés.
L’arrivée des échecs en Europe se fait sans doute par l’Espagne musulmane aux alentours du Xe siècle, ou par l’Italie du sud (Sicile), se diffusant dans toute l'Europe à partir du XIe siècle.
L’échiquier s'occidentalise au milieu du XIIe siècle, les pièces devenant plus mobiles probablement en lien avec le développement de la poudre à canon qui rend l'artillerie des champs de bataille plus puissante :
- Le plateau devient bicolore avec les cases rouges et noires (qui deviendront plus tard blanches et noires) ; et du persan au français, en passant par l'arabe,
- le Vizir (en persan "farzin") devient "fierge" (ou vierge), puis reine et/ou dame ;
- l'Éléphant (en persan "pil") - "al fil" en arabe, demeuré alfil en espagnol - devient "aufin", puis "fou" (bishop : évêque en anglais) ;
- la Tour ("rukh" qui signifie aussi "bateau" en sanscrit) devient "roc" (d'où le verbe "roquer" en français), puis "tour" vers la fin du XIIe siècle :
- le Cheval (Asp), identique au cavalier moderne ;
- le Piéton (Piyadah), qui devient "paon" puis "pion".
N.B. Les éléphants accompagnaient toujours la marche des troupes perses. Ces animaux faisaient office de tours d’assaut mobiles causant la panique dans les rangs ennemis. C'est la plus puissante pièce du jeu indien, le char de guerre, corps d'armée spectaculaire grâce auquel les Aryens – ancêtres communs aux Indo-Européens – conquirent la vallée de l'Indus au IIe millénaire avant notre ère.
"Avoir du talent"
Par chercheursdeverites Le 01/12/2014
Connaissiez-vous l'origine de l'expression "Avoir du talent" ?
Avoir du talent signifie "être doué" pour quelque chose en particulier.
À l'origine, le talent - du latin "talentum", issu du grec ancien "talanton" (l'étalon) - est une unité monétaire utilisée à l'époque de la Grande-Grèce et jusque sous l'Empire romain.
L’influence des Textes Sacrés, notamment de l’Evangile, dans l’évolution des langues occidentales a été très importante. L’histoire du mot "talent" en est un bon exemple. Dans la "Parabole des talents" (Matthieu 25, 14-30), le talent représente une somme d’argent. La traduction de la Bible en français au XVIe siècle et l’étude du texte dans les milieux protestants font connaître cette parabole.
À partir du début du XVIIe siècle, dans les commentaires et les sermons, ce sens concret a figuré les "dons confiés par Dieu".
Talent prit alors le sens de "capacité, habileté, supériorité dans un art, un métier", ce qui éclipsa la précédente signification.
Talent, talen ou talan.
Il existe souvent des mots dont l'assonance et l'homonymie sont parfois trompeuses.
Dans les régions où l'on parle des langues gallo-romanes, et en particulier dans les zones où les langues littéraires ont eu moins d’influence, le sens abstrait de certains mots définissant un état d’esprit, ou une intention a évolué vers un sens de plus en plus concret.
En occitan par exemple, le cheminement du mot "talent" a rejoint à la notion de "désir, d'envie", qui existe encore en Provence, jusqu'à signifier "désir de manger, faim" en Languedoc, en Gascogne et en Wallonie.
L’expression occitane "avé talent" ne signifie donc pas obligatoirement "avoir du talent" au sens "être doué".
Le "talent" occitan et le "talent" français ont la même origine mais ils sont le résultat de cette évolution différente.
Le "talent" français est récent et littéraire, il date du XVIe siècle, alors que le "talen(t)" occitan est beaucoup plus ancien, comme dans "passa talent" (souffrir de faim).
"Lou pan à la dènt fa veni la talènt" (le pain à la dent fait venir l’envie de manger).
N.B. Au Québec, le mot "talent" a conservé son sens originel et "Ne pas avoir de talent" signifie "Avoir du mal à gérer son argent ou à en gagner."
Un peu d'histoire
A l'origine les hommes pratiquaient le troc, c'est-à-dire qu'ils échangeaient entre eux les produits de la terre ou de la mer contre les produits dont ils avaient besoin.
Le troc, qui est en fait un paiement en nature, devait se révéler au cours des siècles peu pratique compte tenu de l'accroissement des échanges commerciaux entre les Cités Etats, car s'il est facile d'échanger un bœuf contre un boisseau de blé, il est beaucoup plus délicat de troquer un troupeau entier contre mille boisseaux de blé.
On imagina alors la création d'un étalon d'échange, le "talanton" utilisable en tous lieux : c'est ainsi que fut créé le "talent".
L'apparition des talents ou "lingots à peau de bœuf" coïncide avec le début du commerce du cuivre dans le bassin méditerranéen (environ 1600 avant J.C).
Les premiers lingots découverts proviennent de la Crète.
Le talent était en bronze coulé en forme de peau de bœuf et représentait une valeur marchande. Exemple : 1 talent = 10 bœufs = 10 boisseaux de blé.
Il pesait environ 25 à 29 kg, ce qui s'avéra bientôt peu pratique compte tenu des poids à véhiculer. Certains archéologues émettent l'idée que leur forme particulière permettait probablement une prise manuelle aisée, ce qui serait l'indice d'un commerce facile et légitime. D'autres pensent qu'ils étaient destinés à être transformés plutôt qu'à être conservés comme biens de prestige.
On imagina alors l'invention d'une véritable monnaie métallique qui puisse circuler facilement entre les nations et dont la valeur serait garantie par l'état émetteur.
Le Statère valait deux Drachmes, la Drachme était divisée en six Oboles. Le métal utilisé était l'argent, l'electrum et l'or. Pour fabriquer des pièces durables, on ajoutait un peu de cuivre, (afin d'en maintenir l'aloi).
Au-delà de ces subdivisions, il existait des unités de compte : la Mine (100 drachmes) et le Talent (6000 drachmes). Le talent avait un poids légal de 60 mines, soit 25,86 kg d'argent. Ce poids variait selon les pays où il était en usage.
A titre d'exemple, aux temps des diadoques (les généraux qui se disputèrent l'empire d'Alexandre le Grand à sa mort en 323 av. J.-C.), une drachme valait une journée de travail qualifié.
"Granville, Honfleur, Caudebec, Cherbourg"
Par chercheursdeverites Le 24/11/2014
Lorsque nous flânons au hasard des chemins de la belle Normandie, il est curieux de constater la fréquence des suffixes "-ville", "-beuf", "-tot", "-bec", "-fleur", pour les principaux, qui composent le nom de ses communes.
L'appellatif "Normand" est un emprunt au francique *nortman" et signifie "homme du nord".
La Normandie est donc étymologiquement le "pays des hommes du Nord", ce qui ne nous étonnera pas sachant qu'entre le VIIIe et le XIe siècle, elle fut le théâtre d'invasions diverses et variées : Vikings et peuples germains entre autres. À bord de leurs bateaux (snekkars et drakkars), ils arrivent en vagues par le littoral, s'engouffrant par la Seine et par les rivières, déferlant sur le territoire en pillant, saccageant et en dévastant la contrée.
La plupart des noms de communes normandes se sont formés sur la base de diverses langues comme le celtique, le gallo-roman (l'une des principales langues d'oïl), auxquelles se sont ajoutées le vieux norrois (vieil islandais), l'anglo-saxon, des langues germaniques et scandinaves. Les suffixes caractéristiques de ces noms ne sont pas répartis de façon homogène sur les pays normands.
La Normandie possède deux "capitales" : Rouen pour la "Haute-Normandie" et Caen pour la "Basse-Normandie".
Granville, Trouville, Boscherville
La Normandie est la région de France où se concentre le plus grand nombre de noms formés en "-ville", issu du gallo-roman "villa" c'est-à-dire "domaine rural" et du latin "villa rustiqua", c'est-à-dire "grand domaine rural". Le suffixe "-ville" est généralement précédé soit par un adjectif, soit par un nom de personne (anthroponyme).
Ainsi :
- Granville est composé de "Grant" (en langue romane) - "grand" - et "-ville" : "le grand domaine rural".
- Trouville : "Torold" (nom de personne anglo-scandinave) et "-ville" : "le domaine rural de Torold".
- Boscherville : "Baldcar" (nom de personne d'origine germanique) : "le domaine rural de Baldkar". (La forme courante jusqu'au XVe siècle est Bauquierville, avant de passer en ancien français par "boscher" nom signifiant "bûcheron".
Honfleur, Harfleur, Barfleur
Le suffixe "-fleur" du vieil anglais "flēot" c'est-à-dire "eau qui coule, courant, rivière se jetant dans la mer, bras de mer, flot".
Ainsi :
- Honfleur est composé de "Hon" qui serait issu d'un nom de personne anglo-saxon "Huna" et de "-fleur". Honfleur se situe en effet sur l'estuaire de la Seine.
- Barfleur : "Barbe" dans les formes les plus anciennes contracté en "Bar-" semble être un nom de personne Barbey, Barbay (ancien français Barbé "le Barbu", du gallo-roman Barbatu. Le port de Barfleur était à son époque le principal lien maritime entre le duché de Normandie et la Grande-Bretagne.
- Vittefleur : "Witte" déformation probable de l'islandais "lwitr" qui signifie "blanc" ou "qui a les cheveux blancs ou blonds, le teint pâle." Vittefleur : "la rivière blanche" est une commune située sur le fleuve côtier "La Durdent".
Le suffixe "-beuf" ou "-bot", du vieux norrois (vieil islandais) "bóð" ou "bud" qui signifie "cabane, abri, habitation, résidence, village".
- Quillebeuf : du norrois "kill" (bras de mer, estuaire) donc "habitation sur l'estuaire" (de la Seine).
- Daubeuf : de l'ancien scandinave "dalr" (vallon, vallée) donc "habitation ou village du vallon".
Le suffixe "-tôt", du vieux norrois "topt" qui signifie "emplacement, ferme, maison".
- Yvetôt : Ivo, nom de personne d'origine franque qui a donné par la suite le prénom "Yves". Donc, "la ferme d'Yves".
- Criquetot : "Crique-" du vieux norrois "kirkja", "église", ou "kerch", qui, en celtique, signifie "hauteur". Donc "l'emplacement de l'église" ou "maison de la hauteur.
Quelques autres suffixes :
"-bec" :
- Caudebec, du norrois "kaldr bekkr" signifiant littéralement "froid ruisseau".
"Cher-,-cher, ou -quier" :
- Cherbourg, du vieux norrois "kjarr", "marais" et "borg", "forteresse, ville fortifiée" c'est-à-dire "forteresse ou ville des marais".
- Villequier, du vieil anglais *wilig", "saule" et "kjarr", "sauleraie marécageuse".
Une curiosité : Ouistreham, dont le toponyme remonterait à l'installation de colons venus d'Angleterre avec les Scandinaves autour du Xe siècle.
"Ouistr-", vieil anglais "westre", "ouest", ou du latin "ostrea" qui a donné le vieux français "oistre", "huitre" ; "-ham", du vieil anglais "hām", "maison, foyer, groupe d'habitations". Ouistreham, "hameau de l'ouest" ou "hameau où l'on élève les huîtres".
Un peu d'histoire
Succédant à l'occupation romaine et à partir du IIIe siècle, les invasions "barbares" (Francs, Saxons, Frisons et autres peuples germaniques) commencent et se multiplieront tout au long du IXe siècle.
Au cours d’une période s’étendant du VIIIe au XIe siècle le littoral doit également faire face à l'incursion et à la piraterie maritime des Vikings. Viking, en vieux norrois - vieil islandais - désigne un commerçant de longue date, remarquablement équipé pour cette activité, que la conjoncture a amené à se transformer en pillard ou en guerrier, là où c’était possible, lorsque c’était praticable, mais qui demeurera toujours quelqu’un d’appliqué à l'acquisition de richesses. Ce sont des scandinaves : Saxons, Norvégiens, Suédois, Danois. Il semble que l'une des raisons de ces invasions ait été l'adoucissement du climat ayant entraîné une augmentation de la population, enjoignant à trouver de nouveaux espaces.
En 911, Rollon, chef viking norvégien reçut de Charles le Simple la Neustrie, une terre allant de l'Epte à la mer, en contrepartie de l'arrêt de ses pillages et contre promesse de recevoir le baptême. Les négociations aboutissent au traité de Saint-Clair-sur-Epte qui marque la naissance du duché de Normandie. Rollon fut à l'origine du duché de Normandie.
N.B. Blason de la Normandie continentale : "De gueules à deux léopards d’or passant. Trois léopards pour les îles anglo-normandes, et les deux bailliages de Jersey et de Guernesey, comme celui de Richard Coeur de Lion, roi d’Angleterre et duc de Normandie. Devise de la Normandie : "Attendre et voir" (XIIIe siècle) qui aurait remplacé "Thor Aïe !" (Que Dieu nous aide) datant de 1047 à l'origine du nom du village de "La Thuraye".
"Prendre son pied"
Par chercheursdeverites Le 23/11/2014
Connaissiez-vous l'origine de l'expression "Prendre son pied" ?
L’expression aurait son origine dans l’argot des pirates et corsaires. Prendre son pied, c’est partager le butin mesuré à l’aide du pied, l’unité de mesure, d’où le sens de plaisir partagé.
Le pied est une unité de longueur qui existait depuis l'Antiquité, il est attesté depuis le début du IIIe millénaire av. J.-C.. Correspondant à la longueur d'un pied humain, c'est-à-dire un peu plus de trente centimètres. Le pied égyptien équivalait à 30.5112 cm
Sous l'Ancien Régime, on le nommait "pied de roi" et valait 12 pouces soit 32,5 cm.
Les pirates pratiquaient le banditisme. Lors du partage de la prise entre les membres de l'équipage, des piles d’or de la hauteur d'un pied étaient distribuées à chacun en fonction de la hiérarchie, "prendre son pied" signifiant alors "prendre sa part de butin".
Le mot "pirate" provient du terme grec "peiratês", lui-même dérivé du verbe "peiraô" signifiant "s'efforcer de, essayer de, tenter sa chance à l'aventure".
Le mot "corsaire" a été emprunté à l'italien "corsaro" lui même dérivé du latin "cursus", "course". Il est attesté du XVe siècle, mais le terme de "pirate" était encore utilisé comme synonyme à la fin du Moyen Âge, d'où la confusion entre les deux acceptions.
Un corsaire est un membre de l'équipage d'un navire civil armé, autorisé par une lettre de marque (également appelée" lettre de commission" ou "lettre de course") à attaquer en temps de guerre, tout navire battant pavillon d'États ennemis, et particulièrement son trafic marchand, laissant à la flotte de guerre le soin de s'attaquer aux objectifs militaires. Les corsaires ne doivent donc pas être confondus avec les pirates puisqu'ils exercent leur activité selon les lois de la guerre, uniquement en temps de guerre et avec l'autorisation de leur gouvernement. Ce sont des civils qui combattent d'une façon indépendante avec un statut équivalent aux militaires mais sans être soumis à l'autorité d'un état-major, tout en obéissant aux lois de la guerre.
Un "équipage de prise" était envoyé sur le navire saisi avec mission : le ramener à bon port pour le revendre avec sa cargaison, débarquer les prisonniers, entrer en contact avec l'armateur et lui proposer leur libération contre rançon ou par échange avec un nombre équivalent de prisonniers.
Ces missions étaient très réglementées :
Lorsque les corsaires rentraient au port avec les marchandises et richesses volées "légalement" sur les mers, le capitaine corsaire déposait à l'Amirauté son rapport de mer dont l'examen par les officiers d'administration déclenchait une procédure de plusieurs jours.
Personne n'avait le droit de descendre à terre avant que les officiers d'administration n'aient dressé le procès verbal d'inspection du navire, vérifié que les scellés apposés par l'écrivain de bord sur les coffres, malles et armoires de la prise soient intacts.
Ensuite ils apposaient leur sceau sur les écoutilles pour éviter que des parties du butin de prise ne soient débarquées à la nuit tombée.
Enfin, ils interrogeaient les prisonniers et les menaient vers les prisons de la ville.
Alors seulement, l'équipage pouvait quitter le navire et attendait le verdict du Tribunal des Prises, nécessaire avant la vente aux enchères du butin de prise.
Le produit de la vente aux enchères des prises était alors partagé entre les personnes ayant collaboré à la capture de l'ennemi dans l'ordre des priorités :
L'État (Roi, République, Empereur) prenait entre 10 et 20 pour cent (c'est lui qui fournissait la lettre de marque).
Les frais (on payait la nourriture, la poudre, les munitions, ainsi que les réparations faites durant le voyage).
Les veuves et les blessés (les veuves prenaient deux fois la part de leurs défunts maris, et les blessés avaient une indemnité, fixée au départ en fonction de la partie du corps manquante, en plus de leur part).
L'armateur (ou le groupement d'armateurs, lorsque les frais d'armement étaient importants) prenait ensuite 30 pour cent du reste.
Enfin, chaque homme avait sa part en fonction de sa place dans l'équipage (le mousse=demi-part, le capitaine=25 parts, le chirurgien=25 parts etc…)
À partir du XVIIIe siècle, l'État se contente de droits d'enregistrement réduits afin d'encourager la prise de risque des armateurs. Le partage des prises devient alors : 2/3 pour l'armateur, 1/3 pour l'équipage
C'est en 1793, durant la Terreur, que la Convention montagnarde vota l'abolition du pied en France.
Durant le dix-neuvième siècle, presque tous les pays européens abandonnèrent successivement leurs pieds respectifs au profit du système métrique décimal. Cette unité est néanmoins encore utilisée dans beaucoup de pays anglo-saxons et d'anciennes colonies de l'empire britannique.
Les corsaires les plus célèbres :
Jeanne de Belleville (1300-1350), dite "La Tigresse bretonne ou La Lionne de Clisson ou La Lionne sanglante".
Jean Fleury (ou Florin), mort en 1527, corsaire dieppois. Il est connu pour avoir volé en 1522, le somptueux trésor de Guatimozin, dernier empereur aztèque, que Cortès envoyait du Mexique entassé dans deux caravelles.
Guillaume Allène, La Rochelle (1563-1583) dit "le capitaine provençal"
Jean Bart (1650 - 1702) corsaire dunkerquois
René Duguay-Trouin (1673 -1736), corsaire malouin.
Robert Surcouf (1773 -1827), corsaire malouin.
"Le jeu n'en vaut pas la chandelle"
Par chercheursdeverites Le 27/10/2014
Connaissiez-vous l'origine de l'expression : "Le jeu n'en vaut pas la chandelle" ?
Cette expression remonte au XVIe siècle.
Lorsque nous disons "le jeu n'en vaut pas la chandelle", il est rare de nos jours que cela ait un rapport direct avec un jeu quelconque. Cette expression signifie généralement que l'enjeu ou le résultat d'une situation, la qualité ou la valeur d'un objet ne seront pas à la hauteur des efforts ou des dépenses qu'ils engageront.
Les salles où l'on jouait à toutes sortes de jeux (cartes, dés etc...) particulièrement ceux donnant lieu à des enjeux, étaient éclairés à la chandelle. Celle-ci était considérée comme un objet de luxe.
Dans les endroits modestes, l'usage voulait qu'en partant, les participants laissent quelque argent sous le chandelier pour dédommager du coût de cet éclairage.
D'une part, lorsque leurs gains étaient faibles ou nuls, les joueurs en étaient pour leurs frais.
D'autre part, lorsque les organisateurs constataient que ce qui se trouvait sous le chandelier était inférieur aux avances pécuniaires qu'ils avaient engagées, ils concluaient que le jeu n’en valait pas la chandelle.
Notons que jusqu'au XVIIIe siècle, les théâtres, suivant leur importance, étaient chaque soir éclairés par d'innombrables chandelles.
À l'époque, la dépense était exorbitante.
Si la représentation était de mauvaise qualité ou si le public avait été peu nombreux, les bénéfices rapportés étaient insuffisants et ne couvraient même pas le prix des chandelles.
Un peu d'histoire
Le mot "chandelle" est uniquement attribué aux luminaires faits de suif. La mèche était en étoupe (chanvre ou lin) ; ce n'est que beaucoup plus tard qu'elle fut en coton.
Durant des siècles, le jonc a été utilisé pour faire des chandelles. Fendu avec précaution pour ne pas en abimer la moelle, il était trempé dans de la graisse végétale ou du (suif graisse fondue de mouton ou de bœuf) qu'on laissait ensuite durcir. On le faisait brûler dans des brûle-joncs. Dans certaines régions, le suif était remplacé par de la résine.
En Occident, à partir du Moyen Âge la chandelle rivalise avec la lampe à huile.
La chandelle était plus pratique sans être excessivement chère (mais elle était taxée et l'huile restait plus économique). Moins de liquide qui se renverse, de flamme à ajuster, de réservoir à remplir. Mais le suif coule et graisse les doigts, la flamme demeure jaune. Contrairement à la bougie, plus chère, la chandelle brûlait en émettant une odeur forte et une fumée noire.
Le mot "bougie" n'est apparu dans la langue française qu'au XIVe siècle, et est exclusivement réservé à un luminaire fait de cire d'abeille. Il vient de l'arabe "Bugaya", nom d'une ville d'Algérie (actuellement Béjaia ou "Bougie" en français) où se faisait au Moyen-Âge le commerce de cire et de bougies. Connue en Europe pour la qualité de ses chandelles faites de cire d'abeille auxquelles elle a donné son nom, elle fournissait une grande quantité de cire qui pouvait remplacer le suif des chandelles.
Mais cierges et bougies de cire étaient très onéreux ; seuls la noblesse et le clergé s'éclairaient avec des cierges en cire d'abeille, le peuple français s'éclairant au suif faute de moyens. À titre d'exemple, sous le règne de Louis XIV, le coût d'une bougie équivalait au salaire journalier d'un ouvrier spécialisé. Son utilisation était donc réservée aux plus hautes sphères de la société et notamment à la Royauté.
C'est au milieu du XIXe siècle que la mèche de coton tressé remplaça la mèche de chanvre ou de lin.
"Chacun voit midi à sa porte"
Par chercheursdeverites Le 09/10/2014
Connaissiez-vous l'origine de l'expression "Chacun voit midi à sa porte" ?
Autrement dit : chacun se préoccupe de son propre intérêt avant toute autre chose, et considère ses problèmes ou ses opinions comme étant les plus importants."
Cette expression est directement liée à la fabrication des cadrans solaires scellés au-dessus ou à proximité de la porte d'entrée des maisons, et dont l'usage se généralise en Occident dès la fin du Moyen Âge.
À l'origine, c'étaient de simples maçons sans connaissance gnomonique (gnomon signifie "règle" en grec) qui faisaient office de "cadraniers". Or, pour créer des cadrans solaires précis, il fallait non seulement des connaissances gnomoniques, mais trigonométriques et cosmographiques pointues. Cette spécialité était le fait d’un métier précis : celui des cadraniers.
Il était même attendu de ces artisans qu’ils soient capables de pratiquer ce métier véritablement comme un art, dans l’utilisation de la céramique, de la poterie,du verre, ou de la peinture. Le cadranier doit être chaudronnier, graveur sur pierre. Le cadran dépasse l’objet fonctionnel et devient une œuvre, favorisant le développement de certains métiers, notamment au travers du compagnonnage.
Mais faute de ces compétences, ces derniers n’étant pas toujours réalisés par des cadraniers avertis, il était fréquent que les habitants aient des indications d’heures différentes d’une maison à l’autre. Ainsi, quand le soleil était au zénith, les cadrans de chaque porte n’indiquaient pas tous midi. D'où l'expression : "Chacun voit midi à sa porte".
Une devise ou un proverbe orne souvent le cadran. Elle peut être en latin : "Carpe diem" (Cueille le jour présent)
ou "Vulnerant omnes, ultima necat" (Toutes les heures blessent, la dernière heure tue),
"Horas non numero, niai serenas" (Je ne compte que les heures sereines), "Dies nostri quasi umbra super terram et nulla est mora" (Nos jours sur la terre sont comme l'ombre, et il n'y a point d'espérance) etc.
Un peu d'histoire.
L'ancêtre du cadran solaire était le "gnomon".
Le mot gnomon est un mot qui en latin signifie "aiguille de cadran solaire", venant du grec gnômôn qui désignait une règle ou ce qui sert de règle.
Par dérivation un gnomon est le nom du plus simple cadran solaire : un bâton planté verticalement dans le sol ; voire encore plus simple : l'homme lui-même. Sa table est horizontale. Un des cadrans solaires les plus anciens retrouvés à ce jour vient d'Egypte. On estime son age à environ 3600 ans. Un autre, gravé sur pierre, a été retrouvé en Irlande sur le site de Knowth '(Great Mound), il aurait été construit il y a 5300 ans.
Le gnomon a donné son nom à la science des cadrans solaires, la gnomonique, ainsi qu'à la personne qui conçoit des cadrans, le gnomoniste. Le réalisateur est appelé cadranier.
Plus tard, un nouveau modèle (le scaphé), basé sur la sphère, fut introduit par Bérose en Grèce au IIIe siècle av. J.-C.. D'autres modèles en découlèrent (hémisphérique, conique, plan…).
Ces modèles indiquaient des "heures inégales" (heures également appelées temporaires variant selon le lieu et la saison) qui divisaient le jour, du lever au coucher du soleil, en 12 heures, été comme hiver : les heures d'été étaient longues, les heures d'hiver courtes.
En Égypte antique, les jours et les nuits étaient divisés chacun en douze heures, et ce quelle que soit la durée du jour ou de la nuit. Les Égyptiens mirent au point un instrument capable de mesurer les heures du jour : le cadran solaire.
Bien sûr, un cadran solaire ne fonctionne pas quand le soleil n'est pas visible ni quand le temps est couvert.
Très tôt, presque toutes les civilisations ont développé des instruments qui pouvaient alors prendre le relais du cadran solaire, en particulier la clepsydre (littéralement "qui vole l'eau") ou "horloge à eau.
Elle semble avoir été inventée en Egypte environ 3.000 ans avant J.C.. Elle fonctionnait sur le principe d'un écoulement régulier au fil du temps, sur le même principe que le sablier.
Partant d'Egypte, les clepsydres se sont répandues chez les Grecs, puis chez les Romains. Ce type de clepsydre à remplissage unique offrait une précision de l'ordre de 5 à 10 minutes. Le principe de la clepsydre a également été utilisé par les Amérindiens. Les clepsydres les plus perfectionnées ont été celles réalisées par les Perses et les Chinois.
La clepsydre fut utilisée pour mesurer de courtes périodes : en Grèce pour mesurer la durée d’un discours ou d’une plaidoirie dans les tribunaux ; puis les durées des gardes dans la légion romaine. L'heure était indiquée par le niveau d'un flotteur .
Notre division moderne du temps remonte au début du IIe millénaire avant J.C.. Les Mésopotamiens ont compté en base 60, comme le faisaient les Sumériens. Le système de numération babylonien était sexagésimal. La division de l'heure et des minutes a repris ce système. Ainsi, l'heure est divisée en 60 minutes et la minute en 60 secondes.
"Mettre les points sur les "i" "
Par chercheursdeverites Le 04/10/2014
Connaissiez-vous l'origine de l'expression "Mettre les points sur les "i" " ?
Aujourd'hui, l'expression "mettre les points sur les "i", signifie clarifier les choses, ainsi que le firent les moines copistes.
Son origine remonte à l’époque où l’on adopta le caractère minuscule gothique "primitif" (XIe siècle).
Au Moyen-Âge, faute de quantité de papier suffisante (le parchemin coûtait très cher),
l'écriture gothique des moines copistes était serrée et abrégée.
Ainsi, la lettre "i", qui n'était alors constituée que d'une seule barre verticale : "l", pouvait aisément se confondre avec d'autres lettres. Les textes étant la plupart du temps rédigés en latin, deux "i" se confondaient quelquefois avec "u" ; on les distingua alors par des accents tirés de gauche à droite.
Les accents devinrent des points au commencement du XVIe siècle. Ce dernier changement, adopté d’abord par quelques copistes, parut vétilleux à quelques autres, mais dans un souci de clarté, les moines prirent l'habitude d'apposer une marque sur les "i" afin de les reconnaître : ce fut un point au-dessus de la lettre.
Et de là vint la locution "mettre les points sur les "i", que l'on applique à une personne qui pousse l’exactitude jusqu’à la minutie.
Cette pratique fut ensuite élargie à la lettre "j".
N.B. L’écriture gothique est une déformation de la "minuscule caroline" (époque carolingienne, VIIIe siècle) et qui déclina lentement, pour laisser la place, au XIIIe siècle, à l’écriture gothique, plus anguleuse.
Le latin ayant été la langue internationale, diplomatique, scientifique, philosophique et commerciale européenne (jusqu'au XVIIIe siècle), on inventa la lettre "j" qui remplaça le "ii" de certains mots. Elle était transcrite comme une sorte de "i cédille". Elle fut d'abord utilisée dans les documents commerciaux et les contrats, afin d'éviter la fraude lorsque l'on écrivait des nombres tels que "VI" ou "VIII" denarii ; d’où "VJ". L'usage s'en est ensuite généralisé.
"En espèces sonnantes et trébuchantes"
Par chercheursdeverites Le 04/10/2014
C'est à partir du XVIe siècle que cette expression est entrée en usage. Elle désigne d'une manière plaisante les bonnes vraies pièces de monnaie.
Demander à être payé en espèces sonnantes et trébuchantes signifiait que l'on voulait être payé en monnaie authentique et neuve.
"Espèces"
Le mot "espèce" est issu du latin classique "species" et désignait le "regard", "l'aspect" donc, l'apparence. Mais "species" est également la racine du mot "épice".
Au XIIe siècle, par l'intermédiaire des croisades, l'Occident découvrit les épices que l'on utilisait dans la cuisine du Moyen-Orient. C'est Aliénor d'Aquitaine qui, séduite par les goûts que les épices conféraient aux mets de ces contrées, en introduit l'usage en France. Entre autres, le sucre (considéré comme une épice), la cannelle et principalement le poivre étaient extrêmement onéreux et réservés à une catégorie de gens fortunés. Denrées rares et précieuses, les épices servaient donc fréquemment de monnaie d'échange.
C'est vers la fin du XVe siècle, que le mot "espèce" prit en français le sens de pièce d'or ou d'argent.
Notons qu'au XVIIe siècle, selon la région où l'on vivait "payer en espèces" signifiait payer par tout autre moyen qu'en argent.
En espèces "sonnantes et trébuchantes"
Cette expression tire son origine et prend tout son sens à partir d'une autre expression qui l'a précédée : "Le bon aloi", expression certifiée dès le XIIIe siècle.Lorsqu'un roi voulait frapper des quantités de pièces de monnaie tout en n'y mettant pas une fortune en métaux précieux, il lui était facile de fausser les proportions et ainsi, de mettre en circulation des pièces de mauvais aloi (ou mauvais alliage) ne respectant pas la teneur d'argent ou d'or normalement prévue.
Pour vérifier leur aloi, les pièces de monnaie, lors de leur échange ou de leur dépôt, étaient donc soumises à deux épreuves :
- La première en faisant résonner les pièces sur une surface dure – plus une pièce sonnait et plus elle était pure. La pièce de monnaie était qualifiée de "sonnante" lorsqu'elle ne contenait pas de vil métal : pour une oreille avertie elle tintait de façon reconnaissable. Cette méthode empirique sera complétée un peu plus tard avec l'apparition d'une autre méthode : l'épreuve du "trébuchet".
En effet, les pièces de monnaie s'usaient pendant leur durée de vie et parfois certaines gens peu honnêtes grattaient les pièces pour en récupérer un peu de poudre d'or. Pour que la pièce ait le même poids moyen pendant toute sa durée d'usage, on lui donnait une surcharge à sa fabrication (frappe), surcharge qu'elle perdait peu à peu au cours de son passage de main en main. Cette surcharge était mesurable avec un "trébuchet". Le trébuchet, apparu au XIVème siècle, était une petite balance à plateaux servant pour la pesée de petits poids d'or, d'argent ou des bijoux.
Une fois déclarée "sonnante", on vérifiait donc ensuite si cette espèce était également trébuchante, c’est-à-dire si elle avait encore le "trébuchant".
C'est donc l'usage combiné de ces deux méthodes qui donna jour à l'expression "espèces sonnantes et trébuchantes" désignant des pièces authentiques, neuves ou presque.
Autrefois, on parlait aussi de personnes de bon ou de mauvais aloi suivant qu'elles étaient de condition sociale élevée ou basse, respectivement.
Au fil du temps et loin des "espèces sonnantes et trébuchantes", "aloi" est resté jusqu'à nos jours synonyme de "qualité" ou "d'authenticité.
"Faire le pied de grue"
Par chercheursdeverites Le 25/09/2014
Connaissiez-vous l'origine de l'expression "Faire le pied de grue" ?
À l'instar de ces grands oiseaux des marais qui parfois s'endorment en levant une patte tout en reposant sur l'autre, la grue est le surnom que l'on donne depuis 1415 aux dames faisant commerce de leurs charmes, adossées à un mur, un pied au sol et l'autre appuyé au mur et qui attendent le client.
Au XVIe siècle, le verbe "gruer" signifiait "attendre", et l'on disait "faire la grue" ou "faire la jambe de grue". C'est au XVIIe siècle que l'expression a été remplacée par "faire le pied de grue".
L'oiseau passant pour être une bête stupide, la grue étant souvent le terme usité pour désigner une personne idiote, "faire le pied de grue" équivaut donc à "attendre en ayant l'air un peu stupide".
"À tire larigot"
Par chercheursdeverites Le 22/09/2014
Connaissiez-vous l'origine de l'expression "À tire-larigot" ?
Dans le français populaire du XVe siècle, "tirer" ou "à tire" signifiait faire sortir un liquide pour le boire "sans arrêt, d'un seul coup" ("Quand le vin est tiré, il faut le boire"), et il existe un verbe analogue au verbe boire : "flûter".
L'expression "à tire-larigot" qui signifie "excessivement" viendrait-elle d'un amalgame avec l'ancienne expression "flûter pour un bourgeois" (la flûte à champagne n'est apparue que dans le courant des années 1930) et qui voulait dire "boire comme un trou" ? Aurait-on comparé une flûte à une bouteille ?
Le "larigot", à l'origine, était une sorte de flûte, un petit flageolet dont le nom en sa forme primitive était "arigot" ou "harigot" ; au cours du temps, l'arigot a donné "larigot" par contraction de l'article et du nom.
Le "larigot" dit "jeu de larigot" est également l'un des jeux les plus aigus de l'orgue français ; il produit un son similaire à celui de la flûte.
Mais de la flûte à l'orgue, il y a une cloche.
Une vieille histoire raconte qu'à Rouen, au XIIIe siècle, dans le clocher de la cathédrale se trouvait une très lourde cloche nommée "La Rigaud" ou "La Rigaude" ainsi nommée parce qu'offerte à la ville par l'archevêque Eude Rigaud. En raison de ses dix tonnes, elle était extrêmement difficile à mettre en branle et à faire sonner : l'effort à fournir sur les cordes était tellement intense, que les sonneurs très vite assoiffés buvaient souvent et beaucoup, pour se donner des forces ; d'où l'expression "Boire à tire la Rigaud" (connue également sous la forme "Boire comme un sonneur").
N.B. L’orgue est le plus ancien instrument à clavier de l'histoire ; c’est donc pour l'orgue et grâce à l'orgue que le clavier a été inventé. C'est au cours du IIIe siècle avant notre ère, à Alexandrie, que l’ingénieur Ctésibios met au point le premier orgue nommé "hydraule", à la faveur de ses recherches sur l’élasticité de l’air.
Chaque tuyau dispose d’une petite tirette rappelée par un ressort qui permet de faire entrer l’air et produire le son.
La cloche est l'un des plus vieux instruments sonores que nous connaissions : elle est née probablement, quant à son principe, à l'époque où l'homme sut, par le feu, durcir l'argile et constituer ainsi un vase qui se révélera "sonore" en le percutant. Les premières cloches métalliques remontent à l'âge du bronze. On a trouvé des traces d'utilisation des cloches en Chine, il y a 4 000 ans.
La plus vieille cloche de France classée monument historique est celle de Sidiailles (Berry). Elle date de 1239.
"Lune de miel"
Par chercheursdeverites Le 18/09/2014
L'usage ne s'en est généralisé qu'à partir de la seconde moitié du XIXe siècle.
Dans la langue française, le terme apparaît en 1747 dans l’œuvre "Zadig" de Voltaire : "Zadig éprouva que le premier mois du mariage est la lune de miel et que le second est la lune de l’absinthe." Il semble qu'elle ait été reprise de l’anglais "honeymoon", apparu bien plus tôt, dès 1546.
Mais pourquoi cette référence au miel ?
En réalité, il s’agirait d’une métaphore inspirée d’anciennes pratiques venant de tous les continents.
Le concept de "lune de miel" trouve ses origines dans la plus haute Antiquité. Il renvoyait à la période qui suivait les noces, soit un mois lunaire de 29 jours.
- Zoroastre (entre -1400 et -1000av. J.-C.), dans le "Zend-Avesta" (oeuvre qui lui est attribuée et qui est le livre sacré des Perses), utilise l'expression "lune de miel". Elle est donc connue de toute l'Antiquité.
- À Babylone, le père de la mariée devait offrir quotidiennement à son gendre le "mead", bière à base de miel. On appelait alors ce premier mois de mariage le "mois de miel". Le calendrier à cette époque était un calendrier lunaire. Par extension, l’expression est devenue "lune de miel".
- Les pharaons qui se mariaient buvaient également une boisson à base de miel et de propolis durant les 28 jours suivant leur mariage afin d'obtenir joie et bonheur.
- Les Chinois et les Indous consommaient du miel.
- Une ancienne tradition germanique consistait en ce que le couple ne boive que de l'hydromel pendant les trente jours suivant le mariage.
Ces substances étaient alors reconnues pour leurs vertus aphrodisiaques, favoriser la fécondité et apporter bonheur et douceur au jeune couple.
La période suivant le mariage apparaît comme un rite de passage durant lequel il faut rompre la routine et permettre au couple de fertiliser la relation, comme une parenthèse enchantée.
"En catimini"
Par chercheursdeverites Le 30/08/2014
Connaissiez-vous l'origine de l'expression "En catimini" ?
Le terme "catimini" qui signifie en "en secret, de façon discrète, en cachette" serait dérivé du grec "katamênia", "menstruation", les femmes de l'Antiquité se retirant au moment de leur état régulier. Le passage de a en i se serait fait sous l'influence du verbe catir "cacher". D'autres expressions nommant le "sang cataménial" font référence au sang lui-même.